Daybreakers : nos jours sont plus beaux que vos nuits

En plaçant les vampires au sommet de la chaîne alimentaire, Peter et Michael Spierig, parviennent à revisiter un genre qui virait au mièvre voire au burlesque dans un film de science-fiction à budget modéré qui relègue Twilight au rang de teen movie.

Plutôt une bonne surprise, Daybreakers, qui s’annonçait comme un ultime nanar sur le thème des vampires, se révèle, au final, véritablement surprenant. Une série B qui aurait mérité une rallonge de quelques millions de dollars pour s’inscrire au panthéon du film de SF. Les réalisateurs ne nous épargnent pourtant aucun cliché du quotidien plutôt nocturne des suceurs de sang. Totalement allergiques aux ultraviolets et à l’ail, du genre à ne pas se refléter dans les miroirs et à fuir les pieux, les vampires à la « mode Spierig » s’inspirent directement de la tradition du père (littéraire) de Dracula : Bram Stoker.

Des codes utilisés sans parcimonie pour mieux être détournés dans l’univers imaginé par les deux frangins, déjà connu pour avoir revisité en 2004 le petit monde des zombies dans Undead. Ici, les vampires, pas regardants sur les modalités de conversion et plutôt costauds, ont enfin compris qu’ils pouvaient prendre le contrôle du monde et reléguer l’humanité à l’état de distributeur d’hémoglobine. Et ils ne se sont pas fait prier.

De l’épouvante à la science-fiction

Le film débute en 2019. Le règne vampirique est établi et cette nouvelle populace, organisée sur le modèle de nos sociétés capitalistes, compte son lot de chefs d’entreprises, de banlieusards, d’exclus et de Starbucks. Mais à trop consommer, le vampire commence à sérieusement manquer d’humains pour s’alimenter et le sang est devenu une denrée aussi précieuse qu’indispensable à la survie de l’espèce.

Reste à trouver un substitut ou un nouvel élevage pour éviter la révolte du petit peuple qui, à défaut de demander du pain ou de la brioche, aurait bien besoin d’une petite transfusion. Le propos politique est donc bien présent dans ce long-métrage qui a su, sans un budget pharaonique, installer un véritable univers dans un futur proche adapté aux habitudes et autres petites manies nocturnes des vampires.

De la science-fiction au film d’action.

Le décor plutôt joliment planté, le film s’enlise alors dans une action sans grand relief malgré quelques trop ponctuels sursauts d’orgueil des deux réalisateurs, finalement assez doué pour immortaliser les massacres. Mené par un Ethan Hawke un peu lisse en créature de la nuit sympathique et un Willem Dafoe qui confirme qu’il n’est plus que L’ombre du vampire qu’il incarnait en 2000 dans le film de E. Elias Merhige, il manque sans doute un casting plus musclé et une bonne demi-heure à Daybreakers pour donner plus d’épaisseur à ce divertissement pour public averti.

Comme toute bonne série B, les réalisateurs, qui auraient conçu eux-mêmes une bonne partie des effets spéciaux du film, n’ont pas bénéficié d’un budget à la hauteur de leurs ambitions. Mais, astucieux, les frères compensent certaines carences par une réalisation énergique et sanguinolente. Plaisant mais insuffisant.

Du jamais vu, du déjà lu

Si la trame de Daybreakers est totalement inédite au cinéma, d’autres champs artistiques ont déjà abordé le thème d’un univers dominé par les vampires. En 1998, le scénariste Belge de bande dessinée Jean Dufaux s’attaque au mythe à travers les quatre tomes de sa série Rapaces (édité chez Dargaud), un roman graphique charnel, sublimé par le trait toujours plantureux du dessinateur Italien Enrico Marini.

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