Le cours Charlemagne piétonisé
Le cours Charlemagne piétonisé

Limiter les scooters sur le cours Charlemagne, le casse-tête de la Ville de Lyon

Le projet final de la piétonnisation du cours Charlemagne devant le centre commercial de Confluence n’a pas encore été présenté, mais la municipalité sera attendue au tournant sur la question du contrôle des scooters, véritable problème de sécurité pour les piétons.  

La piétonnisation du cours Charlemagne n’a pas fini de faire débat entre le maire LR du 2e arrondissement de Lyon et les élus écologistes de la Ville et la Métropole. Alors que le projet final devrait être dévoilé prochainement, dans un communiqué la mairie du 2e s’inquiète ce mercredi 21 février de "la cohabitation forcée ente piétons et un nombre croissant de scooters" sur cet "espace dédié aux piétons". 

Lire aussi : Piétonnisation du cours Charlemagne : "totem des écologistes" ou vraie plus value pour les riverains ?

Un problème identifié de longue date

Selon la mairie d’arrondissement, les "incidents impliquant des scooters sur le cours Charlemagne ont considérablement augmenté, transformant cet espace en une zone de risque élevé pour ceux qui circulent à pied". "J’ai régulièrement des gens qui m’appellent en me disant j’ai été un frôlé par un scooter", déplore Pierre Oliver, le maire de l’arrondissement, lorsqu’interrogé sur le sujet. L’élu du 2e demande donc à la Métropole et la Ville de Lyon "la mise en place immédiate de mesures strictes pour réguler l’utilisation des scooters dans cette zone piétonne" et notamment la prise de sanctions contre les contrevenants, "afin de restaurer la sérénité et la sécurité du cours Charlemagne qui existait lorsque celui-ci était encore ouvert à la circulation". 

"Le scooter est un fléau dans les conflits d’usage parce que c’est extrêmement compliqué de le contrôler"
Valentin Lungenstrass, adjoint au maire de Lyon en charge des mobilités et de la voirie
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Pour la Ville de Lyon, le sujet est loin d’être nouveau. "La question des scooters est survenue dès la concertation sur la piétonnisation du cours Charlemagne parce que c’était déjà un sujet. Pas seulement sur l’aire piétonne créée, mais aussi aux abords du centre commercial, au niveau de la darse", rappelle Valentin Lungenstrass, l’adjoint au maire de Lyon en charge des mobilités et de la voirie. "Si aucun accident de moto n’est à déplorer en 2022 (contrairement aux 3 accidents de 2018-2019 avant la piétonnisation), le manque de respect de l'aire piétonne par les deux-roues motorisés (scooters et motos) a été très vite identifié", ajoute-t-on du côté des services de la Métropole de Lyon, qui ne disposent pas à ce stade de chiffres plus récents. 

"Ce sont souvent des scooters de livraison"

Aux abords du centre commercial, qui abrite de nombreux restaurants, la problématique semble d’ailleurs particulièrement prégnante aux heures de déjeuner et de repas. "Parce que ce sont souvent des scooters de livraison", glisse sans détour Valentin Lungenstrass. L’élu écologiste, qui ne cache pas qu’à ses yeux "le scooter est un fléau dans les conflits d’usage parce que c’est extrêmement compliqué de le contrôler", réfute cependant les accusations du maire du 2e arrondissement, lorsque celui-ci sous-entend qu’il y aurait un "refus d’agir de la mairie sur ce sujet depuis trois ans". 

Depuis le début du mandat, des discussions auraient ainsi été menées avec les plateformes de livraison pour que celles-ci fassent de la pédagogie auprès de leurs livreurs sur le respect des pratiques dans certains secteurs difficiles comme les Cordeliers ou le cours Charlemagne. La Ville dit également presser les plateformes de livraison pour qu’elles accompagnent les livreurs dans l’abandon des scooters pour des vélos, "dont la nuisance, l’accélération et la vitesse sont autres que celles d’un scooter", explique Valentin Lungenstrass. 

Opérations de police, mobilier urbain... quelle solution ?

À cela s’ajoutent surtout des opérations "coup de poing" menées par la police municipale sur le secteur par l’unité cycliste et l’unité motorisée. De novembre 2023 à janvier 2024 une vingtaine de verbalisations de deux roues ont ainsi été réalisées sur le secteur par la police municipale. En comparaison, en 2022 sur plusieurs actions coup de poing une centaine de verbalisations avaient été dressées. "C’est ce qui a bien fonctionné à plusieurs reprises", reconnaît l’adjoint de Grégory Doucet, en admettant néanmoins "qu’à un moment donné l’effet s’estompe et qu’il faut recommencer. Mais c’est très clair, on n’a pas aujourd’hui de solution suffisamment efficace pour faire ça au quotidien à chaque endroit où il y a des scooters dans la ville". 

"J’ai une piste mais elle ne va pas plaire à la Métropole. C’est la réouverture du cours Charlemagne"
Pierre Oliver, maire LR du 2e arrondissement de Lyon
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Quid alors de l’installation de mobilier urbain pour régler le problème ? "On met du mobilier à l’entrée pour freiner la vitesse, donc le scooter doit très fortement ralentir pour pouvoir passer entre deux potelés, mais malgré tout il arrive à passer. Peu importe l’endroit, là où des piétons peuvent passer avec des poussettes ou des fauteuils roulants, le scooter peut aussi se faufiler", regrette, non sans un certain fatalisme, Valentin Lungenstrass. Pierre Oliver, lui, possède bien une piste pour mettre fin à ce conflit d’usages, "mais elle ne va pas plaire à la Métropole", prévient-il d’emblée. Pour le maire du 2e arrondissement, la seule solution viable serait "la réouverture du cours Charlemagne".

"Plutôt que de polémiquer via communiqué de presse, nous invitons le maire du 2e arrondissement à travailler sérieusement avec les autorités compétentes dans l’intérêt des habitants et des usagers de l’espace public", s’agace de son côté Fabien Bagnon, le vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la voirie. Non sans rappeler au passage que selon le bilan de la piétonnisation du cours Charlemagne, entre la rue Montrochet et le quai Antoine Riboud, 85% des usagers se disent favorables à une piétonnisation définitive de cet axe. Ce qui n’est toutefois pas de nature à solutionner le passage des scooters à cet endroit. À ce stade, celui-ci apparaît surtout insoluble et tient lieu de véritable casse-tête pour la Ville de Lyon et la Métropole.

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