Vélos sur les berges du Rhône à Lyon

Le guide pour se mettre au vélo à Lyon et combattre les voleurs de temps

Poussé par un formidable engouement dans la métropole de Lyon, le vélo est aujourd'hui le mode de déplacement qui connaît la progression la plus impressionnante. Si vous avez envie de pédaler à votre tour, Lyon Capitale, vous propose un guide pour franchir le pas, mais aussi découvrir des avantages loin des clichés.

Préambule : combattre les voleurs de temps

Nous courrons tous après le temps, mais pédaler permet parfois de le rattraper. Le vélo est l'un des modes de déplacement urbain les plus efficaces pour les trajets porte-à-porte (il suffit de voir ces cartes du temps pour s'en convaincre).

Il y a le temps que l'on gagne en évitant les bouchons, ou les correspondances en transport en commun, mais aussi le temps de vie que l'on rallonge avec les bienfaits du vélo pour le corps et l'esprit. Utiliser son téléphone portable en pédalant n'est pas autorisé. Surtout, c'est passer à côté de l'un des principaux avantages : couper / décompresser.

Les géants du Net comme Facebook, Google ou encore Netflix monétisent notre attention, notre temps. C'est la base même de leur modèle économique : faire en sorte que nos yeux restent rivés vers l'écran. Le vélo, c'est profiter de l'une des dernières bulles sur terre. C'est lever le nez pour ne plus faire défiler inlassablement les flux numériques et paradoxalement mieux profiter en ne cherchant à retenir que la crème. Pédaler, c'est fuir un instant les voleurs de temps et utiliser ce dernier pour soi.

1) Oublier les clichés

Avant toute chose : oubliez les clichés. Non les cyclistes ne fondent pas sous l’action de l’eau de pluie. Un vêtement étanche suffit. Souvent vous vous demanderez même pourquoi avoir acheté cette belle veste de pluie alors que vous ne croisez pas une seule goutte depuis plusieurs semaines (statistiquement, sur une année, rencontrer la pluie reste rare, lire ici).

De même, la canicule n'est pas toujours agréable, mais on arrive toujours à se refroidir un peu grâce à la vitesse du vélo (sans oublier de bien s'hydrater). Vous continuerez l'hiver avec le bon équipement, ce n'est pas le froid qui vous arrêtera. Ceux qui aiment dénigrer le vélo ressortent souvent qu'en décembre, "il n'y aura plus personne". C'est faux, à ce moment-là, vous râlerez peut-être qu'il y a trop de cyclistes alors que vous vouliez être tranquilles.

Les seuls moments où les choses sont moins simples sont : une forte pluie avec de l'orage (vous vous plairez à attendre que les choses passent sous un pont ou une avancée de toit avec d'autres cyclistes et la fonction "pluie dans l'heure" de Météo France sera vos amies), ou un intense vent de face. Les rafales sont bien plus gênantes que la pluie, mais vous serez content de les avoir dans le dos au retour. Si cela arrive, le réseau TCL sera ravi de vous aider à vous déplacer, rien ne vous force à prendre votre bicyclette tous les jours.

En outre, le vélo en ville est avant tout un mode de déplacement efficient, vous n'êtes pas obligés d'y voir un sport, même si vous ferez forcément un effort plus ou moins important. Aucune loi ne vous imposera d'aimer le Tour de France, tout comme un automobiliste ne regarde pas automatiquement la Formule Un. Vous êtes là pour vous déplacer, pas besoin de porter une combinaison spéciale pour faire Part-Dieu Bellecour (mais, vous en avez le droit si vous en avez envie).

Si l'on reste sur la question de la tenue, vous pourrez pédaler en jean, pantalon, costume, jupe, robe, talons, kilt, short... N'écoutez pas ceux qui vous disent que cela est impossible, s'ils ne sont pas capables de le faire, qu'ils ne viennent pas vous en empêcher. Vous parlerez sans doute même de certaines astuces avec d'autres cyclistes. Le vélo est un formidable réseau social, peut être plus efficace que LinkedIn pour votre carrière professionnelle (avec des mercis, des "après vous", des conversations inattendues... qui vous rappelleront que l'on partage la même route).

