Pôle de santé de l'Est : "L’État devra prendre ses responsabilités", selon Sturla

ENTRETIEN - Depuis plusieurs semaines, le choix du site d'implantation du futur pôle de santé qui regroupe la clinique du Tonkin et les établissement de la Mutualité de l'agglomération fait débat. Capio refuse de quitter Villeurbanne et la Mutualité ne veut pas lâcher son projet à Décines. Les maires des deux villes sont entrés dans la bataille. L'édile décinois, Jérôme Sturla, estime que le projet sur sa commune "fait consensus" mais que Capio est "sous la pression de médecins qui refusent de passer de l'autre côté du périph".

Lyon Capitale : Le choix de l'implantation du pôle de Santé devait être fait fin octobre. Aujourd'hui aucune décision n'est prise. Est-on dans l'impasse ?

Jérôme Sturla : Si le principe du regroupement entre la clinique du Tonkin et les établissements de la Mutualité de l'agglomération lyonnaise a été adoptée par les conseils d'administration des deux groupes, les dirigeants de la Mutualité ont refusé de valider l'implantation du nouveau pôle de santé sur la commune de Villeurbanne. Ils privilégient le site de Décines dont le groupe mutualiste est déjà propriétaire. Mais le groupe Capio refuse le projet décinois, qui est pourtant à l'étude depuis 2006.

C'est donc le statu quo pour l'instant, mais nous attendons impatiemment la réunion proposée par le ministère de la Santé pour avancer sur ce dossier. Dans un même temps, le conseil municipal de Décines a voté un vœu qui réaffirme la volonté unanime des élus de voir s’implanter cette infrastructure sur le territoire de notre commune. Les assemblées locales des villes de Vaulx-en-Velin et de Meyzieu ont également voté des vœux qui vont dans le même sens.

Villeurbanne est la vingtième ville de France, votre ville est loin derrière, alors pourquoi privilégier le dossier décinois ?

Le projet prévu sur le site décinois présente de avantages indéniables. Outre une superficie de 10 hectares contre 5hectares à Villeurbanne et une grande accessibilité, le choix de Décines s'inscrit surtout dans l'accompagnement d'un territoire en plein développement. Il s’agit d’une situation stratégique par rapport à l’avenir. L’est lyonnais est en train de se densifier et des structures de santé sont évidemment nécessaires.

Tous, élus comme acteurs du projet, s’accordent à dire que Décines représente le meilleur site. La ville de Lyon est déjà bien pourvue en offres de soin, il faut que celle-ci puisse également s’étendre à l’est. Il ne s’agit pas d’un projet décino-décinois. "La zone de chalandise" – comme s’expriment les gens de Capio – s’étend à tout le bassin de l’est lyonnais, aux communes de la Côtière dans l’Ain, etc…

Alors qu'est ce qui empêche Capio de venir à Décines ?

Tout le monde est conscient que le projet que nous défendons est le plus pertinent. Le directeur de Capio m’a dit les yeux dans les yeux que le site de Décines était le meilleur, mais qu’il est soumis à la pression des médecins exerçant au Tonkin qui refusent de passer de l’autre côté du périph. À ce jour, Capio demeure dans une logique purement financière et Villeurbanne a décidé de sauver et de maintenir chez elle une clinique privée dont les actionnaires refusent de s’intégrer dans un projet structurant pour notre territoire.

Pensez-vous que ce Pôle de santé que vous défendez puisse vous échapper ?

Je ne me situe absolument pas dans cette perspective et je continue sans relâche à faire valoir nos arguments. L’implantation décinoise remporte le soutien de nombreux élus comme Annie Guillemot, Martine David ou Jacques Berthou le sénateur-maire de Miribel. 5000 citoyens signataires ont également apporté leur soutien au projet. La nature même du projet imaginé à Villeurbanne est sans commune mesure avec celui de Décines qui est beaucoup plus ancien et présente des possibilités d’extension et de développement. J'espère maintenant que l’État saura également prendre ses responsabilités dans cette affaire.

Finalement en voulez-vous à l'Agence Régionale de Santé qui a laissé le choix du projet, décinois ou villeurbannais à Capio et à la Mutualité ?

C'est peut-être dommage au regard du consensus autour du projet que nous défendons. Le directeur de l’ARS, Christophe Jacquinet, m’a affirmé qu’à titre personnel il privilégiait l’implantation décinoise. Lui, les élus locaux, tous les acteurs du dossier préfèrent Décines à l’exception de Capio. Alors si un groupe privé doit être décisionnaire dans l’implantation d’un tel projet structurant pour notre territoire, il y a sérieusement de quoi s’interroger.

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