Bouchon Sully, à Lyon

Et si on allait "casser le vin" à Lyon ?

Le Bouchon Sully redonne vie, jeudi 8 septembre, à la tradition lyonnaise du "casse-vin". Mais de quoi s'agit-il au juste ?

En matière de vin, "la casse" est un accident (ou une maladie du vin)  qui provoque une altération des couleurs et à une perte de limpidité. Le Dico du vin ajoute que "la casse" peut être provoquée par l'air, la lumière, les microbes, la chaleur, etc.

Mais en matière de chopinaison et  de cuisine guignolesque, le "casse-vin" symboliserait tout autre chose.

Jeudi 8 septembre, dès 18 heures, le Bouchon Sully (Lyon 6e) lance un "casse-vin". Selon le restaurant, il s'agit d'un "rendez-vous traditionnel  dans certaines familles lyonnaises pour fêter la fin du travail. Autour d'un pot lyonnais et de mets traditionnels, les collègues, les familles se retrouvaient pour trinquer." Pour parler moderne, ce serait un "afterwork à la lyonnaise".

Casse-vin = mâchon ?

bouchon sully à Lyon

A Lyon Capitale, sans dire qu'on soit resté sur notre faim, on a néanmoins cherché à droite et à gauche pour en savoir plus.

Initialement, et selon plusieurs sources, il s'agirait d'une expression utilisée initialement à l'occasion du traditionnel mâchon lyonnais, "le repas matinal convivial autour d’un plat chaud et souvent d’un fromage pris par des personnes unies par l’amitié ou des pratiques professionnelles" (dixit les francs-mâchons).

(et Frédéric Dard, l'épique auteur lyonnais de San-Antonio, de s'enthousiasmer : "Lorsque le premier café a chassé le dernier sommeil et que l’avant-premier vin blanc a aiguisé le nouvel appétit, le corps et l’âme pleinement disponibles sont en idéal état de "mange". C’est l’instant du plat cuisiné, du vin fruité, de l’amitié que nulle fatigue n’affaiblit. L’heure où l’on boit doucement pour faire naître la soif sans gâcher la faim. L’heure où le soleil se lève sur les lumineux visages des Francs-Mâchons et leur dégouline dans le cœur via le gosier. Alors, à ce moment béni, capiteux, capital, les Francs-Mâchons savent que si Dieu n’existe pas, il fait en tout cas rudement bien semblant…" ).

Dans  un numéro daté de 1996 de The French Rewiew, publié par l'association américaine des professeurs de français en 1996 à l'occasion de son congrès à Lyon, S. Pascale Dewey, professeur au département de langues modernes de Kutztown University, en Pennsylvanie, écrivait ceci : "Après le marché, les grands chefs se retrouvent dans un bistrot intime pour faire le "mâchon", "casse-vin" de la matinée vers 10 heures quand vous vient un "petit creux"."

Couper le vin

Le "casse-vin" serait donc une autre façon de nommer le "mâchon".

Mais le "casse-vin" serait aussi une manière de casser le petit blanc ou le petit rouge du matin. En d'autres termes, de le "couper", d' "éponger", en d'autres termes,  avec quelques victuailles bien guignolesques.

Frédéric Dard toujours, dans son roman "Deuil Express", parle du casse-vin : "Quand ça mord pas, on plante sa gaule entre deux pierres et on va jouer aux boules. Or, jouer aux boules donne soif…Tout est là…Pour casser le Beaujolais, on mange du saucisson (…)"

Le Guichet du Savoir - formidable service de questions-réponses de la bibliothèque municipale de Lyon - que nous avons consulté, cite plusieurs ouvrages. Dont l'article Buvaison et lichaison au pays de Guignol et de Gnafron : le vin, son absorption, les plaisirs du gosier (tiré du livre "L'imaginaire du vin") : "Le vin ne s’avale pas forcément d’un trait. Le casse-vin, charcutaille ou saucisson par exemple, permet d’agréablement casser le vin."

Bref. Pour revenir à nos moutons, avec son rendez-vous mensuel du premier jeudi du mois, à la sortir du bureau, le  Bouchon Sully remet au goût du jour une vieille tradition lyonnaise. Soir ? Matin ? Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse !

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