Iris Munsch, directrice artistique du Lyon BD Festival
Iris Munsch, directrice artistique du Lyon BD Festival

"On est de plus en plus dans une bande dessinée qui aborde des sujets sociaux" témoigne Iris Munsch

Iris Munsch, directrice artistique du Lyon BD Festival, est l'invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

20 ans. Le Lyon BD Festival souffle cette année ses vingt printemps. A cette occasion, pendant trois jours, du vendredi 13 au dimanche 15 juin, le festival de la bande dessinée de Lyon (dont Lyon Capitale est partenaire média) renoue avec son ADN, en faisant découvrir la BD étrangère aux visiteurs. Trois pays sont mis à l'honneur : le Brésil (Marcelo Quintanilha a signé l'affiche du festival), le Québec et des auteurs libanais, de Beyrouth et d'ailleurs.

Au total, une centaine d'auteurs feront le déplacement pour ce rendez-vous qui a attiré, l'année dernière, pas moins de 10 000 visiteurs à l'Hôtel de Ville de Lyon (mais aussi dans huit autres lieux : Opéra Undeground, Aquarium ciné-café, Musée des Beaux-Arts, Cité Musée Tony Garnier, Cinéma Comoedia, La Transbordeur, Maison de La Confluence, Fnac Bellecour).

Au menu : des rencontres et des dédicaces, moments phares de tout festival BD, mais aussi des ateliers, des expositions, des spectacles et des animations.

"La bande dessinée d'hier était une BD d’aventure, elle d’aujourd’hui a plus tendance à s’ancrer dans le réel."

En toile de fond cette année, les questionnements suivants : comment expliquer le succès de la BD documentaire ? Quelle place pour la BD chez les Young Adults ? Y a-t-il une rupture entre la BD d’hier et la BD d’aujourd’hui ? Faire de la BD en temps de guerre, un acte de résistance ?

"Ce qu’on peut constater, c’est que les autrices sont de plus en plus nombreuses, précise Iris Munsch, directrice artistique du Lyon BD Festival. On est de plus en plus dans une bande dessinée qui se raconte, une bande dessinée autobiographique, qui aborde des sujets sociaux, sociétaux, notamment le féminisme. On s’interroge donc sur le rapport entre la bande dessinée d’hier, qui était une BD d’aventure, et celle d’aujourd’hui, qui a plus tendance à s’ancrer dans le réel."

Lire aussi : Le Lyon BD festival de retour pour sa 20e édition du 13 au 15 juin 

L'affiche du Lyon BD Festival 2025 a été signée par l'auteur brésilien Marcelo Quintanilha

La retranscription intégrale de l'entretien avec Iris Munsch

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chronos. Nous accueillons aujourd'hui Iris Munsch. Bonjour. Iris, vous êtes directrice artistique du Lyon BD Festival, qui se tient les 13, 14 et 15 juin. C'est la 20ᵉ édition, à l'Hôtel de Ville de Lyon. Il y aura une centaine d'auteurs. Lyon Capitale est l’un des partenaires médias de ce festival, qui a attiré l’année dernière tout de même 10 000 visiteurs. Cette année, vous renouez, j’ai vu ça, avec votre ADN, c’est-à-dire faire découvrir la BD étrangère aux Lyonnais. Cela a toujours été l’ADN du festival. Pourquoi cela s’est-il éclipsé ?

Oui, alors cette année, ce qui est particulier, c’est que ce sont nos 20 ans, donc on tient à marquer le coup. On a trois pays qui sont mis à l'honneur : le Brésil tout d'abord, avec notamment la venue de Marcelo Quintanilha, qui est un auteur brésilien qui a réalisé notre affiche. Donc on participe à la saison croisée France-Brésil menée par l’Institut français. On a également invité plusieurs auteurs libanais, qui seront présents avec une exposition à l’Hôtel de Ville. Et puis le troisième pays mis à l’honneur, c’est le Canada, et plus particulièrement le Québec, où il y aura pas mal d’auteurs aussi qui seront présents. On a notamment une belle exposition au Musée urbain Tony Garnier autour de l’œuvre de Jean-Paul Eid.

Oui, c’est ça, parce qu’effectivement il y a le festival BD qui va se tenir dans l’Hôtel de Ville avec les dédicaces, ce qui sera quand même le moment phare du festival BD, forcément. Et puis il va y avoir des expositions, des projections de films, des ateliers, et aussi une journée professionnelle, organisée en collaboration avec le Syndicat national de l’édition. Il y a des choses intéressantes, par exemple des thèmes qu’on peut peut-être un peu évoquer. Aujourd’hui, quelle place tient la BD chez ce qu’on appelle les young adults, les jeunes jusqu’à 30 ans ?

