Rentrée scolaire : des devoirs sans galère

Tous les élèves ont désormais repris le rythme des cours et ils ne vont pas tarder, si ce n’est déjà fait, à rapporter du travail à la maison. Car, même s’ils sont officiellement interdits en primaire depuis 1965, les devoirs font partie du quotidien des enfants. Mais quel doit être le rôle des parents ? Doivent-ils aider, s’impliquer, ou au contraire s’effacer ? Quelques conseils, du primaire au lycée, pour que “devoirs du soir” ne rime pas avec cauchemars.

En primaire : aider et apprendre à travailler

En réalité, la mesure de 1965 ne concerne que les devoirs écrits. Les leçons, poésies ou encore lectures ne sont donc pas proscrites. Outre le fait qu’ils soient réclamés par certains parents, les devoirs du soir – écrits ou non – ont plusieurs utilités.

Véritable lien entre l’école et les parents, les devoirs permettent de savoir où en est l’enfant. D’ailleurs, le fameux “Qu’est-ce que tu as fait à l’école aujourd’hui ?”, dit de manière informelle et non inquisitrice, a une double utilité. Cela permet d’une part de réactiver la leçon, mais aussi de montrer à l’enfant que l’on s’intéresse à sa journée d’école. En outre, les devoirs du soir représentent un temps d’imprégnation du travail réalisé en classe.

“L’élève doit apprendre par cœur sa leçon, la revoir plusieurs fois, et même la rabâcher, explique Florence, qui enseigne en CE2 dans une école lyonnaise. Ce qui doit être nécessairement fait à la maison. Les programmes scolaires étant extrêmement chargés, nous n’avons en effet pas le temps de nous appesantir sur chaque leçon. De plus, certains enfants ont besoin d’exercices d’application pour bien s’approprier les connaissances. La place des parents par rapport aux devoirs en primaire est extrêmement importante. Il s’agit non seulement d’aider l’enfant s’il en a besoin, mais aussi de lui faire réciter ses leçons, et de lui donner de bonnes méthodes de travail.”

En revanche, il ne s’agit pas d’y passer trop de temps, sous peine d’épuiser l’enfant et d’engendrer des conflits familiaux. En primaire, pas plus d’un quart d’heure, pouvant aller jusqu’à une demi-heure en CM2. Pour donner à son enfant les clés de l’autonomie, on lui inculque certains automatismes : se mettre au travail chaque soir dans le calme, apprendre ses leçons (même si ce n’est pas noté dans le cahier de textes) avant de faire l’exercice d’application, réviser pour les évaluations en plusieurs fois et surtout pas à la dernière minute... Ce qui permet d’ailleurs à l’enfant de ne pas se mettre trop la pression et de mémoriser les leçons durablement.

“L’idéal, c’est de s’adapter à l’enfant, en lui demandant s’il a besoin d’aide, recommande Florence. Certains ont besoin que leur parent/nounou/grand-parent... reste à leurs côtés tout le temps des devoirs. Pour les aider à revoir leur leçon ou à comprendre la consigne, pour leur donner un coup de pouce pendant un exercice... Le minimum, même si l’on rentre tard, est de vérifier que le travail scolaire a été fait, et surtout de faire réciter. En revanche, il ne s’agit pas de faire les devoirs à la place de l’enfant. Ni même de corriger.” On peut lui signaler qu’il y a des erreurs, voire l’aider à les chercher, mais pas plus.

L’important, c’est que l’enfant ait à terme compris sa leçon, pas qu’il ait tout juste ! L’enfant doit comprendre qu’il travaille pour lui, pas pour faire plaisir à la maîtresse ou à ses parents. “Si les devoirs deviennent un moment de tension, les parents peuvent faire appel à une association de soutien scolaire”, recommande l’institutrice.

Au collège : suivre le travail et développer l’autonomie

Le collège est une période charnière. Généralement, l’enfant arrive en 6e en ne sachant pas travailler seul. Et, en 3e, il doit être capable de gérer lui-même ses devoirs. C’est cette autonomie qu’il va falloir développer, même si les premiers jalons ont déjà été posés en primaire.

“Il ne s’agit pas d’intervenir, encore moins de travailler à la place de son enfant, préconise Marie, professeure de français dans un collège lyonnais. Mais plutôt de lui apprendre l’autonomie, et d’avoir un regard sur ses devoirs. C’est important de savoir comment son enfant travaille, dans quelles conditions, et tout simplement s’il fait ses devoirs ! L’enfant doit savoir qu’il n’est pas seul.” C’est bien d’imprimer un rythme régulier, en instaurant des rituels : on démarre tous les jours le travail à la même heure. De quoi aider ceux qui ont du mal à s’y mettre. On veille à ce que l’enfant travaille dans de bonnes conditions, au calme. On peut l’aider à établir un planning hebdomadaire avec les créneaux consacrés au travail, aux loisirs, aux copains...

