Red : Retraités Extrêmement Dangereux

Comédie réjouissante mais film d'action convenu, Red vaut surtout pour sa pléiade de vieux acteurs pris en flagrant délit de cabotinage dans la peau de retraités de la CIA.

Il fut un temps où la retraite était perçue comme un eldorado fait de doigts de pieds, certes arthritiques, mais en éventail, de voyages organisés au Vatican et de courses quotidiennes au Shopi aux heures d'affluence. Le bonheur. Mais on s'est rapidement aperçu qu'avec le temps, de plus en plus long pour atteindre l'âge légal, on allait surtout finir par s'ennuyer avec à peine 700 euros par mois. La solution : reprendre du service. C'est ce que fait Bruce Willis, certes un peu contraint et forcé, dans Red, comédie d'action adaptée d'un comics de Warren Ellis. Il faut dire que le fringant retraité Frank Moses qui "dragouille" au téléphone la jeune préposée de sa caisse de retraite (Mary-Louise Parker) avant de l'entraîner dans ses aventures, n'était pas guichetier à la poste mais agent de la CIA. Que des hommes en armes débarque chez lui en pleine nuit pour le dessouder : il casse tout et eux avec. C'est que la CIA veut sa peau pour une obscure raison : la sienne et celle de quelques anciens agents (on ne respecte plus nos aînés) avec lesquels il va donc mener l'enquête et tenter de sauver sa vieille peau. L'occasion pour le réalisateur Robert Schwentke de réunir une superbe brochette de vieilles ganaches pas mécontentes de s'adonner à l'activité la plus prisée des acteurs américains vieillissants (ou "syndrome Robert De Niro") : le cabotinage. A ce jeu là, John Malkovich, qui fut jadis un acteur d'une grande subtilité, éprouve l'élasticité de son visage, composant avec forces mimiques un ex-agent parano cramé par des décennies de LSD. On retrouve également, tous plus fringants les uns que les autres : Morgan Freeman, Helen Mirren ou Ernest Bornigne (La Horde Sauvage et... euh Supercopter) qui vient de fêter ses 300 ans.

Action sans saveur

La première partie du film, consacrée aux retrouvailles, est fort réjouissante car l'enthousiasme des acteurs et l'absurdité de la situation (ces zozos blagueurs ont jadis été des tueurs sanguinaires) jouent à fond la carte d'une comédie plutôt efficace qui ne se prend pas au sérieux. Et puis l'intrigue se déroule (complot, vengeance, secret d'Etat) de plus en plus plombée par l'action (fusillades, explosions ponctuées de punchlines) et le spectateur plonge peu à peu dans une forme de torpeur qui rappelle un peu mémé s'endormant devant les « 4 à la suite » de Questions pour un champion dans un vacarme catarrheux. Car c'est quand il se veut réaliste, sortant de sa veine cartoonesque aux situations pas crédibles pour un sou, que le film perd pied et rejoint la grande armée des divertissements d'action sans saveur avec séquences obligatoires, twists paresseux, et explosions forfaitaires. Dommage car ce film avait tout, sauf peut-être le réalisateur, pour être un Ocean's Eleven à la Maison de retraite. Dommage aussi car Bruce Willis fait toujours vachement bien les petits yeux et surtout se révèle parfait dans ce rôle de héros vieillissant mais toujours vaillant, comme la métaphore d'une carrière d'action man qui, à 55 ans, ne semble pas disposé à raccrocher les explosifs.

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