C’est ça. En fait, la thématique principale de la journée professionnelle, c’est : comment la bande dessinée raconte-t-elle le monde ? On est partis sur plusieurs axes pour ça, notamment la bande dessinée chez les young adults. Comment lisent-ils ? Comment s’approprient-ils la bande dessinée, en dehors du manga évidemment, puisque c’est le genre de bande dessinée le plus lu par les jeunes. De quoi ont-ils envie qu’on parle ? Est-ce qu’on est plutôt dans la fiction, ou plutôt dans la bande dessinée du réel ? On va s’interroger un peu sur ces thématiques. On va également parler de la bande dessinée d’hier et d’aujourd’hui. En quoi les auteurs et notamment les autrices se sentent-elles ou non héritières de la bande dessinée qui a fait qu’aujourd’hui, presque tout le monde lit de la bande dessinée.

Est-ce qu’il y a eu une rupture entre hier et aujourd’hui dans la BD ?

C’est justement ce sur quoi on va s’interroger. Ce qu’on peut constater, c’est que les autrices sont de plus en plus nombreuses. On est de plus en plus dans une bande dessinée qui se raconte, une bande dessinée autobiographique, qui aborde des sujets sociaux, sociétaux, notamment le féminisme. On s’interroge donc sur le rapport entre la bande dessinée d’hier, qui était une BD d’aventure, et celle d’aujourd’hui, qui a plus tendance à s’ancrer dans le réel.

Dans le réel... Il y a notamment, sur ce plateau on en a déjà parlé avec d’autres personnes, par exemple sur le film documentaire. C’est quelque chose qui marche vraiment beaucoup, il y a une explosion du film documentaire. Est-ce qu’il y a aussi une explosion de la BD documentaire, ancrée dans le réel justement ?

Alors cette année, pas tout à fait, mais c’est un fil rouge qu’on peut retrouver dans toutes les expositions. Notamment autour de l’exposition de Marcelo Quintanilha, l’auteur brésilien dont je parlais, qui est très ancré dans le réalisme. Il décrit son Brésil, les rapports entre les gens, entre les générations. C’est quelque chose qu’on retrouve ici. On va également le retrouver autour de l’exposition sur le Liban, et dans l’œuvre de Jean-Paul Eid.

La BD, c’est un moment de détente, effectivement, mais c’est aussi une manière de raconter le monde, d’avoir un regard un peu différent. J’ai vu que sur le site du Lyon BD Festival, il y avait une invitation à faire des dons. C’est important de le préciser : c’est un festival gratuit, donc accessible à tout le monde. Justement, comment crée-t-on un festival gratuit ? Comment fait-on en sorte qu’il reste gratuit ? Finalement, ma question est : quel est le budget ? Avez-vous des subventions, des aides ?

Cette année, c’est seulement la deuxième année consécutive que le festival est gratuit. C’était une volonté, suite aux difficultés qu’on a eues après le Covid, et après des difficultés internes, de permettre à nouveau au festival d’être visible et visité par le plus grand nombre. Donc on souhaite qu’il reste gratuit, si possible dans la continuité. Mais comme toutes les structures culturelles, on est évidemment en difficulté face aux baisses de subventions. On est très aidés par la Ville, par la Métropole, et par la Région. On bénéficie également des aides des instances du livre, comme la CNL. Donc on a des subventions.

Quel est le budget du Lyon BD Festival

Alors, cette année, on est autour de 300 000 euros

300 000 euros. Et en aides, vous touchez combien ?

Presque tout. On a très peu de rentrées nous-mêmes, puisque notre activité principale, c’est le festival, même si on organise également tout ce qui se passe au Collège Graphique. Mais cela ne représente pas grand-chose en termes de rentrées financières pour l’instant. Le but, c’est vraiment d’essayer de faire en sorte que la bande dessinée, la lecture, soient accessibles à tous, gratuitement.

Ça fera un très bon mot de fin pour cette émission. En tout cas, je vous recommande vivement d’aller voir cette 20ᵉ édition du Lyon BD Festival, les 13, 14 et 15 juin, à l’Hôtel de Ville de Lyon et dans beaucoup d’autres lieux. Vous aurez évidemment plus d’informations sur notre site www.lyoncapitale.fr. À très bientôt. Merci beaucoup.

Merci à vous. Au revoir.

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