Andrew Manze © Chris Christodoulou

Orchestre national de Lyon : De pistolero baroco à maestro symphonico !

Certains programmes symphoniques ont ce petit truc en plus qui rompt avec la routine et déchaîne les passions. C’est le cas de ce triptyque audacieux proposé par le chef anglais Andrew Manze à la tête de l’Orchestre national de Lyon.

Certains ici suivent le chef d’orchestre Andrew Manze depuis plus de trente-cinq ans. Premier violon à l’époque de l’Amsterdam Baroque Orchestra de la légende Ton Koopman, le virtuose anglais, adepte de l’interprétation historiquement informée – sur instruments d’époque –, se taille au cours des années 90 une solide réputation au sein du groupe de pointe des solistes baroques. Sa fougue, le caractère tranché de ses lectures et son accointance pour des répertoires souvent spécifiques – le style “phantasticus” des sonates italiennes du XVIIe siècle rhapsodiques et délurées, notamment – le classent parmi les pistoleros les plus en vue de son temps. C’est qu’au-delà d’une virtuosité à toute épreuve, Manze dispose d’une vraie personnalité, d’une “vision”. Cette nature “trempée” le propulse tout naturellement vers la direction de son propre orchestre, l’Academy of Ancient Music, qu’il conduit depuis son poste de premier violon, donnant le jour à nombre d’enregistrements de référence pour le label Harmonia Mundi. Les distinctions pleuvent, les tournées s’enchaînent mais la consécration ne siffle pas la fin de sa quête.

Comme beaucoup de ses pairs, Andrew Manze a des vues sur les répertoires plus tardifs, romantiques, modernes, contemporains… Et c’est en tant que chef d’orchestre qu’il se lance au milieu des années 2000 dans la direction d’orchestre symphonique – sans pour autant délaisser le baroque. Invité à diriger certaines des formations les plus prestigieuses à travers le monde, sa carrière se renouvelle avec brio.

Et voilà que l’on retrouve le Britannique à la tête de l’Orchestral de Lyon pour un programme qui fera date.

Un programme cousu d’or

À l’affiche de ce rendez-vous unique, on retrouve trois œuvres à la fois très éloignées dans leur esthétique et leur époque et pourtant dialectiquement liées comme par enchantement au parcours polymorphe de Manze.

Si la Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis de Ralph Vaughan Williams s’inscrit dans une esthétique post-romantique du début du XXe siècle anglais, le fait que cette œuvre pour cordes se réfère à un compositeur de la Renaissance ne paraît pas anodin et le choix de cette mise en bouche résonne ici comme une évidence.

C’est également le cas en ce qui concerne le concerto pour clavecin Busoni’s Chickering de Gavin Bryars (commande de l’Auditorium-Orchestre national de Lyon et du Royal Liverpool Philharmonic Orchestra) présenté en création française. Là encore, on navigue entre les âges et les esthétiques avec cette œuvre contemporaine d’un compositeur, brillant lui aussi par le caractère atypique de sa démarche artistique, à la croisée des genres et des castes, mobilisant de surcroît le clavecin soliste – un instrument identifié par tous comme emblématique de l’ère baroque.

Pour parfaire ce menu de haute voltige, il manquait une œuvre phare, capable de transfigurer un programme audacieux en événement manifeste.

Autant dire que la Symphonie n° 5, en do mineur, op. 67 de Ludwig van Beethoven remplira ce rôle de manière indiscutable. En plus de constituer un des plus gros tubes de l’histoire de la musique classique, on se réjouit d’avance à l’idée d’envisager ce sommet de la littérature symphonique éclairé des lumières de Manze, autant eu égard à ses lectures bouillonnantes qu’à son background baroque dont on sait qu’il permet aujourd’hui d’appréhender la musique préromantique avec expertise et éloquence.

Beethoven, Symphonie n° 5, Gavin Bryars - Andrew Manze – Samedi 20 avril à 18 h à l’Auditorium

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