Dossier Foot : Entrer dans un centre de formation (et en sortir...)

Rennes est depuis trois ans le meilleur centre de formation de France. En 2007 l’OL pointe à la 11ème place.

Contrairement à une idée reçue, et parfois contrairement à ce que clame l’OL, Lyon n’est pas le meilleur centre de formation de France. Certes Ben Arfa, Benzema, Clerc ou Govou sont issus de la formation maison et sont tous internationaux. Mais d’autres clubs sont bien plus efficaces pour faire signer des contrats pros.
L’OL possède plusieurs observateurs en France qui tous les week-ends scrutent, observent, fichent, notent, griffonnent les performances de jeunes joueurs. Quatre observateurs en Rhône-Alpes, trois en Ile-de-France, un en PACA et un en Midi-Pyrénées. L’OL possède également un observateur en Afrique. Si un joueur est repéré par ses yeux qui ont du nez question football, alors il devra passer entre 10 à 12 évaluations et si 18 joueurs passent ces évaluations, il devra être dans la première partie pour intégrer le centre de formation. Gérard Bonneau, responsable de la cellule recrutement, explique comment il procède pour recruter un jeune : “Si un jeune nous intéresse, la première démarche est de prendre contact avec le club amateur. Ce sera à eux de prévenir les parents.

Ensuite on présente notre sport étude, le suivi médical, etc. Si on sent chez les parents et le jeune un réel intérêt, si ce premier contact se passe bien alors on compare le jeune avec les nôtres. L’évaluation va nous permettre d’aller au fond des choses. Si un jeune a une bonne technique mais qu’il ne va pas vite, alors on prend des avis médicaux, on prend l’avis physiologique. Si tout fonctionne, on fera une proposition. Ceux qui réussiront sont ceux qu’on laisse tranquille, ceux qui ont le mental et surtout ceux qui sont les plus enthousiastes. Avant de percer, Clerc, il n’avait pas de talent. Personne n’en voulait. Il a fourni un tel travail qu’il y est arrivé. Le père de Benzema, il ne m’a demandé qu’une seule chose. Pas d’argent, rien. Juste que Karim dorme au centre de formation pour ne pas traîner au quartier”.

Quelques jours avant notre arrivée, Magassa, un jeune Malien de 18 ans était à l’essai à l’OL qui finalement ne l’a pas gardé. L’Afrique peut vite devenir un problème pour les recruteurs d’Europe. Il y a trois ans, l’OL reçoit un coup de fil du commissariat de la gare de la Part Dieu. Un jeune Africain avait des papiers avec le logo du club pour faire un essai à l’OL. Un peu surpris, M. Bonneau n’attendait personne, mais se rend au commissariat. Il récupérera un jeune tout sourire de 16 ans, et s’aperçoit que les papiers étaient des faux. Des intermédiaires font sans doute miroiter de belles perspectives à des gosses de Bamako ou de Dakar avec sur leurs épaules les maillots du Barça, de la Juve, de l’OL ou de l’OM. Ils n’ont qu’une idée. Les porter ici en Europe.

Mais pour porter le maillot d’une équipe professionnelle, il faut passer la barrière des contrats. Le premier se signe à 15 ans pour une durée de 3 ans. C’est le contrat aspirant. Ensuite à 18 ans, le joueur signera un contrat de stagiaire pour 2 ans. Enfin, le sésame suprême, le contrat pro à 20 ans. En moyenne en France, seuls 2 joueurs sur 10 y parviennent.