In fine, pas besoin de manger du quinoa, ou n’importe quels autres clichés habituels, pour faire du vélo tous les jours. Vous pourrez commencer à pédaler, car vous estimez qu’il s’agit d'un déplacement propre, respectueux de l'environnement, du cadre de vie et économique. Cependant, vous resterez surtout car c'est le type de transport le plus adapté à un usage urbain et périurbain. Le vélo, ça marche, car c’est pratique et rapide (même sans griller les feux rouges, on vous voit avec votre autre cliché sur les cyclistes).

2) Tester dès maintenant et faire quelques repérages

La meilleure façon de se mettre au vélo, c'est de faire... du vélo. L'application GeoVélo est l'un des navigateurs de références pour voir son trajet, le temps, et surtout les aménagements sécurisés (cliquez ici).

Dans la mesure du possible et en fonction de la distance, du dénivelé et s'il y a des stations, le Vélo'v peut être une manière intéressante d'effectuer les premiers repérages pour un trajet domicile-travail.

Si vous ne voulez pas passer par Vélo'v, un ami peut vous prêter un vélo, voire faire le trajet avec vous (n'hésitez pas à dire autour de vous que vous avez envie de vous y mettre). Pédalez, essayez, repérez, n'ayez pas peur d'expérimenter, vous vous souviendrez de ces premiers instants pendant longtemps (avec un effet secondaire étrange, une sorte de douleur musculaire aux joues à force de sourire).

3) Ne pas hésiter à être aidé

Vous n'êtes pas seuls. La communauté vélo est là, prête à aider ceux qui en ressentent le besoin. Vous pouvez débuter par la Maison du vélo (voir leur site ici). Conseils, aides, mais aussi cours de vélo, c'est un lieu incontournable.

À Vénissieux et Oullins, l'association Janus France (voir ici) aide elle aussi à se mettre au vélo grâce à des cours et entretien.

L'association La Ville à Vélo (voir ici) est aussi l'une des chevilles ouvrières de la promotion de ce mode de déplacement dans la métropole. Elle veille à ce que le territoire soit toujours plus cyclable. Ses adhérents sont autant de relais, mais aussi d'aides pour permettre au plus grand nombre de se mettre au vélo.

Le collectif Valve (Venir A Lyon à VElo, voir ici) est mobilisé depuis près de dix ans pour encourager l'interconnexion entre la ville et le sud du territoire (et grâce à eux, la Mulatière est moins un point noir).

De même, dévorez le livre Vélotaf - Mode d’emploi du vélo au quotidien de Jérôme Sorrel, illustré par Eve Coston, à glisser dans toutes les sacoches.

4) Régler la question du stationnement

Où allez-vous garer votre vélo la nuit à proximité de votre domicile, et le jour, durant combien de temps et en fonction de votre activité ? Ce sont peut-être les premières questions à se poser (sans qu'elles découragent l'idée de franchir le pas, il existe toujours des solutions, voir point : être aidé).

Si vous avez un garage à la maison ou un local à vélo dans son immeuble, et un espace dédié au travail, c'est la voie royale (sans oublier de toujours mettre son antivol, même dans un garage fermé).

Si laisser un vélo d'occasion dans la rue la nuit peut s'envisager, pour un vélo à assistance électrique qui coûte quelques milliers d'euros, ça ne sera pas l'idéal. Il existe des zones fermées accessibles et sécurisées sur abonnement dans certains parkings LPA, mais les listes d'attentes peuvent être longues (avec un prix très bas : 38,10 euros la place à l'année). Aujourd'hui, Lyon a un problème de stationnement sécurisé, l'offre est largement dépassée par la demande. De nouvelles initiatives pour régler cela ont été lancées.

Dans ce contexte, la question du stationnement peut jouer dans votre réflexion avant de choisir votre vélo et savoir jusqu'à quel niveau vous êtes prêts à le laisser dehors faute de mieux.

5) Choisir un vélo adapté à vos besoins et votre taille

Chaque cycliste a ses propres besoins en matière de vélo. Il faudra donc choisir le plus adapté dans un monde où les variétés ne manquent pas : de ville, cargo, familiale, à assistance électrique, VTC, VTT, de courses, Gravel. La bonne nouvelle c'est que les modèles sont si nombreux que vous devriez trouver le bon (y compris pour grimper à Fourvière ou Croix-Rousse).

