Palais de justice de Lyon - Balance
© Tim Douet

Procès des bébés congelés : infanticide ou déni de grossesse

Audrey Chabot comparaît devant la cour d’assises de l’Ain à partir de ce vendredi. Cette mère d’un adolescent est poursuivie pour “homicides volontaires sur mineurs de 15 ans”. Elle avait noyé puis congelé deux de ses enfants, nés en 2011 et 2012. En 2005, elle avait déjà été condamnée pour infanticide.

Ce 24 mars 2013, le compagnon de cette serveuse de restaurant vivant à Ambérieu découvre dans le congélateur de son appartement le corps d'un nourrisson. Alertés par l'homme, les gendarmes découvrent un deuxième bébé congelé.

Noyés dans le bac à douche

Aussitôt placée en garde à vue, Audrey Chabot reconnaît les faits. Visiblement très abattue, elle explique avoir accouché à l'automne 2011, puis en 2012, de deux petits garçons. Elle avoue les avoir noyés dans le bac à douche. À l'époque, ne vivant pas avec le père des enfants, elle n'avait rien dit.

La jeune femme est en fait en état de récidive. Déjà, en 2005, elle avait été condamnée par la cour d'assises de l'Ain à 15 ans de réclusion criminelle. En 2002, elle avait accouché d'un bébé, né d'une union précédente, dans les toilettes. Avec l'aide de sa propre mère, elle avait dissimulé le corps dans une maison abandonnée. La mère avait d’ailleurs été condamnée à 18 ans de réclusion criminelle.

Pour elle, “elle n’avait pas le droit d’être mère”

Alors qu'elle était restée 8 ans en prison, la jeune femme avait bénéficié d'un aménagement de peine, justifiant d'un emploi et d'obligation de soins. Mais "elle s'est dit qu'elle n'avait pas le droit d'être mère, car elle avait tué son premier enfant, et elle a caché sa grossesse au père du bébé parce qu'elle pensait que si elle le lui révélait, il la quitterait", a expliqué son avocat, Me Jean-François Canis, du barreau de Clermont-Ferrand, interrogé par l’AFP. Le père des bébés, un technicien, s'est pour sa part constitué partie civile.

Selon Me Canis, sa cliente "n'avait plus aucun contact avec sa mère", avec laquelle elle avait entretenu dans le passé une relation "compliquée". Écrouée, sous antidépresseurs, à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas, Audrey Chabot dit "regretter son geste" et "a l'intention de dire la vérité" aux jurés, selon son avocat.

Pas moins de onze experts, dont six psychologues et psychiatres, ont été cités à comparaître par le ministère public. Des psychiatres qui la décrivent comme une femme "d'intelligence normale", présentant une "altération du discernement" mais "pas de maladie psychiatrique".

La notion de déni de grossesse

Lors de son premier procès, son avocate d'alors, Me Cécile Berton, avait plaidé le déni de grossesse. Mais c'était en 2005. Il y a eu l'affaire Courjault. En juin 2009, celle-ci a été condamnée à 8 ans de prison par la cour d’assises d’Indre-et-Loire pour un triple infanticide : elle avait congelé 3 bébés nouveau-nés alors que le couple résidait à Séoul, en Corée du Sud. L'affaire Courjault aura eu le mérite de faire connaître au grand public le déni de grossesse.

En France, il y aurait entre 800 et 2 400 cas par an de déni de grossesse. Seuls quelques-uns se terminent par un infanticide. Certaines femmes abandonnent aussi l'enfant, mais la plupart l'acceptent. Selon le professeur Israël Nisand, chef de service gynécologie-obstétrique au CHU de Strasbourg, le déni de grossesse concernerait une grossesse sur 500.

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