44 personnes ont été relogées à l’ancien Ehpad La Villette d’Or à Lyon. (@NC)

A Lyon, une partie des occupants du gymnase Bellecombe ont été relogés

Depuis mercredi 13 septembre, 12 familles sont hébergées dans l'ancien Ehpad Villette d'Or dans le 3e arrondissement de Lyon. Elles occupaient le gymnase Bellecombe, faute d'hébergement.

Lorsqu'elle aperçoit Grégory Doucet en train de visiter l'une des chambres de son nouveau lieu de vie, "Bibiche" crie sa joie et se jette spontanément dans les bras de l'édile. "Le maire est là !", lance-t-elle. Belle image pour les télés présentes ce lundi où la Ville de Lyon présentait à la presse l'ancien Ehpad Villette d'Or dans le 3e arrondissement, dans lequel elle a relogé 44 personnes réparties en 12 familles, jusqu'ici mises à l'abri au gymnase Bellecombe.

"Les premiers jours, on a dormi longtemps, tellement longtemps"

"Ce n'était pas préparé", lance-t-on dans les équipes de communication. Coup de com' ou non, là n'est pas la préoccupation de Bibiche. Avec ses trois enfants, dont deux sont scolarisés dans des écoles de la ville, et un dans un collège, elle dispose enfin d'un vrai toit sur la tête. D'abord mise à l'abri au gymnase Louis Chanfray en décembre dernier, puis à Bellecombe cet été, elle confie son "soulagement", "très émue". Le lieu, mis a disposition par la Ville, est géré par l'association Alynea qui propose un accompagnement social et professionnel aux habitants. "Il y a ici des gens qui travaillent, des gens régularisés, et d'autres en attente de régularisation, les situations sont variées", décrit Pascal Isoard-Thomas, directeur général d'Alynea.

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"Les premiers jours, on a dormi longtemps, tellement longtemps", se réjouit Aimée, sans toutefois oublier, "les autres qui sont encore dehors". Ces "autres" toujours sans toit sur la tête, seraient environ 1 500 à Lyon, "une situation insupportable", juge Grégory Doucet. Avec ce relogement d'urgence temporaire (le bâtiment restera disponible 18 mois) le maire et son adjointe aux solidarités, Sandrine Runel, marquent leur engagement contre le sans-abrisme. Marchant ainsi sur les plates bandes de la préfecture qui dispose, seule, de la compétence concernant l'hébergement d'urgence. "De manière solennelle, j'en appelle à l'Etat pour qu'il intensifie son action et vienne davantage travailler avec nous", a lancé Grégory Doucet.

"J'en appelle à l'Etat pour qu'il intensifie son action et vienne davantage travailler avec nous"

Grégory Doucet, maire de Lyon

Des militantes du collectif Droit au logement 69 (DAL 69), accompagnées de femmes qui n'ont pas eu la chance d'être relogées, n'ont pas manqué de leur rappeler qu'il aura fallu la mobilisation de citoyens et l'occupation du gymnase pour qu'une solution soit trouvée. "Des gymnase ouverts, il y en eu avant cette occupation, a répondu Grégory Doucet. On est fiers d'avoir des collectifs comme vous qui s'engagent, je vous en remercie, mais la Ville fait des efforts comme elle n'en a jamais fait."

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Pas suffisant pour le collectif DAL 69 : "Quand la Ville dit que tous les occupants de Bellecombe ont été relogés, c'est faux", explique une militante. Selon le collectif, un comptage des personnes présentes dans le gymnase a été réalisé au premier jour de l'occupation, puis des vigils auraient été placés à l'entrée du bâtiment pour empêcher de nouvelles personnes de s'y installer. "Y'a quand même plein de situations qui ont été mises de côté. Oui il y avait 44 personnes sur leur liste, mais il y avait des familles qui venaient la journée au gymnase qui aujourd'hui se retrouvent seules", explique-t-on encore chez DAL 69.

14 000 personnes en attente pour un logement dans la métropole de Lyon

Fin août, L'Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) publiaient un rapport alertant sur la hausse du nombre d'enfant sans solution d'hébergement en France. En Auvergne-Rhône-Alpes, ils seraient 262 selon cette enquête. "Il y a aujourd'hui 14 000 personnes en demande d'un logement dans la métropole de Lyon", rappelle Pascal Isoard-Thomas. En 2018, ils étaient presque moitié moins. En 2023, le Projet de loi de finance (PLF) prévoyait la fermeture de 7 000 places d'hébergement d'urgence. Le gouvernement avait finalement fait marche arrière. "Si on suit la trajectoire du PLF de 2024, on va supprimer 900 places dans la région Auvergne-Rhône-Alpes", déplore le directeur général d'Alynea.

Les services de l'Etat assurent de leur côté que "le plan quinquennal (2018-2022) pour le logement et la lutte contre le sans-abrisme a fait de l'accès direct au logement social une priorité pour la réinsertion des personnes sans domicile". Selon la préfecture du Rhône, en Auvergne-Rhône-Alpes, ce plan aurait permis une augmentation de 44 % des attributions de logements sociaux aux ménages sans-abris.

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