© Philippe Grollier

Festival Sens Dessus Dessous aux Subs : Hélène Iratchet, l’humour vertueux de la danse

Partant de la cyberlogistique et de l’ubérisation qui envahissent notre quotidien, Hélène Iratchet réunit trois personnages qui parlent de leur vie et de leurs rêves. Le tout enrobé d’un humour rare dans la danse !

Athlète de formation(coachée par l’entraîneur de Carl Lewis), danseuse, chorégraphe et vidéaste, Irène Iratchet a un parcours qui détonne d’autant qu’elle a fait de l’humour sa marque de fabrique, une approche rare dans le monde de la danse.

Passionnée de cinéma et d’art contemporain, elle élabore une esthétique du collage qui assemble des éléments disparates pour faire sens, convoquant au plateau de nombreux médiums comme la musique, la magie, la sculpture, les marionnettes…

Ses pièces se réfèrent souvent à des situations de cirque avec des costumes, des objets et des personnages qu’elle utilise pour élaborer un langage très plastique basé sur l’outrance et la transformation. “L’humour,nous dit-elle, est un super moyen d’être ensemble même si ce n’est pas toujours facile à fabriquer, j’ai besoin de rire de moi, je ne sais pas d’où ça vient mais c’est peut-être un moyen de survie. L’époque et les situations qu’on traverse ne sont pas évidentes et j’ai l’impression qu’essayer d’en rire me sauve un peu.”

© Philippe Grollier

Dans sa nouvelle création, Les Délivrés, elle interroge la cyberlogistique et l’ubérisation qui envahissent nos vies et accroissent le travail précaire. La forme est un trio avec une mère et sa fille (qu’elle interprète) répétant un spectacle inspiré de leur idole, le grand chorégraphe William Forsythe, mais qui sont sans cesse interrompues par les livraisons d’un coursier.

“Ce phénomène de livraison est devenu puissant dans la plupart des villes d’Europe et des pays développés et j’en ai vraiment pris conscience pendant le confinement où, en bas de chez moi, à Saint-Étienne, les seules personnes que je voyais dans la rue étaient celles qui livraient de la nourriture, et c’étaient souvent des Afghans et des Pakistanais. J’aurais bien aimé travailler avec l’un d’eux car finalement ce sont aussi des danseurs mais c’était trop compliqué à mettre en place.”

Du sociétal à l’intime

Si le point de départ est un sujet sociétal qui l’interpelle, la chorégraphe refuse de faire de sa pièce un exposé sur la société de consommation, l’utilisant surtout pour évoquer un sujet plus émotionnel et autobiographique : la question des relations familiales, la relation à la mère avec laquelle se crée un dialogue pendant les répétitions.

“En abordant ce sujet, je cherche aussi du commun avec le public, à dialoguer de la manière la plus large possible avec des situations qui sont universelles ou auxquelles on peut s’identifier. Je souhaite toucher le public avec ce qui part vraiment de moi. La danse contemporaine reste malgré tout un art qui, même s’il a évolué, est souvent considéré comme élitiste et mystérieux. Je n’ai pas envie que mon travail soit hermétique mais ouvert. Le choix de Forsythe vient du fait que son écriture me passionne et que sans background classique, je reste émerveillée par ce maître que je serais incapable de danser, cela m’amène aussi à traiter la question du rapport à l’admiration.”

Construite à partir d’une dramaturgie alternant des situations poétiques et réalistes, la pièce enchaîne des scènes rythmées et délirantes, avec des moments de danse pure et une gestuelle proche du quotidien où chaque personnage éprouve sa vie et ses rêves. Hélène Iratchet libère sa danse dans un champ d’exploration fait de langages multiples, revendiquant sa pièce comme un divertissement avec une dimension vertueuse et de partage…


Les Délivrés de Hélène Iratchet – Du 21 au 24 février, aux Subs (dans le cadre du festival Sens Dessus Dessous)


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