Bruno Galland, directeur des Archives départementales et métropolitaines de Lyon
Bruno Galland, directeur des Archives départementales et métropolitaines de Lyon

Bannières : un art populaire à découvrir aux Archives ​départementales

Bruno Galland, directeur des Archives du Rhône, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Une exposition aux Archives départementales et métropolitaines de Lyon met en lumière un patrimoine méconnu : les bannières civiles et religieuses.

Du pressoir de Condrieu aux locomotives de L’Arbresle, en passant par les lyres des fanfares, l’exposition Bannière, visible jusqu’au 28 juin aux Archives départementales et métropolitaines de Lyon, offre un panorama inédit sur ces objets textiles porteurs d’identité collective.

Invité de l’émission 6 minutes chrono de Lyon Capitale, Bruno Galland, directeur des Archives, revient sur cette exposition originale. "On donne à voir de nombreuses bannières de types très différents : des bannières de procession, de fanfare, de secours mutuel, des bannières religieuses également, qui illustrent toute la diversité de ce qui s'est fait dans cette catégorie", explique-t-il.

Loin d’être de simples accessoires, les bannières racontent des histoires de territoires, de foi, de solidarité et de fierté locale. Contrairement au drapeau, qui flotte sur un mât, "une bannière est un morceau d'étoffe brodé suspendu par le haut, souvent richement orné, et qui marque l'identité de ceux qui défilent derrière elle", précise l’historien.

Lyon, terre de bannières

Si l'on retrouve des bannières dans toute la France, Lyon offre un terrain particulièrement fertile pour leur étude. "D’abord, on a ici l’art de la soie, du tissage, de la broderie, qui permet de produire de très belles œuvres. Ensuite, au XIXe siècle, il y a eu un essor des fanfares et une forte sensibilité religieuse, deux vecteurs importants pour la fabrication de bannières", souligne Bruno Galland.

Certaines pièces ont même été conçues en lien avec l’actualité de leur époque. "Il y a des bannières dédiées à la Vierge, créées au moment de la reconnaissance de l’Immaculée Conception", raconte-t-il. D'autres incarnent des réalités économiques locales, comme celles représentant un pressoir à Condrieu ou une locomotive à L’Arbresle, témoignant de l’implication des corporations civiles.

Le public pourra découvrir une quarantaine de bannières sélectionnées pour leur qualité esthétique, la variété de leurs usages et leur ancrage territorial. "On a voulu équilibrer entre bannières religieuses et civiles, et entre les différents types de sociétés qui les portaient", précise Bruno Galland.

L’exposition est accessible gratuitement, avec la possibilité de visites guidées. "C’est une exposition pensée pour tous, même pour ceux qui ne connaissent rien aux bannières", insiste-t-il.


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale aujourd'hui. On va parler de culture, on va parler d'une exposition qui s'intitule Bannière. Elle se trouve aux archives départementales et métropolitaines, au sud de la gare de la Part-Dieu. Et pour en parler, nous recevons Bruno Galland, qui est le directeur des archives départementales et métropolitaines. Bonjour Bruno Galland.

Bonjour.

Merci d'être venu sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet. Est-ce que d'abord vous pouvez nous dire ce que vous donnez à voir dans cette exposition, dans les grandes lignes ?

Cette exposition donne à voir de nombreuses bannières de types très différents : des bannières de procession, de fanfare, de secours mutuel, des bannières religieuses également, qui illustrent un peu toute la diversité de ce qui s'est fait dans cette catégorie.

Alors comment est-ce que vous avez choisi vos pièces ? Et puis est-ce que vous pouvez nous dire un petit peu ce que c'est qu'une bannière, peut-être par rapport à un drapeau notamment ? Ce n'est pas un mot qu'on entend souvent, on ne voit pas des bannières tous les jours.

Oui, alors on peut voir des bannières à Lyon quand il y a, par exemple, la fête des bannières au mois de septembre ou bien les processions des Pennons. On en a vu pour les Fêtes Renaissance qui avaient lieu le week-end dernier. Une bannière, c'est un morceau d'étoffe brodé, mais qui se tient par une hampe suspendue par le haut, alors qu'un drapeau va être suspendu à un mât sur le côté. Et on trouve des bannières principalement du XIXe siècle, mais on en a eu dès le départ au Moyen Âge pour diriger des armées. Puis on a commencé à avoir des bannières religieuses à l'époque de la Réforme pour marquer l'identité des congrégations.

Et est-ce qu'il y a aussi des bannières civiles ? J'imagine que le religieux n'a pas le monopole de la bannière ?

Le religieux n'a pas le monopole de la bannière, même si on en conserve beaucoup. Mais au cours du XIXe siècle, les fanfares vont se doter de bannières qui vont permettre d’illustrer leur identité. Les sociétés de secours mutuel vont en avoir également, les sociétés de gymnastique aussi. Il va donc y avoir tout un développement de la bannière au cours du XIXe siècle.

Est-ce qu'on peut dire qu'il y a une symbolique qui est différente de celle du drapeau ? Ou qu'il y a une autre fonction, une autre utilisation ?