“Etre sous contrat, ça veut dire être désiré, avoir de l’argent et la reconnaissance”

Mathieu Remadi est passé par le centre de formation de Montpellier. Il était défenseur. Comme beaucoup, il n’a pas signé de contrats pros. Après des essais à Lyon, “c’était vraiment impersonnel”, à Monaco, il signera un contrat d’aspirant à Montpellier où il sera entraîné par une ancienne gloire du football lyonnais, Fleury Di Nallo, le “petit prince” de Gerland dont il n’a pas gardé de bons souvenirs : “ Il n’avait pas de pédagogie. Et puis, Di Nallo, il ne voulait que des blacks. Des mecs de 24 ans qu’il faisait jouer en – de 17 ans”. Mathieu Remadi fait référence au trafic d’âge des joueurs africains qui trichent sur leur état civil pour se rajeunir et jouer dans les catégories inférieures. Di Nallo démentira. “On avait des africains comme tout le monde. On n’a pu avoir un doute sur un ou deux joueurs. On a eu un doute sur Bagayoko par exemple, mais Maoulida ou Bamago, ils étaient nés en France”.

Aujourd’hui cadre dans le commerce international, Mathieu Remadi ne regrette absolument pas de ne pas avoir réussi dans le foot. “Pour réussir, il faut de la passion. A un moment je me suis posé la question. Est-ce que t’as envie de devenir quelqu’un de normal ? J’ai été blessé, c’est ça qui m’a permis de prendre du recul. Bon, être sous contrat, ça veut dire être bon, être désiré, avoir de l’argent, la reconnaissance, le matériel fourni par le club. C’est une belle expérience”. Et c’est Fleury Di Nallo qui l’a conforté dans son choix. “Un jour Fleury arrive et il me dit : “j’ai deux grands défenseurs blacks. T’es sous contrat, alors essaie de voir ailleurs. Il m’a décidé. En plus j’avais vu des choses bizarres. J’ai vu des joueurs jouer sous infiltration. Ce qui permet de soulager la douleur. Ils n’étaient même pas soignés”. Il ne regrette rien sinon le déchet de joueurs fabuleux qui sortent de ces centres de formation. Car entre un jeune qui signe pro, et un joueur qui n’y parvient, y a-t-il vraiment une grande différence ?Je n’étais peut-être pas assez passionné” conclura-t-il.

Pour Milan Thomas (photo) autre trajectoire. Formé à Lyon et annoncé comme l’un des joueurs les plus talenteux de sa génération, le jeune homme va vite déchanter puisqu’il ne sera pas conservé par Gérard Houllier, alors à la tête de l’OL. “J’étais forcément déçu de ne pas signer pro à l’OL mais à cette époque, il y avait une une forte concurrence au milieu de terrain avec les Essien, Diarra, Tiago, Juninho” , assure-t-il aujourdh’ui. Après un passage à Metz (Ligue 1) et à Cannes (National), Milan Thomas évolue depuis quelques mois en Ecosse à Livingston (D2). L’ancien pensionnaire du centre de formation de l’OL espère pourquoi pas un jour revenir jouer en France. ”À moyen et long terme, j’aimerais bien revenir en France, même si une expérience à l’étranger ne me déplairait pas”.

Scout 7, base de données mondiales des stars de demain

Scout 7 est une structure basée à Birmingham qui existe depuis 2001 et qui pourrait bien modifier la physionomie du recruteur sportif ces prochaines années. Scout 7 se présente ni plus ni moins comme la technologie du XXIème siècle dans le recrutement de joueurs. Pour avoir accès à Scout 7, il faut être abonné. L’Olympique Lyonnais, le PSV Eindhoven, le FC Séville, Villareal ou encore l’AJAX d’Amsterdam peuvent accéder à une base de données de plus de 70 000 joueurs dans 127 pays du monde. C’est une révolution dans la manière de repérer et d’observer les stars de demain.

Sur Internet ou sur leurs mobiles, les recruteurs des clubs peuvent avoir des informations sur un joueur n’importe où dans le monde. Une fiche détaillée du joueur indique ses statistiques, le type et la durée de son contrat, des détails sur son agent, des détails sur son comportement, etc. Le club peut même avoir des informations sur son comportement sur le marché des transferts afin de mettre en place une démarche plus compétitive. Le système permet d’archiver des informations confidentielles sur les systèmes ou des phases de jeu de clubs. Quant à savoir si la glorieuse incertitude du sport est préservée, ça… tout est fait en tout cas pour la limiter !

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