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Transports : les dessous d'une guerre entre le Grand Lyon et "les villages"

Le Département a adopté ce lundi une délibération permettant la création de "mini-Sytral" en dehors de la communauté urbaine. Un moyen pour les communes alentour d'échapper au projet métropolitain voulu par Gérard Collomb. Explications.

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Des élus socialistes, théâtraux, qui se lèvent en pleine séance départementale vendredi dernier, Mercier qui menace de quitter le Sytral, Collomb qui en représailles pourrait gêner les transports scolaires hors agglomération... et les cantonales qui approchent. C'est une délibération sur les transports qui a mis le feu aux poudres, laquelle envisage de créer un syndicat hors agglomération.

La situation actuelle n'est pas satisfaisante. Aujourd'hui des autocars du département entrent dans le Grand Lyon, mais ne font que déposer des voyageurs, sans possibilité d'en "charger". Et des lignes TCL sortent de l'agglomération, par des conventions spécifiques, selon une fréquence imparfaite. Par exemple, Genas ne compte qu'une ligne (n°68) qui traverse son territoire. Et encore faut-il compter 31 minutes pour rallier Vaulx-en-Velin la Soie avant de prendre une correspondance, par exemple le métro A ou le tramway T3. Autant dire que les habitants de Genas comptent surtout sur leur véhicule pour se déplacer.

La condition posée par Rivalta et Collomb

Des discussions en cours portent sur l'élargissement du périmètre du Sytral. Elles ont cependant achoppé avec la communauté de communes du pays d'Ozon, au sud de Lyon. "Le service était intéressant pour les populations mais le coût trop important pour les entreprises pour qui le service était insuffisant", raconte Raymond Béal, maire de St-Symphorien d'Ozon et président de la communauté de communes. Décision a été prise de poursuivre avec les cars du conseil général qui ne coûtent rien à ces villes et villages. Les communes de l'Est lyonnais semblaient, elles, sur le point de parvenir à un accord.

Mais ce scénario a du plomb dans l'aile depuis que Gérard Collomb et Bernard Rivalta ont a ajouté une condition en novembre : que ces collectivités adhèrent aussi au pôle métropolitain qui rassemblerait St-Etienne, Vienne, le Nord Isère et la Plaine de l'Ain (1). "Cela correspond au bassin de vie des gens", argue Jérôme Sturla, conseiller général PS. Le communiqué du groupe socialiste fait clairement le lien : "Pour nous, une politique volontariste de déplacement pour notre département doit s'inscrire prioritairement dans une perspective métropolitaine pourtant défendue par Michel Mercier lorsqu'il est ministre".

Des villages gaulois ?

Or la communauté de communes de l'Est Lyonnais ne veut pas entendre parler de métropole. "On a besoin de transport, pas du reste", résume Daniel Valero, maire de Genas et vice-président de la communauté de communes de l'Est lyonnais. Sa ville s'est en effet toujours battue pour rester extérieure au Grand Lyon. Elle craint de perdre le contrôle de son développement, faute de poids dans un ensemble plus vaste. "Au sein de la métropole, on va représenter 30.000 habitants dans un pôle de plus d'un millions et demi d'habitants", calcule le maire. "Toutes les communes de l'Est ont conscience de devoir accueillir la croissance démographique à venir, développe sa collaboratrice. Mais on veut le faire à notre rythme. On a subi beaucoup de nuisances, la rocade, l'aéroport... on a abîmé nos espaces naturels et couloirs verts. De plus, tous ces maires ont besogné pour aller chercher des entreprises et les faire venir sur nos territoires. Alors on veut avoir un retour sur investissement". Beaucoup de ces communes profitent de leur proximité avec Lyon et de leur imposition douce pour attirer des sociétés, pratiquant allègrement une forme de dumping fiscal.

L'élargissement du Sytral pourrait aussi se heurter à un autre problème. Même en dehors de la communauté urbaine et du pôle métropolitain, les communes seraient soumises au versement transport, acquitté par les entreprises en contrepartie du service rendu. Or comme l'observe Pierre Jamet, directeur de cabinet du conseil général, certaines communes rurales sont récalcitrantes à payer autant - le versement transport à un taux unique - que Lyon, Villeurbanne ou Bron qui elles, bénéficient d'une offre autrement plus importante, avec métro, tram et trolleybus.

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Un taux de 0,6% au lieu de 1,75%

L'autre scénario, défendu par le Département, consiste en la création de plusieurs autorités organisatrices de transports, avec possibilité de délégations de service public. Des mini-Sytral en somme. Le taux de versement de transport serait autrement plus doux, 0,6% contre 1,75% pour le Sytral. Ces différentes autorités se retrouveraient dans un syndicat mixte plus large, englobant les transports de la région urbaine de Lyon, associant la région. Syndicat qui découle de la soi SRU. A double titre, Bernard Rivalta devait s'opposer à cette délibération portée par Michel Mercier. Parce qu'il est président du groupe socialiste au Département et que les cantonales approchent. Parce qu'il préside le Sytral ; or Mercier dessine une alternative au Sytral pour les communes extérieures au Grand Lyon.

(1) Condition qui n'a toutefois pas été exprimée à la communauté de communes du pays d'Ozon.

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