Biennale de la danse : la fascinante danse des oiseaux de Luc Petton

Programmé pour la première fois à Lyon dans le cadre de cette Biennale (mais il sera reprogrammé en février prochain à la Maison de la danse), le chorégraphe Luc Petton nous a offert un spectacle où la danse des oiseaux égale celle de l’homme. Superbe !

Pièce pour 4 danseurs et 30 oiseaux, La Confidence des oiseaux est une des belles découvertes de cette Biennale. Passionné par les oiseaux depuis l’enfance, c’est à partir de 2000 que Luc Petton décide de réaliser son projet de danse avec des oiseaux (corneilles, geais, pies, étourneaux, calopsittes) qui lui permet d’entamer un long travail accompagné de danseurs et d’oiseleurs.

Le résultat est fascinant, car il se pose dans une écriture très équilibrée qui dessine un espace de liberté, à l’intérieur duquel l’oiseau a autant son propre royaume que l’être humain. Entourée par la musique – spatiale et rythmée – jouée en direct par le saxophoniste Xavier Rosselle, la danse des uns et des autres est faite d’une rare délicatesse et d’un étonnant respect mutuel. Oiseaux et danseurs sont bel et bien à l’écoute les uns des autres. S’ils ont tous leur part de chorégraphie de manière indépendante, ils sont aussi dans une écriture qui leur fait se répondre, créant ainsi une véritable osmose, déployée au-delà de l’espace scénique.

Entre ciel et terre, on sent dans ce spectacle l’envie de nous raconter une autre histoire, celle d’une humanité apaisée, sans hiérarchie, avec cette idée toute simple qu’il n’y a pas d’espèce – qu’elle soit humaine ou animale – plus intelligente qu’une autre, et que les territoires de vie appartiennent à tous et dans le même temps.

Une poésie surprenante

La poésie de cette pièce nous surprend véritablement. Quand les oiseaux viennent vers nous, dans une grande envolée, puis repartent à l’intérieur de cette boîte noire qu’est la scène ; quand ils entourent les danseurs et décident selon un tempo précis de s’élever vers eux, à la manière d’un danseur qui va vers un autre danseur. Il est aussi surprenant de les voir marcher sur le sol, d’aller d’un espace à l’autre, comme guidés par leurs propres pensées.

Luc Petton réussit à faire en sorte que les danseurs ne soient pas des faire-valoir, et leur danse a tout autant de sens que celle des oiseaux. En trio, en quatuor ou en duo, leurs corps sont parfois dans une gestuelle animale, presque tribale, à l’image de ces oiseaux qui se reconnaissent entre eux. Leurs corps parfois se plient telles des ailes, traversent l’espace dans la sinuosité, s’imposent en des lieux feutrés par des mouvements puissants, précis et réalisés avec une belle élégance. Puis, vers la fin, il y a cette scène magnifique avec ces femmes alanguies au sol, un plateau rempli d’eau posé devant elles. Les oiseaux sont autour, à côté, mais aussi sur leurs contours féminins, allant de l’eau à la chair, révélant leur sensualité. De ce groupe à l’étrange composition, s’échappe une femme dans un doux solo, tournoyant sur le sol mouillé. Extraordinaire !

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Luc Petton (compagnie Le Guetteur) présentera “Swan”, sa création 2011, du 7 au 10 février, à la Maison de la danse.

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