Charles Jourdan : "Des chaussures pour la mère de Paris Hilton"

Jeudi 29 novembre, le tribunal de commerce de Romans-sur-Isère a accordé un délai jusqu'au vendredi 14 décembre au potentiel repreneur. Omniscent, un développeur de marques basé en Floride, attend d'avoir en mains les titres de propriété de la marque Charles Jourdan. En effet, Yannis Bilquez, actuel propriétaire de la marque, les aurait " perdus ". L'homme est actuellement en détention à Genève, soupçonné d'avoir détourné 13,5 millions d'euros. Entretien avec Me Gérard Binet, avocat d'Omniscent France.

Lyon Capitale : Pourquoi un groupe international comme Omniscent s'intéresse-t-il à l'entreprise drômoise Charles Jourdan ?
Me Gérard Binet : Aux Etats-Unis, Charles Jourdan a une aura très, très importante. Charles Jourdan est l'une des marques mondiales qui représente la vraie chaussure de luxe. La classe à l'état pur.

Quel est l'objectif du rachat de Charles Jourdan ?
Omniscent est associé à la famille Hilton, ancienne propriétaire du groupe hôtelier du même nom. Le but est de lancer, aux Etats-Unis, une ligne de chaussures très haut de gamme appelée " Kathy Hilton by Charles Jourdan ".

Lucien Lallouz, mon client (ndlr, le PDG d'Omniscent), est un architecte des marques : il met en relation un fabricant et des personnalités. Pour Kathy Hilton, la mère de Paris Hilton, Omniscent a déjà lancé des sacs et des lunettes. Il manquait la chaussure de luxe.

Omniscent souhaite la marque Charles Jourdan. Qu'en est-il des salariés ?
Sur les 197 employés de l'entreprise, nous en garderons 143, soit 54 qui seront malheureusement licenciés. Nous rejoignons ce que veulent les salariés : la marque ne va pas sans la fabrication.

Mon client Lucien Lallouz s'est déplacé à Romans-sur-Isère. Il a compris que pour optimiser la marque, il fallait garder la fabrication en France. Il s'est rendu compte qu'il y avait un savoir-faire extraordinaire à Romans-sur-Isère et qu'il avait affaire à d'authentiques artisans.

Quels sont les changements qui seront opérés ?
La production, il faut refaire partir la production. Aujourd'hui, Charles Jourdan produit 60 000 paires de chaussures par an. Pour nous, c'est insuffisant. Depuis des années, les boutiques ne peuvent pas être approvisionnées comme elles devraient l'être. L'affaire sera rentable pour Omniscent quand l'entreprise atteindra les 160 000 paires annuelles, sachant qu'une paire de chaussures, en sortie d'atelier, avant tout bénéfice, sort entre 92 et 93 euros.

Pour nous aider, nous ferons très certainement appel à un sous-traitant espagnol, qui travaille depuis 25 ans avec Charles Jourdan. On espère peut-être aussi former des jeunes, ces derniers délaissant progressivement le secteur. On ne veut pas que Romans-sur-Isère devienne un musée.

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