Gilles Freyer, directeur médical de l’Institut de cancérologie des HCL © Tim Douet
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Gilles Freyer : “Nous guérissons plus de la moitié des cancers”

Le professeur Gilles Freyer, directeur médical de l’institut de cancérologie des HCL, fait le point sur les avancées des traitements contre le cancer et de l'accès aux innovations pour les patients.

Lyon Capitale : Dans la bataille contre le cancer, la médecine est-elle en train de gagner ? Gilles Freyer : Entre la prédiction de Kennedy d’aller sur la Lune et celle de Nixon de guérir le cancer, c’est Nixon qui s’est trompé. Probablement parce que, technologiquement parlant, c’est beaucoup plus difficile. Cette maladie est d’une grande complexité et a de fortes capacités de résistance et de contournement des initiatives humaines. Mais, tout de même, nous guérissons 55 % de tous les cancers. En médecine, peu de spécialités guérissent plus de la moitié de leurs malades. Ce que nous avons aussi profondément transformé avec la médecine de précision, c’est la durée de vie. Tous les indicateurs le montrent. En revanche, nous avons progressé dans de moindres proportions sur l’éradication complète et définitive de la maladie. Améliorer la curabilité est clairement l’enjeu. L’identification de mécanismes à l’échelle de la cellule est la grande révolution permise par la biologie moléculaire. Quel est l’impact sur les patients ? La biologie moléculaire est devenue notre quotidien. Dans certaines situations, les thérapies ciblées prescrites n’ont pas besoin de test préalable puisque l’on sait qu’elles fonctionnent en agissant sur un mécanisme général (par exemple l’angiogénèse, c’est-à-dire la production de vaisseaux sanguins). Aujourd’hui, nombre de thérapies ciblées nécessitent simplement de prendre un comprimé par jour à la maison et sont beaucoup plus efficaces que la chimiothérapie d’autrefois. Dans d’autres cas, nous devons aller rechercher les anomalies spécifiques qui conditionnent l’efficacité du médicament. Ces tests peuvent aller de techniques simples sous le microscope jusqu’au séquençage nouvelle génération de l’ADN où des machines sont capables de dresser une carte d’identité génétique à très grande vitesse et à bas coût. Ce qui prenait un an de recherche il y a vingt ans se règle aujourd’hui en quelques heures. Malheureusement, l’accès aux thérapeutiques innovantes se réduit en France sous l’influence d’un allongement anormal des délais de remboursement des médicaments et d’une incontestable crise de l’expertise. Alors que nous étions parmi les trois premiers pays au monde à donner accès aux patients aux premières thérapies ciblées des années 2000, nous sommes en train de décrocher du peloton de tête.

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