(©AFP)

Candidature à la présidentielle : la galaxie Zemmour à Lyon, qui le soutient dans le Rhône ?

Ce mardi 30 novembre, Eric Zemmour va très certainement annoncer sa candidature à la présidentielle. Dans son magazine du mois de novembre, Lyon Capitale s’est intéressé à ses premiers soutiens lyonnais, plutôt estampillés RN que LR.

Article publié dans le magazine Lyon Capitale du mois de novembre.

Le phénomène national n’a pas encore de traduction locale. Hormis quelques affiches, l’émergence d’Éric Zemmour dans le paysage politique ne se concrétise pas vraiment à Lyon. C’est pourtant de l’agglomération lyonnaise que les premiers affichages sauvages sont partis. La capitale des Gaules est également un terreau propice pour le polémiste. Dans cette ville, la droite hors les murs a toujours été active. Sous toutes ses formes et à divers degrés de radicalité : des millonistes à Génération identitaire en passant par diverses chapelles conservatrices réarmées par le succès populaire de la Manif pour tous. Les partisans d’Éric Zemmour profitent aussi de la galaxie créée par Marion Maréchal-Le Pen autour de l’Issep, l’école privée de sciences politiques qu’elle a ouverte à la Confluence et qui œuvre pour l’union des droites. Éric Zemmour caresse également ce dessein. La nièce de Marine Le Pen se tient à distance de la guerre des chefs qui couve à l’extrême droite. Interrogée dans nos colonnes sur la percée sondagière de l’ancien journaliste du Figaro et de CNews, Marion Maréchal livrait une analyse politique dans nos colonnes : “Si Éric Zemmour part, il le fera sur un espace considéré comme laissé vacant entre des électeurs du RN désabusés et lassés et des électeurs de LR qui se sentent trahis.” En coulisses, certains de ses proches œuvrent à la candidature d’Éric Zemmour. Ambroise Savatier, ancien enseignant en analyse électorale à l’Issep, a créé l’association de financement Les Amis d’Éric Zemmour. Pierre Meurin a, quant à lui, coordonné la campagne nationale “Zemmour président”. Il avait participé à la création de l’école de Marion Maréchal dont il était directeur des études. “Je rappelle que l’Issep est une école. Elle n’a aucun lien avec des partis ou des candidats. Après, il peut y avoir des individualités qui s’engagent pour un tel ou un tel. Pierre a fait ce choix et il a d’ailleurs quitté ses fonctions à l’Issep”, expliquait, fin août, Marion Maréchal à Lyon Capitale.

Crise de croissance

Contacté sur son rôle autour de la candidature d’Éric Zemmour, Ambroise Savatier n’a pas souhaité répondre à nos questions. Les zemmouristes lyonnais la jouent plutôt silence radio à l’heure où les bons sondages obligent le polémiste à changer de braquet. “Les Amis d’Éric Zemmour sont encore en cours de structuration”, note Jean Fondain, responsable régional de la branche jeunesse du mouvement naissant. “Ça s’organise et ça va être solide. Il y a eu une première étape sympathique autour de quelques militants, mais une campagne présidentielle, c’est une autre dimension”, glisse un de ceux qui travaillent dans l’ombre à la structuration locale des partisans d’Éric Zemmour. “C’est flou, mais il y a une effervescence”, préfère retenir un nouvel adhérent. Le calendrier a été bousculé par la fièvre sondagière. “Il n’y a pas de représentants officiels à ce jour. Nous sommes dans le flou, ce qui nuit à notre capacité d’action”, pointe Daniel Albout, ancien du FN et de Debout la France, qui a brièvement été en charge des parrainages dans la région avant d’être dessaisi au profit de Thibaut Monnier, ancienne tête de liste aux élections métropolitaines pour le RN en 2020 à Lyon. Il a fondé l’Issep avec Marion Maréchal-Le Pen. En coulisses, Antoine Mellies, conseiller municipal à Givors, s’active aussi. Exclu du RN en 2020, il participe désormais à l’aventure Zemmour. Lui aussi gravite dans l’entourage de Marion Maréchal-Le Pen. “Il ne s’agirait pas de créer un RN bis”, glisse un militant venu d’un courant un peu plus modéré de la droite.

