Femmes
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Inégalité salariale : dès ce lundi, les femmes travaillent gratuitement jusqu'à la fin de l'année

Depuis 11h25 et jusqu'à la fin de l'année, les femmes travaillent symboliquement de manière gratuite. Entretien avec Michèle Vianès, présidente de l'association Regards de Femmes.

Malgré les avancées des dernières années, ce lundi 6 novembre marque le début symbolique de deux mois de travail sans salaire pour les salariées. "Les femmes gagnent en moyenne 16,8% de moins que les hommes", selon Michèle Vianès, présidente de Regards de Femmes. Depuis 25 ans, l'association lutte pour la pleine citoyenneté des femmes et contre les violences envers elles, qu'elles soient d'ordre économique, physique, psychique ou sexuel. Michèle Vianès revient sur les différences de salaire entre les femmes et les hommes.

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Quel sont aujourd'hui les chiffres de l'écart de salaire entre les femmes et les hommes ?

Le chiffre de 28,5%, qui est relayé un peu partout, indique l'écart de salaire entre les femmes et les hommes, toutes masses salariales confondues. Il est bien trop large et n'est pas représentatif de la réalité. Cependant, il reste important et permet de faire parler de la question de l'égalité salariale, que l'on n'atteint toujours pas en 2023. Un chiffre un peu plus précis et celui de l'écart de salaire à temps de travail égal, qui est de 16,8%. Ce pourcentage démontre que les métiers considérés féminins sont moins bien rémunérés, comme les postes d'infirmières ou de vendeuses par exemple. Enfin, 5,3% c'est l'écart de salaire à temps de travail et métiers équivalents. Il s'agit du chiffre le plus représentatif et le plus "patriarcal", puisque c'est le seul qui ne trouve pas d'explication. Une femme et un homme qui travaillent le même nombre d'heures et ont le même poste ne sont pas payés de la même façon. Et de manière très étonnante, les écarts sont aujourd'hui plus grands en haut de l'échelle de salaire, au niveau des cadres par exemple.

Comment expliquer de telles différences en 2023 ?

D'abord, une femme sur trois travaille à temps partiel, mais très souvent de manière subie. C'est une donnée souvent ignorée, mais les femmes ne choisissent pas d'avoir un temps de travail réduit. Dans bien des cas, le temps partiel est subi puisqu'on le réserve aux femmes et qu'il faut bien travailler. Il faut tout de même reconnaître que tout n'est pas tout noir, bien que les choses s'améliorent lentement, trop lentement même. Mais rappelons que la première loi sur l'égalité salariale à travail égal remonte à 1983, et que 40 ans après, l'égalité salariale reste un sujet majeur.

Les politiques mises en place sont elles-suffisantes en France ?

La France avance tout de même bien sur ces questions grâce aux différentes mesures mises en place. On peut citer l'Index de l'égalité professionnelle entre salariés, lequel impose aux entreprises de plus de 250 salariés de rendre public les chiffres sur l'égalité entre les femmes et les hommes. Cependant, seules 2% des entreprises obtiennent une note de 100/100 ; la marge de progression est immense. Heureusement, des pénalités financières seront bientôt mises en places pour les entreprises ne respectant pas les règles, donc on espère que ce sera une secousse importante. Mais oui, les lois qu'adopte le gouvernement ont des résultats positifs. Alors qu'on était encore récemment le dernier pays d'Europe en termes de présence féminine dans les conseils d'administration, on est désormais en tête. D'ailleurs, une loi sur les cadres dirigeants devrait être votée en 2024 et pourrait débloquer d'autres points importants.

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Reste-t-il beaucoup de choses à améliorer ?

Déjà, un point d'amélioration positif est le retour de congés de maternité. Aujourd'hui, les femmes voient leur salaire augmenter quand elles reviennent, alors qu'auparavant c'était un facteur important de régression. Après, il faut reconnaître que tout cela avance surtout en raison de la réputation des entreprises, qui font de l'égalité salariale un critère de publicité pour se rendre plus attrayantes. Aujourd'hui, les trois quarts des entreprises publient leur index de l'égalité professionnelle, principalement pour être bien vue. Avec le temps, il faut espérer que les femmes pourront briser le plafond de verre. Malheureusement, elles ont tendance à moins réclamer les avantages professionnels auxquels elles ont le droit, comme les voitures de fonction, et ont encore trop de mal à demander des augmentations contrairement à leurs collègues masculins. On pourrait presque parler d'un "plancher de glue", auquel beaucoup de femmes restent collées. C'est surtout sociétal, mais il faut continuer de lutter pour faire avancer les choses.

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