Par exemple, acheter un vélo à assistance électrique n'est pas forcément une fin en soi. Avez-vous besoin de ce type de modèle pour faire votre trajet ? Avez-vous un dénivelé qui risque de vous décourager au bout d'un moment ? Souhaitez-vous sortir de la ville pour aller vous promener autour de Lyon (la ville est parfaite pour cela) ? Autre exemple, si vous voulez prendre votre vélo dans tout le réseau TCL, un seul choix : un pliant.

Bon à savoir, la métropole de Lyon propose une aide à l'achat de 500 euros pour les modèles à assistance électrique, cargos, familiaux ou pliants (voir ici).

6) Ne pas négliger le marché de l'occasion

Les sites de petites annonces regorgent de vélos plus ou moins récents qui n'attendent que leurs futurs propriétaires. L'occasion est le choix parfait pour débuter sans trop dépenser (avec des vélos pouvant être revendus ensuite si vous souhaitez partir sur un autre type de modèle).

Des bourses aux vélos sont également régulièrement organisées sur la métropole de Lyon, y compris certaines en ligne (voir ici).

Néanmoins, attention à ne pas acheter un vélo volé. N'hésitez pas à demander une lettre de cession au vendeur, une facture s'il l'a toujours. Vérifiez s'il n'y a pas un marquage type bicycode (voir point : faire marquer son vélo). Passer par une bourse aux vélos permet d'éviter ce genre de déconvenue puisque les organisateurs s'assurent de l'identité des vendeurs.

Un ultime point est important à garder à l'esprit : si vous pouvez vous le permettre, notamment en termes de stationnement, vous ne vous contenterez peut-être pas d'un seul vélo (surtout si vous faites d'importantes économies par rapport à une voiture).

Acheter un vélo, c'est comme piocher dans un paquet de chips, on a parfois envie de ne pas s'arrêter, d'en faire profiter sa famille, ses amis. Ce n'est pas grave, tout ira bien.

7) Se rapprocher d'un vélociste

Si vous souhaitez partir sur un premier modèle neuf (ou un modèle d'occasion vendu par une boutique), les vendeurs professionnels sont votre porte d'entrée. Lyon possède un important réseau de vélocistes qui pourra vous aider à l'achat, mais aussi vous prêter différents types de vélo avant de faire votre choix.

Choisissez un vélociste avec lequel les choses se passent bien. Vous serez amenés à le revoir régulièrement pour l’entretien si besoin ou pour les visites régulières pour faire suivre son VAE.

Pour un premier vélo, certains pourraient être tentés de prendre un modèle moins cher sur Internet, se privant alors de l’importance d’avoir toujours une boutique physique pas loin. L’économie que vous pensez faire lors de votre commande n’en vaut pas toujours la chandelle. Encore moins si vous n’avez aucune base technique et que vous allez devoir monter le vélo à son arrivée (après vous plaisanterez quand vous verrez des fourches montées à l'envers à l'avant).

8) Acheter au moins un bon antivol (et apprendre à bien le poser)

Le vol de vélo est une plaie et il peut arriver même à la maison ou dans un garage fermé. Il n'est pas insensé d'acheter un antivol qui coûte une centaine d'euros pour protéger une bicyclette d'occasion qui coûterait à peine plus (vous protégez votre mode de déplacement sur lequel vous devez compter).

La FUB ( Fédération française des Usagers de la Bicyclette) propose une liste d'antivols testés et notés qu'il est possible d'utiliser pour faire son choix (lire ici). Pour débuter, mieux vaut partir sur un "U" solide qui pourra ralentir les voleurs ou les décourager.

Il faudra également apprendre à bien l'utiliser en fixant son antivol entre une partie solide de son vélo, non amovible ou contournable, et un point fixe. Oubliez les pince-roues qui ne sont pas adaptés pour protéger son vélo (il suffit de démonter la roue pour le voler).

De plus, il est aussi possible de renforcer la sécurisation avec des fixations spéciales pour les roues ou la selle, et ne pas hésiter à avoir deux antivols (y compris dans son garage).

En résumé : attachez votre antivol en utilisant le cadre (et surtout pas la selle ou une roue qui peuvent s'enlever). Essayez même de voir si vous pouvez voler facilement votre propre vélo en le bougeant dans tous les sens (gardez la clé de l'antivol à proximité pour éviter tout malentendu).