Des soutiens très RN

Gérard Dézempte, le maire de Charvieu-Chavagneux, est un autre fil rouge du premier cercle des soutiens d’Éric Zemmour à Lyon. Le désormais probable candidat à la présidentielle est d’ailleurs attendu le 5 novembre dans cette ville du Nord-Isère, à quelques kilomètres de l’aéroport. Antoine Mellies est son actuel directeur de cabinet. Un poste occupé auparavant par Ambroise Savatier et Pierre Meurin. Gérard Dézempte suscite régulièrement des polémiques dans l’exercice de ses fonctions. En 2015 et au plus fort de la crise syrienne, la ville qu’il dirige depuis 1983 avait adopté une délibération dans laquelle elle fixait comme “condition expresse” à l’accueil de réfugiés le fait qu’ils soient chrétiens. “Les chrétiens ne mettent pas en danger la sécurité d’autrui ; ils n’attaquent pas les trains armés de kalachnikovs, ils n’abattent pas des journalistes réunis au sein de leur rédaction et ils ne procèdent pas à la décapitation de leur patron”, justifiait-il. Une délibération cassée par la justice administrative. En 1989, les services municipaux avaient accidentellement détruit la mosquée de Charvieu-Chavagneux. Gérard Dézempte s’était opposé, en vain, au projet. Dans les cantines scolaires de la commune, il avait aussi supprimé les menus sans porc en 2017.

La chasse aux LR

Pour incarner l’union de toutes les droites, les soutiens lyonnais d’Éric Zemmour sont en quête de figures LR. “Ils seront là. Vous serez surpris”, assure un ancien cadre du RN. Pour les partisans du polémiste, la prise de guerre ultime, c’est Laurent Wauquiez. “Il ne viendra pas avant le premier tour, mais si on se qualifie pour le second tour, il devra se poser la question. Il ferait un bon Premier ministre. J’en suis assez convaincu”, souffle Jean Fondain. Un scénario que l’entourage du président de Région réfute totalement. Après ses déclarations appelant Éric Zemmour à participer à la primaire des LR, Étienne Blanc a été contacté par le polémiste et sa garde rapprochée. Mais le sénateur lyonnais assure qu’il restera fidèle à sa famille politique tout en l’exhortant à s’emparer des thématiques portées par l’ancien chroniqueur télé. Les premiers ralliés vont venir de l’ancien parti démocrate chrétien devenu Via. Jean-Frédéric Poisson, leur responsable et ancien candidat à la primaire LR en 2017, a annoncé qu’il était prêt à se désister à son profit. À Lyon, le mouvement est déjà à l’œuvre. “Je suis favorable à sa candidature. Il est le seul à s’attaquer aux sujets de fond et notamment à la question civilisationnelle. Il est en mesure de rassembler toute la droite. Marine Le Pen n’a pas de prise sur l’électorat LR et l’inverse est aussi vrai”, met en avant Olivier Pirra, responsable local de Via. Aux élections municipales lyonnaises de 2020, il était, avec son parti, sur les listes du RN et d’Agnès Marion.

Débordés

Le mouvement de jeunes, Génération Zemmour, semble lui en avance sur sa structuration. Il revendique aujourd’hui plus de 300 adhérents dans la région. “Nous n’étions qu’une trentaine fin juin sur Lyon. Nous sommes 150 aujourd’hui. Il y a une grande diversité de profils entre des étudiants, des cadres ou des intérimaires. Pour 80 % des militants, c’est leur premier engagement politique. Depuis le mois de septembre, nous sommes rejoints par des anciens militants du RN ou des Républicains. On est un peu débordé par les nouveaux adhérents”, pointe Jean Fondain, 19 ans et élève en classe prépa. Si les partisans d’Éric Zemmour doivent se structurer dans la précipitation, ils savent que le temps et les sondages jouent pour eux. Le polémiste vole, en stationnaire, au-dessus du RN et des Républicains. Ces deux partis sont aujourd’hui tiraillés sur l’attitude à adopter face à Éric Zemmour et ses 17 % d’intention. Leurs sympathisants se posent moins de questions : 70 % de l’électorat LR partage les thèses du polémiste. Le ballet des transfuges pourrait vite s’ouvrir.

Lire aussi : À Lyon, Eric Zemmour veut se poser en candidat de la France périphérique

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