Aux Célestins, Philippe Torreton jouera le texte bouleversant de Jean Genet, Le Funambule.
Il faudrait au moins deux ou trois pages pour simplement citer les rôles que Philippe Torreton a interprétésau théâtre aussi bien qu’au cinéma. Il est vrai que le comédien, formé à la Comédie-Française, bientôt sexagénaire (il est né le 13 octobre 1965, à Rouen) compte plus de trente-cinq ans de carrière à son actif. Il a joué Le Médecin malgré lui dans une mise en scène de Dario Fo en 1990. Depuis, travailleur infatigable, il a enchaîné les rôles. À titre personnel, sur grand écran, il nous est impossible d’oublier comment il avait su se glisser dans la peau du rôle-titre du film de Bertrand Tavernier, Capitaine Conan, en 1996.
Sur les planches, il a su imposer sa griffe aux plus grands personnages du répertoire : Richard III, Scapin, Cyrano, Galilée. Pour ce dernier rôle, c’est dans une mise en scène de Claudia Stavisky de la pièce de Bertolt Brecht, La Vie de Galilée, créée aux Célestins en 2020, qu’il l’a incarné. Il entretient en effet avec le théâtre sang et or un lien particulier, tant il y vient régulièrement. Rien d’étonnant à ce qu’on l’y retrouve en cette fin de saison.
Avec Le Funambule, un monologue qu’il joue et dont il signe aussi la conception et la mise en scène. Mais il ne sera pas seul ; il partage le plateau avec un musicien multi-instrumentiste, Boris Boublil, et un danseur, acrobate et fildefériste, Julien Posada. Logique puisque le texte de Jean Genet raconte la dernière journée d’un apprenti acrobate qui a décidé de mettre fin à ses jours. Cet homme c’est Abdallah Bentaga, avec qui il entretint une liaison intense, orageuse et passionnée.
Cependant l’auteur du Journal du voleur, de Notre-Dame-des-Fleurs ou encore des Bonnes, alors au faîte de sa gloire, considéré comme l’un des plus grands prosateurs français, raconte aussi son propre cheminement artistique, sa solitude malgré son succès international. Tandis que l’acrobate illettré, confié à un cirque par sa mère qui ne voulait pas le prendre à sa charge, lui, n’a que le corps pour exprimer ce qu’il est, ange ou démon descendu de son fil… Tout cela s’entremêle dans le texte de Genet, empreint de colère et de rage. Une partition bouleversante et poétique qui possède selon Philippe Torreton “un parfum de mort” et sur laquelle il a travaillé plus de trois ans durant afin d’en être le meilleur “passeur”.
Le Funambule – Du 6 au 10 mai aux Célestins