Chaque semaine, on peut faire un point avec lui pour qu’il ait une vision globale de ses devoirs à venir, et l’inciter à anticiper, à s’avancer. On en profite pour faire des petites piqûres de rappel quant à l’apprentissage des leçons : s’assurer que la leçon est bien comprise, trouver la bonne méthode pour la mémoriser (écrire, réciter à haute voix...), la réviser en plusieurs fois...

“Si on est disponible, on peut faire le point avec son enfant le soir, recommande Marie. On lui demande : “Qu’est-ce que tu as à faire ? Ça va te prendre combien de temps ? Est-ce que tu peux t’avancer ?” On peut lui proposer de lui faire réciter ses leçons, s’il en éprouve le besoin.” Là encore, les devoirs ne doivent pas s’éterniser, et ne devraient pas dépasser une heure (1h30 en 3e).

“Certains pièges sont à éviter, prévient la professeure. Les parents ne doivent pas surestimer la valeur des devoirs, sous peine de mettre trop de pression à l’enfant. Ni être trop laxistes, ce qui dévalorise le travail scolaire. À proscrire également : se mettre dans la peau de l’enseignant, ce qui est source de conflit. Quant aux parents qui assistent trop leur enfant, voire font à sa place, ils le pénalisent en l’empêchant d’acquérir des méthodes et un savoir-faire.”

Que faire lorsque les devoirs deviennent problématiques ? “Il ne faut pas hésiter à prendre rendez-vous avec le professeur principal en présence de l’enfant, recommande Marie. Une simple rencontre suffit parfois à lui redonner confiance. On peut aussi faire appel à une tierce personne ou à un cours de soutien scolaire. Mais sur du court terme. Sinon, l’enfant risque de se laisser assister.”

Au lycée : une présence discrète et ponctuelle

Votre enfant entre au lycée, il est temps de lâcher du lest, tout en assurant une présence bienveillante. “Même au lycée, le rôle des parents est de savoir comment leur enfant gère ses devoirs, conseille Delphine, professeure de français dans un lycée lyonnais. On s’intéresse à ce qu’il fait, on lit ses copies, on l’aide à faire son planning de révision... On lui demande s’il a besoin d’aide. S’il n’y a pas de problème particulier, on le laisse gérer.”

À ce stade, le soutien des parents s’exprime aussi sous d’autres formes. En aidant son enfant à avoir une bonne hygiène de vie, pour qu’il tienne la distance. En installant un cadre propice au travail. En le soulageant un peu dans l’organisation à la maison. Ou en lui apportant un soutien moral en cas de baisse de régime. Pourtant, certains élèves rencontrent de réelles difficultés qui méritent que l’on s’y attarde.

“Quelques élèves arrivent au lycée en ayant encore des problèmes de méthodologie, déplore Delphine. Certains ne savent toujours pas utiliser leur livre, n’anticipent pas, n’apprennent toujours pas leurs leçons... Ils ont besoin d’aide mais, à cet âge-là, les parents ne sont pas les mieux placés. Certains lycées proposent de l’aide personnalisée ciblée méthodologie. Il existe aussi des organismes du type Cefem* qui, en quelques séances, peuvent régler le problème. Travailler en binôme peut aussi être une solution, si l’élève trouve un copain dont il va s’inspirer.”

* Centre européen de formation et d’enseignement méthodologique.

Un autre problème rencontré fréquemment au lycée : l’enfant n’arrive pas à se mettre au travail. Entre l’ordi, le portable et autres, toutes les excuses sont bonnes pour repousser le moment d’attaquer ses devoirs. “Certains établissements disposent d’une salle d’étude surveillée, souligne Delphine. Le lycéen peut aussi aller au CDI, dans les bibliothèques municipales, qui ont des salles de travail, autant de lieux favorables à la concentration. Sinon, à la maison, il ne faut pas hésiter à supprimer les sources de perturbation : lui faire mettre de côté son portable, débrancher la box...”

Si l’enfant a des problèmes de compréhension, il ne faut pas que son parent se transforme en professeur du soir. D’une part, pour éviter les conflits, d’autre part parce qu’au lycée le niveau monte d’un cran ! “L’aide personnalisée du lycée propose parfois des cours de soutien, rappelle Delphine. Sinon, on peut faire appel à une aide extérieure, en respectant certaines conditions : le coup de pouce doit être ponctuel, et il faut aussi être vigilant sur le niveau ou la pédagogie de la personne qui aide ! Il ne s’agit pas qu’elle fasse à la place du jeune, et que celui-ci ait l’illusion d’avoir compris.”

Cet article est paru dans le mensuel Lyon Capitale n°751.
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