Students gather outside a campus administrative building CROUS in Lyon on November 12, 2019 during a demonstration called by French students union Solidaires days after a 22-year-old student set himself on fire over financial problems. (Photo by PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Pour la rentrée 2023, "la situation actuelle va encore plus accentuer la précarité étudiante"

À l’approche de la rentrée, le Groupement des associations et élus des étudiants de Lyon (GAELIS) a établi pour la 12e fois le coût de la rentrée sur le territoire lyonnais. Sans grande surprise, le montant pour l’année 2023 augmente de nouveau et accentue encore une fois la précarité étudiante.

La précarité étudiante s’intensifie d’année en année. Pour en parler, Lyon Capitale a pu échanger avec Louison Brutus, la présidente du Groupement des Associations et Elus étudiants de Lyon Indépendants et Solidaires (GAELIS) . Dans son discours, le manque d’argent constitue chez les étudiants "une situation alarmante pour cette nouvelle rentrée". 

Lyon Capitale : Comment se définit selon vous la précarité étudiante ? 

Louison Brutus : La précarité fait peur. La question que l’on se pose tout le temps c’est comment les étudiants font pour terminer leurs études et pour quels sacrifices. Ils doivent parfois faire des choses a côté de leurs études, et notamment travailler pour pouvoir subvenir à des besoins essentiels. 

Lyon Capitale : Cette nouvelle rentrée 2023 va être de nouveau très cher pour les étudiants, vous parlez d’un budget de 2994,01 euros. Cela correspond à quoi précisément ? 

Louison Brutus : Nous calculons les frais spécifiques à une rentrée d’étudiant. Déjà, les frais de scolarité accompagnée des frais de logements, assurance, le dépôt de garantie représente des sommes très conséquentes. Pour rentrer dans une école, il y a aussi le matériel pédagogique et avec l’inflation, les prix sont de plus en plus élevés. Il y a aussi les frais de vie courante, ce qui concerne, l’alimentaire, le loyer, les transports ou encore la téléphonie. 

On a des revendications notamment au niveau des bourses il faut que la prochaine réforme prenne l’ensemble des dépenses des étudiants. Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de changement au niveau de la bourse et elle n’est plus adaptée. La bourse est calculée en fonction des revenus des parents et on pense toujours que l’étudiant à une aide de ses parents alors que non. 

Après une analyse de Gaelis, l’augmentation du coût de la rentrée est en moyenne de 4,11% et atteint 2994,01 euros. Dans son calcul, l’association comprend les frais spécifiques de rentrée avec les frais de scolarité (270 euros), le complémentaire de santé (290,40 euros), les frais de logements (833,97 euros) et le matériel pédagogique (261,99 euros). À côté des frais spécifiques de la rentrée, il y a aussi  les frais de vie courante. Le loyer concentre 627,17 euros, les repas au Restaurant universitaire représentent 66 euros. À cela s’ajoute le consommable (344,37 euros), la téléphonie et internet (63,48 euros) et les transports (67,13 euros). Même si les loisirs sont tout de même restreints, 37,13 euros sont aussi réservés à cela. 

Lyon Capitale : Après une enquête de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) pour cette rentrée l’augmentation de la vie étudiante est de 6,47%  plus importante soit 549,47 euros à l’année, qu'en pensez-vous ? 

Louison Brutus : Malheureusement, les étudiants se débrouillent avec leurs moyens. Il y a de plus en plus d’étudiants qui ont un travail à côté de leur étude. En plus de la perte d’énergie, cela va forcément impacter leur scolarité avec un manque de concentration. Des étudiants vont travailler la nuit et le matin, c’est compliqué d’assumer le cours. 

Lyon Capitale : Pensez-vous qu’il n'y a pas assez de logements Crous (étudiant) ce qui contraint les étudiants à mettre d'avantage d’argent dans un loyer plus cher ? 

Louison Brutus : Il y a une pénurie des logements à bas coûts. L’été, des étudiants et des parents viennent nous solliciter parce que nous avons un pôle "défense des droits". Ils ont peur de ne pas avoir un logement à la rentrée. On a aussi "un guide du logement" où il y a des références de logements sur lesquels des étudiants peuvent prétendre, mais parfois cela ne suffit pas. 

Lyon Capitale : Le chèque transport est toujours aussi important, comment faire pour limiter le budget déplacement des étudiants ? 

Louison Brutus : A Lyon, les étudiants boursiers ont un abonnement mensuel à 10 euros pour l’utilisation des transports. Mais il y a toujours la question des étudiants non boursiers qui sont eux aussi fortement impactés, notamment ceux qui sont à la limite d’être boursier. Il faut un réel tarif étudiant pour tout le monde. Pour la voiture, notamment avec la forte augmentation du prix de l’essence. Les étudiants vont aussi se restreindre à rentrer chez leurs parents. 

Lyon Capitale : Pour rebondir sur votre dernière phrase, la question de l’isolement rentre-t-elle en compte ? 

Louison Brutus : Effectivement, parfois des étudiants restent chez eux pendant les week-ends ou les vacances. Avec l’accumulation étude, job et manque d’argent pour se déplacer, cela ferme la porte à la sociabilité. Le fait d’être restreint d’un point de vue financier, les étudiants ne vont rien faire et dire non à leurs amis. 

Chez Gaelis, on met en place durant l’année scolaire, trois semaines appelées "Sort de ta piaule", où l’on va proposer des activités aux étudiants sur le territoire de Lyon. Pour lutter contre la précarité étudiante et contre l’isolement. 

Lyon Capitale : Justement que fait Gaelis fait pour venir en aide à ses étudiants, au-delà d’être un porte-parole ? 

Louison Brutus : On est effectivement un porte-parole et l’on discute avec les étudiants pour les comprendre et essayer ensuite de faire bouger les choses. On est une source de propositions comme par exemple la volonté de mettre des frigos solitaires dans les établissements supérieurs. 

Toujours sur la question de la nourriture, on a des locaux à Lyon où les étudiants peuvent avoir des produits d'alimentation et d’hygiène à des prix beaucoup plus abordables que de la grande distribution. On essaye d’enlever cette pression sur la question de la dépense alimentaire.

On a des revendications notamment au niveau des bourses il faut que la prochaine réforme prenne l’ensemble des dépenses des étudiants. Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de changement au niveau de la bourse et elle n’est plus adaptée. La bourse est calculée en fonction des revenus des parents et on pense toujours que l’étudiant à une aide de ses parents alors que ce n'est pas forcément le cas. 

Lyon Capitale : Pour 2022, le prix de la rentrée était de 2 875 euros en 2023 plus de 2 994 euros, 2024 va passer la barre des 3 000 euros ? 

Louison Brutus : Si cela continue, on sait que l’on dépassera largement les 3 000 euros. C’est inquiétant parce que les futurs étudiants vont être de plus en plus impactés et confrontés à des situations de grande précarité. 

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