Maroc : un Grenoblois condamné pour djihadisme, ses proches mobilisés

Le Français Thomas Gallay est en prison à Rabat au Maroc depuis février 2016. Il est accusé de "soutien financier à des personnes en vue de la commission d’actes de terrorisme". Mais son entourage n’y croit pas. Ses proches se mobilisent pour en finir au plus vite avec ce qu’ils estiment être une injustice. Une nouvelle audience est prévue demain à la Cour de justice de Rabat.

Thomas Gallay, 36 ans, est ingénieur dans une entreprise de micro-électronique basée à Grenoble. Nostalgique de son enfance sur le sol africain où travaillait son père et désireux de voyager, il obtient de son patron de travailler depuis l’étranger. En 2014, il s’installe donc au Maroc, à Casablanca, puis à Essaouira.

En février dernier, il se retrouve bien malgré lui au cœur d’une affaire de démantèlement d’une cellule terroriste, qui implique neuf autres personnes. Arrêté et incarcéré à la maison d’arrêt de Salé, près de Rabat, il est finalement accusé le 14 juillet 2016 de "soutien financier à des personnes en vue de la commission d’actes de terrorisme".

Ce que lui reproche la justice marocaine ? Avoir donné 70 euros à deux membres présumés de la cellule terroriste, dont un, Maalaïne Lassir, était son hébergeur à Essaouira. Dans un article d’Elsa Vigoureux paru dans L’Obs le 18 novembre, la mère de Thomas Gallay raconte : "C’est vrai, il a aidé son ami qui avait besoin de consulter un dentiste, il l’a dépanné aussi pour finir de payer un loyer. Et à une connaissance de ce copain, il a acheté une planche de surf. C’est ça soutenir Daech ?", demande, désespérée, Béatrice Gallay.

Pour un ami très proche qui a préféré garder l’anonymat, "les accusations de la justice marocaine ne tiennent pas debout, s’emporte-t-il. Elles sont basées sur des mensonges. J’ai travaillé 5 ans avec Thomas. Comment on peut dire de quelqu’un qu’il s’est converti à l’Islam alors même qu’aucun document ne le prouve et que sept mois auparavant, il signait les registres de mon mariage à l’église !?"

"Sa mère lui apporte de la nourriture"

Les proches de Thomas Gallay accusent le choc, difficilement. Cela fait plus de 10 mois qu’il est emprisonné à Rabat, dans des conditions très difficiles. La cellule, de 8 m2, n’a aucune ouverture sur l’extérieur. Il ne peut pas se doucher. On ne l’autorise à sortir que 2 heures par jour pour prendre l’air. "À la prison, il est très mal nourri, raconte Hélène Gallay, sa cousine. Ça alterne entre pois chiches et patates à l’eau. Donc c’est sa mère qui lui apporte de la nourriture." Depuis un an, la mère de Thomas Gallay, âgée de 62 ans, ne travaille plus. Dès qu’elle a su que son fils était incarcéré, elle est partie s’installer au Maroc, à côté de la prison, pour lui venir aide.

Mais c’est d’abord ici, en France, que tous ses proches se mobilisent pour faire sortir au plus vite Thomas Gallay de prison. Ils ont créé un comité de soutien et un site internet qui relaie toutes les informations sur son histoire, le procès et l’actualité de la mobilisation. Et ce matin, Hélène Gallay avait une bonne nouvelle à faire partager : "Je viens d’avoir ma tante au téléphone. La réunion publique d’hier soir en soutien à Thomas a rassemblé plus de 50 personnes, se réjouit-elle. Et il y avait deux maires et la presse. On commence à être écouté, ça fait plaisir." Cette première réunion était organisée à Viella dans le Gers, le département de naissance de Thomas Gallay, où une bonne partie de sa famille réside.

"On n’a reçu aucune aide"

Les membres de la famille et ses amis essayent aussi de garder un maximum contact avec lui à travers "une chaîne d’écriture. Deux personnes chaque semaine lui écrivent une lettre, explique Hélène Gallay. On lui raconte la vie en France, notre quotidien, histoire qu’il reste connecté à nous. Mais on lui interdit de les recevoir. De temps en temps son avocat fait entrer une lettre, qu’il lui lit, mais c’est tout."

Si les proches de Thomas Gallay se mobilisent, les autorités ne font de leur côté pas preuve d’une très grande implication. "On n’a reçu aucune aide, déplore Hélène Gallay. J’ai écrit au président de la République, au Premier ministre, au Conseil d’Etat, à des députés, des maires. Certains m’ont témoigné de leur soutien. Ils m’ont dit qu’ils allaient relayer. Mais au sommet, pas de réponse. Maintenant, on comprend que la diplomatie, c’est de faire les choses discrètement."

Mais en cette période de fête, l’absence et l’éloignement se font d’autant plus forts. Hélène Gallay ne veut cependant pas perdre espoir : "de toute manière, on ne peut pas faire autrement qu’espérer, cette histoire n’a aucun sens". Demain, une nouvelle audience a lieu au tribunal de Rabat. Pour la quatrième fois, l’avocat de Thomas Gallay, Franck Berton, devrait déposer une demande de libération provisoire. Mais il est très peu probable qu’elle soit accordée.

Plus d’info : https://soutien-thomas-gallay.com/fr_FR/

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