Ah oui, c’est très différent. La bannière, il faut vraiment qu’il y ait un dessin brodé qui marque l’identité de ceux qui défilent derrière. Par exemple, pour une bannière de fanfare, on peut trouver une lyre, mais aussi des symboles qui illustrent la commune à laquelle la fanfare appartient. Pour une bannière religieuse, on va avoir un saint particulier, etc.

Vous en avez parlé un petit peu : est-ce qu’il y a une histoire à Lyon des bannières ? Vous avez parlé des Pennons, la fête des bannières aussi. Est-ce que nous sommes sur un territoire où il y a un savoir-faire local, marqué, sur ce domaine précis, un peu niche peut-être, des bannières ?

Alors on trouve des bannières dans toute la France, mais c’est vrai qu’à Lyon, on a deux raisons qui rendent les bannières particulièrement intéressantes. D’abord, on a l’art de la soie, du tissage, de la broderie, qui fait qu’on a de très belles œuvres d’art. Et puis on a, au cours du XIXe siècle, un développement de fanfares particulièrement important, et une sensibilité religieuse qui va entraîner le développement d’un certain nombre de bannières religieuses.

Oui d’ailleurs, on peut rentrer un tout petit peu dans le détail. Je crois qu’il y en a certaines de la Vierge au moment de la reconnaissance de l’Immaculée Conception. On sait que des bannières ont été faites en région lyonnaise, qui étaient aussi en lien avec l’actualité presque.

Ah mais bien sûr ! C’est ça que moi j’aime bien dans les bannières : il y en a qui sont en lien avec l’actualité, et puis il y en a qui vraiment incarnent le territoire. Par exemple, dans la région de Condrieu, sur les bannières, on va voir un pressoir. Mais dans des régions autour de Tarare, on va plutôt avoir les instruments qui permettent de tisser, de broder. Et à L’Arbresle, par exemple, vous avez un syndicat de l’Union des chemins de fer. On va avoir la reconstitution sur la bannière d’une magnifique locomotive dont la compagnie des chemins de fer de L’Arbresle était particulièrement fière.

Donc il y a une appropriation aussi par les entités civiles de la bannière, qui était dans l’histoire religieuse, on peut le dire ?

C’est un peu court, je dirais qu’elle est d’abord féodale au Moyen Âge, et ensuite effectivement, à partir de la Réforme, elle devient principalement religieuse. Il y a effectivement un développement des bannières.

On va quand même parler aussi de l’exposition. Comment ont été choisies les pièces ? Est-ce qu’il y a un fil rouge ? Quels ont été les critères dans les grandes lignes ?

Alors on a voulu à la fois des critères esthétiques – vous avez des bannières sur fond blanc, sur fond grenat, sur fond vert – donc on a vraiment voulu montrer la diversité des savoir-faire. On a voulu également équilibrer entre les bannières religieuses et les bannières civiles. Et à l’intérieur des bannières civiles : les fanfares, les sociétés gymnastiques… On a voulu que ce soit beau à voir, que ça montre également la diversité des territoires, et que ce soit équilibré par rapport à la richesse du département du Rhône et de la Métropole de Lyon.

Est-ce que vous avez un coup de cœur personnel, en toute subjectivité ?

J’aime beaucoup la bannière de l’Union catholique des chemins de fer de L’Arbresle, parce que j’aime beaucoup la locomotive qui est représentée sur cette bannière. Et puis j’aime bien l’alliance du religieux et du civil, puisque vous avez à la fois le Sacré-Cœur en haut à gauche de la bannière, et les armes de la commune de L’Arbresle.

Voilà, donc c’est à retrouver dans l’exposition, qui se tient – je le répète – jusqu’au 28 juin. Il y a de nombreuses visites guidées.

Tout à fait. Il est parfaitement possible de demander, rien que sur notre site internet. Il y a des visites guidées, on s’inscrit et on peut les baliser.

D’ailleurs, est-ce qu’on peut venir si on n’y connaît pas grand-chose ?

Ah écoutez, on a essayé de faire en sorte que ce soit le plus facile à découvrir pour ceux qui ne connaissent pas les bannières. Donc bien entendu, c’est une exposition qui est ouverte à tous, qui est gratuite. Alors on est ouverts aux heures d’ouverture des archives – donc c’est plutôt en semaine – mais le samedi 28 juin, on sera ouverts spécialement. Et puis il y a des conférences sur les bannières, vous pouvez retrouver tout ça sur notre site internet.

Et votre adresse postale, enfin où est-ce qu’on peut vous retrouver ? Où sont les archives ?

Alors les archives sont au 34, rue du Général Mouton-Duvernet. Le plus simple, c’est à côté de la gare de la Part-Dieu, et il y a une station de tram qui s’appelle Archives départementales.

Parfait, ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Bruno Galland d’être venu sur notre plateau présenter votre exposition.

Merci à vous.

Quant à vous, je vous remercie d’avoir suivi cette émission. Vous pourrez retrouver plus de détails sur l’actualité culturelle sur le site lyoncapitale.fr. Je vous dis à très bientôt.

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