Guy Mathiolon, l’ex-président de la CCI, à nouveau devant les juges

JUSTICE – L’ancien président de la CCI va de nouveau faire face à un tribunal dans l’affaire des rapports de complaisance commandés à Christian Barthélémy, un élu Divers Droite du Grand Lyon.

Les ennuis judiciaires de Guy Mathiolon refont surface. La cour d’appel de Lyon juge aujourd’hui, jeudi 13 septembre, l’ancien président de la CCI de Lyon. La 11e chambre du tribunal correctionnel de Lyon l’avait condamné en première instance à 30.000 euros d’amende pour détournement de fonds publics, dans un jugement du 23 juin 2011. La condamnation est restée en travers de la gorge de Guy Mathiolon. Comme une plaie sur le parcours exemplaire de ce chef d’entreprise issu d’un milieu modeste et devenu l’une des 500 plus grosses fortunes françaises selon le classement d’un célèbre magazine économique. Mais, plus qu'un simple accident de parcours, M. Mathiolon se sent victime d’une machination ourdie par ses adversaires du monde économique.

Pour rappel, Guy Mathiolon est suspecté d’avoir commandé, en tant que président de la CCI, des rapports de complaisance à Christian Barthélémy, élu Divers Droite au Grand Lyon. Le montant de la commande s’élevait à un peu plus de 46.000 euros hors taxes. M. Barthélémy ayant été condamné pour sa part à 10.000 euros d’amende pour recel de détournement de fonds publics.

Élection

La chambre régionale des comptes a estimé les rapports suspects lors du contrôle de la CCI en 2009 et a alerté le parquet de Lyon en février 2010 en lui faisant part de ses doutes sur la qualité des rapports remis par M. Barthélémy. Cinq mois plus tard, Guy Mathiolon et Christian Barthélémy furent placés en garde à vue dans les locaux de la brigade financière de la PJ. L’épisode a lieu en pleine bataille électorale entre le Medef et la CGPME, d’où est issu M. Mathiolon, dans la perspective de la réélection du président de la CCI qui devait intervenir fin 2010.

Le parquet a reproché à Guy Mathiolon de n’avoir pas respecté les règles de la commande et des marchés publics. Mathiolon a demandé huit rapports à Barthélémy mais n’aurait établi les lettres de commande de ces prestations qu’une fois ces rapports déjà réalisés et facturés par la société de Christian Barthélémy, CB Connexion.

Devant la cour d’appel, les débats porteront de nouveau sur la réalité et le sérieux de la prestation réalisée par M. Barthélémy. Alain Ribeyre, l’avocat de Guy Mathiolon, avait fait remettre un travail d’expertise (le rapport Bruyas) qui validait les prestations de M. Barthélémy comme étant sérieuses et fondées dès le début de l’enquête en 2010. Ce rapport n’a semble-t-il jamais été remis aux officiers de la brigade financière. Le tribunal correctionnel ne l’a pas plus examiné.

Visiteur du soir

Me Ribeyre attaque de front le parquet financier, l’accusant de déloyauté dans l’obtention de certains témoignages et vise nommément le procureur financier de l’époque, Jean-Pierre Dages-Desgranges.

Alors que l’ancien directeur général de la CCI de l’époque, Yves Guyon, était placé en garde à vue, il a reçu la visite du procureur Dages-Desgranges pour un entretien d’une durée de 10 minutes. Alain Ribeyre s’interroge sur le sens de cette visite, consignée dans un procès-verbal par un officier de police judiciaire. Après cette entrevue, Yves Guyon signifiera que Guy Mathiolon lui a déclaré avoir commandé ces rapports à Christian Barthélémy pour complaire à François Turcas, le patron de la CGPME, chose qui sera infirmée par un témoin lors du procès de première instance.

Si le ministère public accuse Mathiolon de négligence dans la commande publique, Me Ribeyre met à l’index le rôle du procureur Dages-Desgranges dans cette procédure. Car, en application des dispositions de l'article 68 du Code de procédure pénale, le procureur adjoint de la République aurait dû retranscrire son entretien avec M. Guyon. Il n'en a rien été, ce qui laisse place au doute.

En première instance, ce doute-là n'avait pas suffi à convaincre le tribunal qu'il pouvait profiter aux accusés.

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