Lyon, ville de brouillard, une longue histoire

Le soleil se lève à Lyon, mais Fourvière et Croix-Rousse ont disparu. Un épais brouillard masque les collines pour ne se dissiper qu'en fin de matinée. À travers le temps, Lyon a toujours été une ville de brouillard(s). 

"Lyon est le pays de la boue noire et des brouillards épais. À Lyon un brouillard épais règne deux fois par semaine pendant six mois ; alors tout paraît noir, on n'y voit pas à dix pas de soi", dans Mémoire d'un touriste, Stendhal livre en 1838 un portrait peu reluisant de Lyon. Au même titre que d'autres auteurs depuis la Renaissance, il participe à l'image d’Épinal de Lyon ville de brouillard.

Pendant cinq siècles, Lyon sera une cité grise où dès l'arrivée de l'automne on ne voit plus à quelques mètres devant soi. Même l'un des symboles de la ville s'y est mis comme le rappelle Bruno Benoit dans le Dictionnaire Historique de Lyon, aux éditions Stéphane Bachès : "Guignol ne dit-il pas que son visage, comme celui de nombreux canuts, lui est donné par le lent travail d'érosion que notre brouillard opère ?"

Le(s) brouillard(s)

À l'origine, le phénomène météorologique lyonnais est le mélange de deux brouillards formés par des gouttelettes d'eau : celui qui remonte de la Saône et du Rhône, de couleur claire, et celui des marais des Dombes, plus jaune. Sous la révolution industrielle viendra un troisième plus foncé, rejeté par les usines qui se mêlera aux autres, puis un quatrième, noir, venu des poussières issues des cheminées des Lyonnais qui se chauffaient alors au charbon.

Au XIXe siècle, le jaune va disparaître avec l’assèchement des marais des Dombes, puis le gris foncé et le noir s’évanouissent quand les usines ferment ou vont vers le sud, et que le gaz remplace le charbon dans les maisons. Quant au brouillard blanc des fleuves, il va se faire plus rare avec la montée des températures en ville à cause des îlots de chaleur, puis du réchauffement climatique. Un autre, bien moins dense, tend désormais à s'inviter lors des pics de pollution en raison du manque de brassage d'air en ville. Ce brouillard est ainsi composé de particules fines qui stagnent sur la ville.

Dans tous les cas, Lyon ne pourra prétendre au titre de "capitale française de brouillard", comme le rappelle Météo France. En moyenne, on dénombre 42 jours de brouillard par an à Lyon, contre 82 à Limoges et 76 à Brest.

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