Ce mercredi 3 novembre, 110 policiers étaient mobilisés sur la place Gabriel Péri pour une opération de police d’envergure. (Photo Hadrien Jame)

Le préfet du Rhône décline à Lyon le bilan en matière de délinquance

Le préfet du Rhône s'est félicité d' "occuper le terrain", en écho à la "saturation de l’espace public" voulu par le ministre de l’Intérieur. 


A la fin de l'été, le ministre  de l'Intérieur avait demandé aux préfets de vingt départements (dont le Rhône), qui "concentrent "75% de la délinquance", de lui rendre compte chaque semaine des chiffres de la délinquance dans leur territoire. "Je leur ai demandé une cartographie de la délinquance par heure et par quartier", avait précisé Gérald Darmanin. Mardi 11 octobre, le ministre de l'Intérieur se félicitait d'une baisse de 23% des vols avec violences dans ces départements les plus criminogènes de France. Il détaillait en prime sa nouvelle stratégie de "saturation de l'espace public", avec davantage de policiers et de gendarmes dans la rue.

A Lyon, le préfet du Rhône a décliné localement la stratégie gouvernementale. "La méthode et les moyens". C'est par ces mots que que le préfet du Rhône Pascal Mailhos a présenté, jeudi 13 octobre, l'action des services de police et de gendarmerie dans le département pour la période de septembre 2021 à septembre 2022. Un terrain de jeu d'1,2 million de personnes pour la zone police - qui concentre les trois-quarts de la délinquance - et 680 000 personnes pour le secteur gendarmerie - qui hérite du quart restant de la délinquance. 

500 policiers d'ici fin 2023

La méthode d'abord. "La vraie différence par rapport à avant, c'est l'occupation très forte du terrain", s'est félicité le représentant de l'Etat du 3e département le plus peuplé de France. Avec une formule qui fera sans doute mouche : "se montrer aux honnêtes gens et dissuader les malfaiteurs". Et d'égrener les chiffres des forces de l'ordre qui saturent l'espace public. Les moyens donc. "L'effet terrain" allonge le préfet, façon boxeur. Au 31 octobre, la préfecture recense 285 policiers supplémentaires de la police nationale arrivés dans l'agglomération lyonnaise depuis un an et demi (en comptant les 79 effectifs qui vont s'établir d'ici la fin du mois). Des renforts qui permettront d'atteindre le fameux chiffre de 300 policiers promis par Gérald Darmanin. A cela s'ajoutera, explique-t-on cours de la Liberté, une nouvelle compagnie républicaine de sécurité (CRS), fin 2023 à Chassieu, de 200 policiers spécialisé dans le maintien de l'ordre. "On retrouve la place qu'est celle de Lyon au regard de sa population, assène le préfet du Rhône. On était clairement sous doté."


"On retrouve la place qu'est celle de Lyon au regard de sa population. On était clairement sous doté."
Pascal Mailhos, préfet du Rhône


Accompagné du commandant  du groupement de gendarmerie du Rhône, le colonel Benoît Villeminoz, et du directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) du Rhône Neslon Bouard, le préfet s'est félicité des résultats "nets et encourageants" obtenus en matière de lutte contre la délinquance

Les chaussures dans un arbre (ici dans un square de la Cité Jardin de Gerland) indiquent un lieu de deal

Tout est question de typologie criminelle : les deux plus fortes baissent concernent les violences aux personnes dans les transports en commun (-57%) et les vols avec violences (-37%). Concernant le trafic de drogue, 1 point de deal sur 4 a été démantelé, soit 51 parmi les 200 lieux recensés par les cellules du renseignement opérationnel sur les stupéfiants (Cross). Le nombre de trafiquants mis en cause a augmenté de +11% (122 personnes) et le nombre d'amendes forfaitaires pour usage de stupéfiants a été multiplié par 2 (745 amendes). En démantelant des points de deal, c'ets toute une partie de la délinquance qui est "coupée". Ce qui, parfois, engendre des violences de la part des trafiquants, en témoigne les récentes événements à la Duchère après les coups portés à un gros point de deal dans la barre Sakharov.

Le quatrième indicateur qui enregistre une "vraie décélération" touche les rodéos sauvages : avec 60 opérations de police par semaine, le nombre de véhicules saisis a diminué de 59% (35 motos ont été confisquées pour le seul mois de septembre).

Pour les résultats "encourageants", c'est-à-dire les faits délictueux qui enregistrent une baisse, mais moins importante que les autres, sont concernées les vols de véhicule (-1%), les violences intrafamiliales (-3,8%), et les cambriolages (-1,7%). "On va mettre le paquet sur les cambriolages", promet le préfet du Rhône. 


Les cambriolages, "le point noir de l'agglomération lyonnaise"
Nelson Bouard, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) du Rhône


Nelson Bouard, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) du Rhône, a donné des stats circonscrites à l'agglomération lyonnaise : +23% de cambriolages, "LE point noir", avec des disparités selon la typologie, à savoir "seulement" +3,5% dans les habitations, le gros des faits se produisant sur les commerces, les caves et les garages, notamment dans le centre de Lyon et les zones d'activité de l'Est lyonnais. "On interpelle de plus en plus d'équipes en flagrant délit grâce à la cartographie spatiales et horaire qu'on partage avec les polices municipales." Et le "Ddsp" de Lyon d'expliquer que ses services avaient récemment démantelé des "équipes chevronnées" qui seront prochainement présentés devant la justice. Deux autres chiffres étaient les "résultats nets" à l'échelle de l'agglomération lyonnaise : le recul (-47%) des violences dans les transports, et "presque" -42% des vols avec violences.

En écho aux propos du préfet sur la "modernisation de la police à Lyon", le patron de la police de Lyon a expliqué que les horaires de travail d'un millier de policiers avaient été modifiés, notamment dans le service de sécurisation des transports en commun, pour "être là où et quand il le faut".

Alors, "Lyon, ville la plus dangereuse de France", comme le déclarait, en mai dernier, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez. "Non, Lyon n'est pas la ville la plus dangereuse de France" assure le préfet. Et de féliciter le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) du Rhône qui "a fait ce qui n'avait pas été fait depuis 20 ans !"

Les Lyonnais appelés à devenir acteurs de la sécurité de leur ville

La Guillotière @Lyon Capitale

Dernier point abordé, la "participation citoyenne". Instaurée pour la première fois en 2006, la démarche consiste à sensibiliser les habitants d'une commune ou d'un quartier et à les associer à la protection de leur environnement, notamment sur le volet cambriolages. Le préfet assure vouloir "renforcer" la démarche les prochaines semaines, via des formations, des réseaux d'alertes, aussi bien pour les particuliers que pour les commerçants. "Il faut que les citoyens aient le réflexe d'être vigilants pour aider la police" dans la lutte contre la délinquance. Pour l'heure, 128 communes du Rhône participent à la démarche et 7 quartiers (bientôt 8 avec Chassieu) en ville. A Lyon, la conduite se fera quartier par quartier, après proposition au maire de Lyon, pour "s'attaquer aux poches de délinquance".

Jusqu'ici les forces de l'ordre avaient délaissé la rue, avait regretté Gérald Darmanin, en l'expliquant par le "manque d'effectifs", les "rythmes horaires" pas adaptés à la mission et la mobilisation des agents pour des opérations de maintien de l'ordre. "Les choses ont été reprises en main" s'est félicité le représentant de l'Etat dans le Rhône.

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