Lyon pourrait perdre l'Agence Mondiale de Solidarité Numérique

L'Agence Mondiale de Solidarité Numérique basée à Lyon pourrait rejoindre Genève à l'issue de la conférence.

Il y a deux ans, lors d'un sommet sur la mondialisation responsable qui se tenait à Lyon, le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, avait illustré la fracture numérique par un exemple destiné à frapper durablement les esprits : "Il y a plus de lignes téléphoniques sur la seule île de Manhattan à New York que dans toute l'Afrique réunie". Pourtant "un point de télédensité revient à un point de PIB gagné" explique Jean Pouly, secrétaire exécutif de l'agence mondiale de solidarité numérique dont le siège est à Lyon. La télédensité est calculée en fonction du nombre de lignes téléphoniques ou de connexions Internet au kilomètre carré. Malgré ce genre de constats vertigineux et l'impact des nouvelles technologies numériques sur le développement, la question de la solidarité numérique semble en être encore à ses balbutiements.

Problèmes de gouvernance

Car le handicap majeur de la solidarité numérique tient à sa gouvernance. Deux organisations internationales interviennent pour réduire la fracture numérique : le Fonds mondial de solidarité numérique chargé du financement et l'agence mondiale dont la mission se concentre sur les tâches opérationnelles. Cette organisation bicéphale œuvre pour un mécanisme mondial de financement : la clause du 1% numérique. Le principe consiste à prélever 1% sur toutes les transactions numériques réalisées par une institution publique ou privée. Mais dans les faits, ça ne marche pas.

Alors que plus d'une centaine de pays pauvres vient d'apporter, le 23 octobre dernier, son soutien au 1% lors d'une session de l'ONU, les grands pays industrialisés peinent à l'appliquer prétextant de l'obstacle que représente le code des marchés publics. Si une collectivité locale française voulait appliquer le 1%, il faudrait l'intégrer dans la règle des achats des collectivités et donc modifier le code des marchés publics. C'est d'ailleurs cet argument qui a empêché le maire de Lyon, Gérard Collomb, de déposer un projet de loi pour imposer le 1% aux collectivités locales françaises. Or, une étude juridique réalisée par le Fonds est pourtant venue démontrer que cette taxe était compatible avec le code des marchés. Depuis la mise en place de la taxe en 2006 et 2007, le Fonds n'a récolté que 160 000 euros. C'est peu au regard des trois mille millards de dollars que représentent les transactions numériques dans le monde. Si le 1% était appliqué, trente milliards de dollars seraient alloué à la réduction de la fracture numérique.
Fusion

Les chefs d'Etat et de gouvernements devraient donc plancher sur un autre mode de gouvernance et sur de nouvelles sources de financement. Premier chantier de cette nouvelle gouvernance : fusionner le Fonds et l'Agence. Lyon pourrait ainsi perdre l'Agence Mondiale de Solidarité Numérique. "La présence des diplomates et des grands organisations internationales profitent à Genève" indique M. Pouly. Mais Alain Clerc, secrétaire exécutif du Fonds se veut rassurant: "une fois que la fusion aura lieu, Lyon pourra candidater pour accueillir le secrétariat de cette organisation". Autant dire que l'essentiel est de participer.
Repères
Nombre d'utilisateurs d'internet
Afrique : 51 millions d'internautes pour une population totale de 955 millions d'habitants (soit 1 sur 20)
Amérique du Nord : 248 millions d'internautes pour une population totale de 337 millions d'habitants
Le monde devrait atteindre 1,5 milliard d'internautes en 2001.
Focus
La Mauritanie et la Télédensité.
Le PIB de la Mauritanie est passé de 1,85% en 2000 à 11,70% en 2007, sur cette même période la télédensité est passée de 1% à 49%, l'une des plus élevées d'Afrique.
Source : Agence Mondiale de Solidarité Numérique

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