Laurent Garnier Lyon Nuits sonores
En mai 2005, Laurent Garnier fait sa première apparition à Nuits sonores, dans les Salins du Midi à Confluence. Un moment historique pour le festival, qui se voit offrir ses lettres de noblesse par le pape de la techno. (Crédit : Denis Chaussende)
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Nuits sonores : 20 ans de défrichage musical et urbain à Lyon

Né en 2003 sur un territoire hostile à la techno, mais soutenu par une municipalité désireuse de toucher la jeunesse, en 20 ans de fête, le festival de musiques électroniques a participé au défrichage urbain de Lyon, refaçonnant le rapport de la ville à la musique.

Bien malin l’oiseau de nuit lyonnais qui, au soir du 28 mai 2003, aurait pu prédire que Nuits sonores deviendrait une référence musicale à travers l’Europe. Pourtant, vingt ans après les premiers éclats de basses sortis de la Sucrière et à l’heure où le festival s’apprête à célébrer ses noces de porcelaine avec Lyon, la “success story” est totale. Des pentes de la Croix-Rousse, où il a été couché sur le papier dès 2002, à la pointe de la Confluence, où il a été adoubé par les plus grands DJ, en passant par l’hôtel de ville où un édile y a vu une opportunité politique, Nuits sonores a conquis la capitale des Gaules.

Lyon était la capitale de la répression anti-musique électronique"

Vincent Carry, directeur général d'Arty Farty

Lorsqu’en novembre 2002, un petit collectif composé de Vincent Carry, Agoria, Patrice Mourre, Violaine Didier, Frédérique Joly et Cécile Chaffard – les “filles d’Arty Farty” – toque à la porte de la mairie de Lyon avec son projet, les graines de la musique électronique poussent déjà depuis longtemps entre Rhône et Saône, où la scène locale est florissante mais vit cachée. “Lyon était la capitale de la répression anti-musique électronique. Il y avait une impossibilité de faire vivre cette scène alors que beaucoup de labels, d’artistes et de lieux étaient installés à Lyon créant un tissu local propice à faire naître un événement fédérateur”, se souvient Vincent Carry avec sa casquette de directeur général d’Arty Farty, l’association qui gère toujours le festival.

Lyon Nuits sonores
Première édition à la Sucrière. En 2003, pour sa première édition, le festival investit la Sucrière à la Confluence, la piscine du Rhône, les Subsistances ou encore l’Elac, accueillant 15 000 festivaliers du 28 mai au 1er juin. L’événement “dédié aux musiques électroniques, dans leur diversité et leur dimension de plus en plus transversale” est né. (Crédit DR Nuits sonores)

Le lien de Gérard Collomb à la jeunesse

Fraîchement arrivé à la tête de la mairie de Lyon passée aux mains des socialistes, Gérard Collomb flaire la belle opportunité et octroie dès sa première édition une subvention de 270 000 euros au festival. L’enveloppe est telle qu’elle fait grincer quelques dents dans le milieu culturel et l’opposition, mais le nouveau maire cherche, quoi qu’il en coûte, à séduire la jeunesse lyonnaise en cassant les codes. “Après les années Raymond Barre, il y avait un besoin de renouveau et Gérard [Collomb, NdlR] a utilisé cette veine d’une jeunesse à Lyon qui était lassée du conservatisme lyonnais. C’était l’opportunité de montrer que Lyon n’était pas qu’une ville figée autour de son patrimoine Unesco”, analyse l’ancien maire de Lyon, Georges Képénékian. Un temps proche de Gérard Collomb et de ses idées, au point de prendre la présidence de son comité de soutien à la veille des élections municipales de 2014, Vincent Carry admet volontiers qu’il fallait “un peu de courage pour accepter de soutenir un festival de musiques électroniques en plein centre-ville”.

J’ai toujours cherché les événements qui pouvaient faire rayonner Lyon et cela me semblait correspondre à l’évolution”

Gérard Collomb, maire de Lyon lors de la naissance du festival

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