9) Faire marquer son vélo

Le meilleur antivol ne suffit parfois pas, c'est pour cela qu'il faudra marquer son vélo avec une solution de type bicycode (voir notre article ici).

Lorsque les forces de l'ordre retrouvent un vélo volé, si ce dernier est marqué, ils pourront plus facilement se rapprocher du propriétaire grâce à une base de données.

De son côté, en cas d'achat d'un vélo d'occasion, l'acheteur pourra vérifier qu'il n'est pas volé en interrogeant la base de bicycode.

10) Bien s'équiper

Même si l'on rencontre rarement la pluie à Lyon, il est important d'avoir des vêtements imperméables (cap, veste, rainlegs, pantalon de pluie...).

Il faudra également avoir quelques équipements de base à la maison ou sur soi en fonction du contexte : une ou plusieurs sacoches, une pompe, un outil multifonctions pour serrer un écrou si cela est nécessaire, une chambre à air d'avance, un démonte-pneu adapté aux vélos... Le deux-roues doit avoir des phares à l'avant et l'arrière et une sonnette (c'est obligatoire et utile tous les jours).

En matière de vêtements, ne tombez pas dans le suréquipement, mais raisonnez en matière de couches en fonction de la météo. Lorsque l'on pédale, on peut vite avoir chaud, y compris l'hiver où les températures, même négatives, se gèrent sans trop de problèmes avec la bonne veste et le bon pantalon.

Enfin, le casque est un choix personnel, il n'est pas obligatoire pour les adultes. De même, il n'est pas nécessaire de se transformer en sapin de Noël avec gilet coloré et autres lumières clignotantes dans tous les sens (le gilet jaune est obligatoire uniquement la nuit en dehors des agglomérations).

11) Rejoindre un atelier

À Lyon, de nombreux ateliers de réparation permettent d'avoir accès à des outils et équipements pour effectuer les opérations plus ou moins lourdes, de réaliser l'entretien courant, mais aussi d'apprendre, de se former avec d'autres membres. Une carte réalisée par la Maison du vélo est disponible ici.

12) Apprendre à connaître "M12"

Les panneaux M12 transforment les intersections avec feu en "cédez le passage" lorsque l'on est à vélo. Dans ce cas-là, il n'est pas nécessaire de respecter le feu tricolore.

Si un M12 est présent, les cyclistes ont effectivement le droit de passer, à condition qu'ils suivent la direction indiquée par les flèches (certains M12 en ont jusqu'à trois comme sur la photo).

Il est impératif de respecter la priorité des autres véhicules qui ont le feu vert et surtout celle des piétons. Il s'agit d'un "cédez le passage" et à aucun moment un droit à la priorité sur les autres.

13) Être un ambassadeur du quotidien

Pour l'instant, on retient plus le cycliste qui passe au feu rouge (même quand il a le droit alors qu'un M12 est là) que l’automobiliste qui a les yeux rivés sur son téléphone portable au même moment. L’amende est pourtant d'un montant identique : 135 euros.

La force de la communauté vélo, c’est son nombre qui grandit chaque jour, d'où l'importance de toujours être attentif aux plus fragiles comme les piétons ou les cyclistes qui ont envie d'aller à leur rythme.

Donnez l’exemple, laissez passer les piétons, respectez le Code, aidez quand cela est possible... : être ambassadeur du quotidien en faisant attention à son comportement, c’est aussi s’assurer d’aller dans le sens de l’histoire.

14) Profitez !

Bienvenue à vélo, faites-en votre moment. Oubliez votre téléphone, votre journée de travail, utilisez vos trajets comme des sas de décompression. Soufflez, prenez du temps pour vous, cogitez, videz votre esprit, faites des photos, redécouvrez la ville, les commerces de proximité, y compris ceux qui ne sont pas sur votre route, sortez de l’agglomération... Vous serez toujours en avance à vos rendez-vous même en vous arrêtant pour admirer un héron.

Le chemin le plus court n’est pas toujours le meilleur, vous trouverez votre tracé progressivement. Parfois, vous aurez envie d’aller à la pointe de Confluence, au lac de Miribel Jonage, au jardin des Curiosités, juste parce que vous en aurez envie et que vous pouvez le faire. Profitez, vous êtes libres !

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