André Guittier en 2016 à Theizé - Représentation de l'Antigone mise en scène par Philippe Mangenot (Théâtre de l'Entre-Deux) -c- Michel Cavalca
André Guittier en 2016 à Theizé – Représentation de l’Antigone mise en scène par Philippe Mangenot (Théâtre de l’Entre-Deux) -c- Michel Cavalca

Mort d’André Guittier, figure du théâtre lyonnais

Nous avons appris hier le décès de l’ancien codirecteur, avec Michel Raskine, du théâtre du Point-du-Jour. Un acteur engagé du monde théâtral, qui fut aussi codirecteur du CDN du Nord, à Tourcoing.

Disparu à l’âge de 69 ans, André Guittier était devenu une figure incontournable du théâtre à Lyon, depuis sa prise de fonction à la tête du théâtre du Point-du-Jour en 1995, en association avec son ami, le metteur en scène Michel Raskine. À la suite de Jean-Louis Martinelli (quand le théâtre du Point-du-Jour s’appelait encore TOL, théâtre de l’Ouest lyonnais), ils ont dirigé la plus petite des grandes salles de Lyon durant dix-sept ans, jusqu’en 2012. Sans conteste, les plus belles années qu’a connues le théâtre du Point-du-Jour, avec des créations mémorables mises en scène par Michel Raskine (Max Gericke ou Pareille au même de Manfred Karge, L’Amante anglaise de Marguerite Duras, Les 81 Minutes de Mademoiselle A. de Lothar Trolle, La Danse de mort d’August Strindberg, Les Relations de Claire de Dea Loher…). Toutes incluaient dans leur distribution Marief Guittier, qui fut la compagne d’André et avec qui il eut une fille, Judith. Sous l’impulsion d’André Guittier et de Michel Raskine, la programmation était résolument tournée vers le théâtre contemporain. Des auteurs comme Jean-Luc Lagarce, Olivier Cadiot, Heiner Muller étaient à l’affiche, tandis que s’instaurait une concurrence parfois rude mais toujours stimulante avec le théâtre de la Croix-Rousse, alors sous la direction de Philippe Faure. Batailleur, déterminé, engagé politiquement (à gauche toute !) André Guittier défendait l’orientation et les choix de son théâtre aussi bien devant son public que dans les bureaux des organismes de tutelle. Il s’engagea aussi pour pousser la candidature de Gwenaël Morin, le moment de la succession venu.

André Guittier -c- P. Mangenot
André Guittier -c- P. Mangenot

André Guittier était un touche-à-tout du théâtre. Il en a connu tous les métiers : électricien, régisseur lumière, régisseur général, directeur technique. Sa rencontre avec Gildas Bourdet fut déterminante. Il fait sa connaissance en 1967 au Havre au sein de la compagnie Le Tableau Gris, qui devient professionnelle et prend le nom de La Salamandre en octobre 1969 (Michel Raskine et Marief Guittier en faisaient aussi partie). Quand Gildas Bourdet est nommé, en 1974, à la direction du centre dramatique national du Nord, à Tourcoing, il emmène André Guittier dans ses valises, qui en devient le codirecteur. Ils vont écrire les grandes heures de la décentralisation dans le Nord et connaître d’immenses succès, comme Le Saperleau créé en 1982 et présenté au festival d’Avignon. Au départ de Gildas Bourdet, en 1991, André Guittier reste à Lille ; il codirige le théâtre avec son nouveau directeur, Daniel Mesguich. C’est après la fin de l’aventure de La Salamandre, puis de la compagnie La Métaphore qui lui succède, qu’André Guittier, qui a toujours soif de théâtre, prend la direction du théâtre du Point-du-Jour avec Michel Raskine. La boucle est, hélas, aujourd’hui bouclée.


Merci à Philippe Mangenot pour les photos d'André Guittier qui illustrent cet article.

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