Notre sélection dans les galeries et musées lyonnais

Originaire de Grèce, basée en Isère, Komili expose à la galerie Valérie-Eymeric avec Face au paysage, un travail très original qui illustre sa fascination pour les lieux en devenir ou abandonnés (projets urbains, carrières…) qu’elle perçoit comme des paysages qui nous regardent et qu’elle peint, après les avoir photographiés, avec une palette de couleurs qui joue d’ombres et de lumières, du contraste entre ruralité et urbanité et qui révèle aussi l’imbrication entre l’organique, le minéral et le végétal. Des paysages étranges ou lumineux apparaissent ainsi sans que l’on sache vraiment si c’est la végétation qui envahit le lieu ou, à l’inverse, l’habitat qui se fond dans la nature. On aime les tons jaunes et orangés, le rouge brique comme l’ocre et le blanc de ces lieux inoccupés comme les dégradés bleu et vert d’une végétation qui nous invite au questionnement comme à la contemplation (jusqu’au 28 juin).

Musée dédié aux arts de la marionnette, le MAM-Gadagne donne carte blanche à la Compagnie à, spécialisée dans le théâtre d’objets qui mêle également marionnette, clown et comédiens. Les metteurs en scène Dorothée Saysombat et Nicolas Alline puisent dans leurs spectacles passés, révélant leur perception de l’humanité à travers des mises en scène insolites ou foutraques d’objets et figures hétéroclites. Le tout sans être didactiques et en nous laissant la possibilité de nous raconter nos propres histoires. Entre poésie, mystère et tragicomédie, ils évoquent le racisme, le colonialisme, la puissance financière sans oublier la valise immense dans laquelle est amassé un tas d’objets illustrant leurs tournées en France et à l’étranger, rappelant que le monde est un vaste chantier théâtral qu’ils ne cessent de parcourir (Carte blanche à la Compagnie à - Le rire, l’intime, le politique, jusqu’au printemps 2027).

Entre mode et rêve, entre femme et fauve, tel est le fil ténu sur lequel nous pose la galerie MC2M (Lyon 2e) avec Mano à Mano, une exposition où pour chaque œuvre deux célèbres photographes se sont unis : André Carrara, spécialiste de la photo de mode, connu pour son travail sublime autour du corps des femmes et Jan Gulfoss, peintre et photographe qui développe un travail avec des mises en scène théâtrales, poétiques et oniriques. Ils fusionnent ici leur langage artistique, Carrara apportant la sensualité de ses modèles et Gulfoss sa vision fantasmée de la nature et un bestiaire fantasmagorique pour élaborer ensemble de nouvelles narrations visuelles. Une exposition surprenante à ne pas manquer ! (Jusqu’au 16 juin.)

L’exposition s’annonce magnifique et on en reparlera, le musée des Beaux-Arts de Lyon propose une rétrospective de l’artiste François Rouan (81 ans) autour du thème de l’empreinte, qui parcourt son œuvre depuis les dessins aux motifs marbrés des années 1970 jusqu’aux œuvres plus récentes réalisées pour les futurs vitraux du grand réfectoire de l’abbaye royale de Fontevraud. À la fois peintre, vidéaste, photographe, il a déconstruit la structure traditionnelle du tableau pour ouvrir de nouvelles pistes, inventant notamment sous l’influence de Matisse et de ses gouaches découpées, ses célèbres toiles “tressées”. Plus de 140 œuvres seront présentées (peintures, dessins et photos). À noter, une rencontre avec François Rouan, le 27 juin, et une journée autour de ses univers, le 28 juin, avec ateliers, un concert exceptionnel des Percussions Claviers de Lyon mêlant les fugues de Jean-Sébastien Bach et la musique plus contemporaine de Steve Reich et la projection de certains de ses films (Autour de l’empreinte, du 30 mai au 21 septembre).