L'aqueduc du Gier
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Patrimoine : où en sont les collectes de dons en Auvergne-Rhône-Alpes ?

De 49 384 euros collectés pour l'aqueduc romain à 150 euros pour le château Renaissance du Bon Repos, où en sont les dons des Français à la mission patrimoine orchestrée par le Lyonnais Stéphane Bern dans une région qui compte aujourd'hui près de 4 700 monuments classés ? Lyon Capitale fait le point en ce premier jour des Journées du patrimoine.

Tickets à gratter et nouveau loto. La première expérimentation de ce genre pour engager des travaux et sauver le patrimoine en péril est en cours. En parallèle, la fondation pour le patrimoine a lancé des appels aux dons pour des centaines de sites à travers la France. À 76 jours de la fin de cette collecte hors-norme, peu de projets sont d'ores et déjà financés à plus de 80% dans la région, quand la plupart ne sont pas encore parvenus à dépasser les 50%.

Rhône, près de 50 000 euros pour l'aqueduc romain

Le ticket semble gagnant pour la rénovation à Chaponost de l'aqueduc romain du Gier, qui a alimenté en eau la ville antique de Ludgunum dès le IIe siècle. La collecte de la fondation patrimoine atteint aujourd'hui 27% avec près de 50 000 euros de dons sur un total de 177 000 euros. Une journée dédiée à la reconnaissance nationale du site est organisée ce samedi à Chaponost avant la réception ce dimanche de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen. L'appel aux dons a également atteint 26% pour un second site du Rhône : la porte gothique du prieuré de Salles-Arbuissonas-en-Beaujolais. Sur les 24 000 euros nécessaires à la rénovation de cette porte du XVe siècle - entrée de l'actuel musée du prieuré - 6 240 euros ont été recueillis.

Porte gothique du prieuré des Salles Arbuissonnas en Beaujolais

Drôme, l'homme préhistorique dans le secteur troglodyte

Les pierres à l'origine des villes de Romans-sur-Isère et Valence ont été extraites de cette carrière. Le site troglodyte de Chateauneuf-sur-Isère semble n'avoir pas cessé d'être occupé depuis le passage attesté de l'homme préhistorique. La légende raconte même que l'eau d'une source située sur le site avait le pouvoir de guérir les aveugles, attirant au cours des siècles de très nombreux non-voyants. Menacé par des éboulements, le site a pu collecter 17 666 euros sur les 80 000 nécessaires à le sécuriser et à le réhabiliter. Un certain succès que n'a pas rencontré la première chapelle construite à Crest, dans la Drôme, en 1188. Pour l'heure, la collecte de 190 717 euros pour la chapelle des Cordeliers affiche un compteur à zéro.

Haute-Loire, la rénovation de l'église Sainte-Madeleine de Saint-Ilpize quasiment financée

L'Eglise Sainte-Madeleine, à Saint-Illpize

Pas d'appels aux dons pour les Grottes de Couteaux ou pour le pont de Lavoûte-sur-Loire. En revanche, le département de la Haute-Loire peut s'enorgueillir d'avoir récolté 87 % des 10 000 euros nécessaires à la réhabilitation de l'Eglise Sainte-Madeleine de Saint-Illpize. Les 190 habitants de la commune pourraient donc bientôt accéder de nouveau à cette église fortifiée de style gothique classée monument historique depuis 1820. Vestige du château médiéval situé à l’entrée de la vallée du haut Allier. En revanche, il reste du chemin à la commune de Leyvaux afin de restaurer son pigeonnier du XVIIIe siècle. Sur 15 000 euros nécessaires, il n'y a pour l'heure qu'un seul don à hauteur de 500 euros.

