Un grand festival de ciné à Lyon en 2009 !

Il y a deux ans, le Grand Lyon a constitué un groupe de travail pour établir un cahier des charges. En juin, Gérard Collomb a missionné l'Institut Lumière. Depuis, nous procédons à une large concertation pour valider le cahier des charges et récolter des idées. On est en train de préciser vers quoi on va pour une première édition prévue en 2009.

Avez-vous enfin trouvé un concept original d'événement cinéma pour Lyon ?
Il faut en effet réfléchir à quelque chose d'original. Le paysage des festivals est saturé et la profession ne verrait pas d'un bon œil qu'on occupe le terrain de façon banale. On ne va pas faire un festival "cinéma & gastronomie" et encore moins se rendre ridicule à imiter les festivals existants ! Plutôt que d'être sur l'actualité, il vaut mieux penser à autre chose. Le cinéma est né à Lyon. Le patrimoine, c'est notre image. Ça doit devenir la conviction de tous. C'est joyeux et c'est vivant. Pourquoi dit-on "vieux films" - alors qu'on ne dit pas ça d'une chanson de Gainsbourg ou d'un roman de Fitzgerald !? Lyon peut devenir la ville accueillant l'avant-première mondiale de la copie restaurée de tel chef d'œuvre, connu ou méconnu !

On a parlé d'une fête populaire, d'un "prix Nobel" du cinéma, d'un événement patrimonial... Alors, qu'est-ce que ce sera ?
Aujourd'hui, nous sommes encore sur une perspective volontairement élargie. On pourrait commencer par une fête grand public, sans doute à la rentrée de septembre, pour lancer l'année cinéma à Lyon. Avec les exploitants, dans les salles mais aussi à la Halle Tony Garnier, on organiserait une sorte de marathon de bande-annonces des films qui vont sortir. Aussi une célébration joyeuse associant les écoles primaires de Lyon, pour emmener tous les enfants au cinéma tous les 19 mars, jour anniversaire du premier tour de manivelle des frères Lumière. Au cœur de tout cela, un "festival" qui aurait lieu pendant dix jours à l'automne, autour de l'amour du cinéma.

Et ce prix Lumière ?
C'est une idée qui nous tient à cœur depuis longtemps et qui pourrait être le point d'orgue de l'événement. A l'image des Nobel, l'idée est de célébrer un homme ou une femme de cinéma. Un cinéaste vient dans la ville natale de l'art auquel il a dédié sa vie pour y recevoir l'hommage du public, des médias et de ses pairs. Ce serait un acte de foi et d'admiration.

Qui pourraient être les premiers lauréats ?
On va créer une Académie Lumière pour ça. Imaginons qu'on donne les clés de la ville à Martin Scorsese ! On peut présenter ses films en présence de ses acteurs, produire un concert (il adore la musique)... Avec Almodovar, la ville entière deviendrait espagnole. Avec Coppola, c'est toute la famille qui débarquerait, dont sa fille Sofia et son neveu Nicolas Cage, mais aussi ses amis de la baie de San Francisco, lieu d'une incroyable vitalité créatrice. On pourrait projeter à la Halle Tony Garnier le Napoléon d'Abel Gance, dont le père de Coppola a signé la musique, organiser une grande dégustation de son excellent vin de Californie, imaginer un jumelage avec le Beaujolais... Il ne s'agit pas de rendre un hommage compassé et rétrograde, mais de produire quelque chose d'unique, de fulgurant, qui saisit toute la ville.

Allez-vous ouvrir votre carnet d'adresses, dans lequel figure le gotha du cinéma mondial : Lynch, Tarantino, Sharon Stone, etc. ?
La meilleure adresse de Lyon, c'est la rue du Premier-Film ! On le sait mieux depuis que David Lynch, Clint Eastwood ou Wong Kar-wai sont venus cette année en "pèlerinage". Les gens de cinéma sont fascinés lorsqu'ils découvrent que le cinéma a une origine. Quand Jamel Debbouze est venu présenter l'avant-première d'"Indigènes", il était émerveillé par les films Lumière, cette fois-là c'est lui qui était complètement bluffé !

Ce gros événement ne risque-t-il pas d'éclipser tous les petits festivals de cinéma qui existent dans l'agglomération, et qui attendent, légitimement, un soutien accru ?
Bien entendu, il faut définir une politique de soutien aux "petits" festivals. "Docs en court", par exemple, est une manifestation essentielle, et il y en a d'autres ! Ces festivals doivent croire en leur avenir. On ne doit pas désertifier le terrain, bien au contraire. Les aider à survivre, à solliciter l'aide du secteur privé fait partie de notre réflexion.

La création d'un événement cinéma figurait dans le plan de mandat de Gérard Collomb qui s'achève dans trois mois. C'est vraiment in extremis...
Un cliché lyonnais veut que cette ville n'ait jamais valorisé le cinéma. En fait, tous les maires ont fait quelque chose pour Lumière. Simplement ça prend du temps, à la lyonnaise. L'essentiel est qu'on passe à l'acte. Gérard Collomb a ouvert le Musée Lumière et permis qu'on acquiert la collection Génard. Sur le festival, c'est la première fois que cela devient une commande officielle ! Mais il faut à la fois désamorcer et combler beaucoup d'impatience ; c'est donc bien de s'être mis d'accord sur les principes généraux. Comme Dominique Perben soutient également la cause du cinéma, je ne vois pas les élections municipales tout remettre en cause... On se projette clairement dans le futur mandat. Quel que soit le futur maire, on espère qu'il poursuivra.

Vous avez été promu délégué général du festival de Cannes cet automne. Comment arrivez-vous à concilier toutes vos fonctions ?
Je n'ai aucune ambition de tout faire moi-même. Ma priorité, une grande partie de l'année, c'est le festival de Cannes. Et si ce projet est porté par l'Institut Lumière, qui s'appuie désormais sur une équipe solide, il s'agit déjà d'une aventure collective. A Lyon, il y a une communauté formidable d'exploitants (art et essai comme multiplexes), de producteurs, de cinéphiles, de petits festivals, d'institutions culturelles, de journalistes, etc. Il y a Rhône-Alpes Cinéma et l'industrie des jeux vidéos. Et le consensus autour du cinéma est réel. Des gens font déjà des offres de service ! Il faudra s'appuyer sur cette énergie. 2008 sera l'année pour prendre les décisions et préparer la fête.

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