Les châteaux maudits de l'Isère ne font pas recette

Coup dur pour les châteaux de l'Isère. Le château de Bon repos à Jarrie, près de Grenoble, récolte pour l'heure 150 euros, soit 1% d'une collecte de 10 000 euros. Construit en 14 70 par Guillaume Armuret, ce château du début de la Renaissance domine le vallon avec ses quatre tours. Reste que depuis 1917, l'édifice n'a plus de toit suite à son effondrement. Avec 500 euros récoltés sur les 600 000 demandés, le Châtel de Theys est également en difficulté. Construit au temps des Rois Maudits, ce Châtel a été classé monument historique grâce à la grande salle de réception seigneuriale et à ses peintures murales. Des images qui racontent la découverte de la chevalerie par l'un des héros de la Table ronde et qui ne demandent qu'à être restaurées pour poursuivre leur voyage dans le temps.

Château de Bon Repos, à Jarrie.

En Savoie, le témoin authentique du bâti montagnard

Un cave voûtée de 1848 dédiée à la fabrication et à la conservation de tomes de vaches ou de fromages de chèvre. En Savoie, le Chalet du Tour à Montsapey est le seul témoin authentique du bâti montagnard de la vallée de la Maurienne. Mais pour que le projet d'y installer de nouveau un alpagiste se concrétise, il faudra de plus grandes finances, malgré des donations qui s'élèvent aujourd'hui à 17 700 euros. Pour réhabiliter l'historique chalet, la note est de 42 000 euros.

La dernière chaumière d'Ardèche est en peine

Avec des donations à hauteur de 2 600 euros, le chemin est encore long pour atteindre le total de 144 000 euros et restaurer la Ferme de Clastres, dernière chaumière au sein d'un village ardéchois, à Saint-Eulalie.  Même chose pour la maison des chevaliers, au sud de Montélimar dans la cité médiévale de Viviers. Cet hôtel particulier bâti en 1546 par Noël Albert est aujourd'hui en état de péril. Mais pour réaliser le projet d'en transformer une partie en gîte étape pour les cyclistes de la via Rhôna, il faut 227 000 euros. Et en cette première journée du Patrimoine, les dons s'élèvent à 1 645 euros.

La ferme des Clastres à Saint-Eulalie.

La chaussée oubliée du Cantal

Dans le Cantal, la rénovation de la chaussée de Vigouroux est financée à 30% grâce aux dons. D'une longueur de 150 mètres dans la vallée de l'Hirondelle, elle témoigne de l'ancienne route qui reliait au XVIIIe siècle les deux grandes villes du département : Saint-Four et Aurillac. Les dons s'élèvent aujourd'hui à 900 euros pour des travaux qui coûteront au total 3000 euros. Une restauration qui permettrait de rouvrir l'itinéraire à la randonnée. Toujours dans le Cantal, l'appel aux dons n'a pas été lancé pour le Château de Montvallat, tandis que le Buron de Cassaïre, témoin des transhumances laitières, a recueilli 15 euros sur les 1960 nécessaires à sa restauration.

Pas de dons dans l'Ain, la Haute-Savoie, l'Allier, la Loire et le Puy-de-Dôme

Château de la Chaux Montgros, Fort villageois de Mareughol ou Complexe de la Charité à Lavault Saint-Anne, dans l'Allier. Plusieurs autres sites ont été répertorié comme étant en péril s'ils n'étaient pas rénovés par Stéphane Bern et la mission patrimoine. Mais pour l'heure, ces lieux ne font pas l'objet d'appels aux dons et pourraient être financés par une partie des fonds obtenus par le loto du patrimoine et les jeux à gratter.

"L'équivalent de 135 kilomètres d'autoroute"

Avec 270 projets prioritaires et 2000 sites identifiés en France, la mission patrimoine confiée à Stéphane Bern se poursuit, espérant mobiliser les foules ce week-end lors des Journées du Patrimoine. Sur la totalité de la mission, le coût des travaux a été estimé à 2.5 milliards d'euros et pourraient créer ou maintenir 25 000 emplois. Sur ces 2,5 milliards, les besoins s'élèvent aujourd'hui à 810 millions d'euros, soit, comme le présente la fondation du patrimoine : "l'équivalent de 135 kilomètres d'autoroutes".

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