Programme des candidats : aider les Français à sortir de la crise

D'ici à dimanche, jour du premier tour de l'élection présidentielle, Lyon Capitale vous propose un résumé des programmes des 10 candidats à la présidence de la République. Second thème aujourd'hui : comment sortir les Français de la crise. Découvrez les propositions des candidats sur le pouvoir d'achat, le logement, la sécurité, la santé et l'éducation.

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Pouvoir d'achat

La gauche radicale, les candidats Arthaud, Poutou et Mélenchon, ont une idée très simple et un brin démagogique pour relever immédiatement le pouvoir d'achat des Français : monter le niveau du SMIC à 1700 euros nets avec effet immédiat. Le financement de cette mesure est un peu flou même si, pour ces trois candidats, il passe forcément par la taxation des Français les plus aisés et par la captation des richesses des entreprises. L'inclassable Jacques Cheminade propose peu ou prou la même revalorisation du SMIC. Il se donne toutefois deux ans pour atteindre les 1700 euros. Pour ces quatre candidats, le montant des retraites atteindra aussi ce montant. Un peu moins ambitieux ou plus réaliste, Europe Écologie veut augmenter durant son quinquennat les minima sociaux de 50%. Les écologistes se distinguent des autres candidats en prônant la création d'un revenu minimum d'insertion de 600 euros à destination des jeunes. Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou souhaitent ouvrir le RSA aux 18-25 ans.

Nicolas Sarkozy, qui se présentait en 2007 comme le président du pouvoir d'achat, ne prévoit pas de dispositifs spéciaux. L'amélioration du train de vie des Français découlera, pour son camp, des mesures prises pour améliorer la compétitivité des entreprises et par conséquent par un retour de la croissance. Entre 2007 et 2012, la ligne sarkozyste n'a pas bougé. Petit changement avec effet immédiat sur la fiche de paie des travailleurs les moins bien payés (entre 1000 et 14000 euros), la prime à l'emploi sera désormais lissée sur les douze mois de l'année. Dans le meilleur des cas, elle se traduira par un gain d'une centaine d'euros par personne. La proposition s'articulera autour d'une baisse des charges sociales de ces travailleurs. Pour inciter les Français à travailler et lutter contre le “cancer de l'assistanat”, Nicolas Sarkozy entend limiter les revenus sociaux, qui ne pourront pas dépasser le seuil de 75% du SMIC. Le président-candidat propose aussi la création d'une agence nationale de recouvrement des pensions alimentaires afin d'aider les familles monoparentales.

Son principal challenger, François Hollande, propose lui en direction des familles une augmentation de 25% de l'allocation de rentrée scolaire. Cette idée est aussi portée par François Bayrou. Dans les mesures visant à améliorer le pouvoir d'achat, le candidat du PS se propose d'indexer le SMIC sur la croissance et non plus sur l'inflation. Quant à sa réforme du quotient familial, elle n'a qu'une visée : réaliser des économies. Elle permettra notamment de financer les 25% de hausse de l'allocation de rentrée scolaire dont l'assiette sera ainsi plus large. Pour les dépenses énergétiques des ménages, le député de la Corrèze prévoit une nouvelle tarification, à la baisse, du prix de l'eau, de l'électricité et du gaz avec l'objectif de "faire sortir 8 millions de Français de la précarité énergétique".

Pas de surprise au FN, où l'augmentation du pouvoir d'achat passera par la préférence nationale. Les allocations familiales pour les familles étrangères seront supprimées permettant ainsi de créer un revenu parental. C'est surtout en matière d'énergies que Marine Le Pen veut aider les Français, en instaurant une TIPP flottante pour atténuer l'effet des hausses du prix du baril de pétrole sur le portefeuille des ménages. Le FN veut aussi obliger les opérateurs de télécommunication, de transports publics et les distributeurs de gaz et d'électricité à plafonner leurs prix. Pour les transports en commun, le NPA de Philippe Poutou va plus loin en réclamant leur gratuité.

François Bayrou, qui a fait de la sortie des déficits publics son objectif principal, se tient éloigné de ces mesures qui pour la plupart des candidats passent par des dépenses sociales. Il se contente de proposer une revalorisation des petites retraites.

Logement

Si Nicolas Dupont-Aignan n'affiche pas de mesures clairement destinées à relever le pouvoir d'achat des Français, il veut encadrer les loyers dans le parc privé. Une mesure qui aurait un impact direct sur le porte-monnaie des Français. Cette idée est reprise un peu partout sur l'échiquier politique (François Hollande dans les zones où les prix seront jugés excessifs, le NPA avec des loyers fixés par l'État, et Lutte Ouvrière). Cette mesure se retrouve aussi dans le programme d'Éva Joly, qui souhaite geler le montant des loyers pour les trois prochaines années, le temps pour elle d'initier la construction de 160000 logements par an. Jean-Luc Mélenchon entend mener la même politique de gel des loyers mais sur deux ans.

La loi SRU – qui oblige les communes à atteindre le seuil de 20% de logements sociaux – est au cœur de toutes les attentions. Éva Joly veut la relever à 25% et à 30% en région parisienne. Le PS se fixe le même objectif chiffré de 25% et entend dissuader les élus locaux récalcitrants en multipliant l'amende par cinq. François Bayrou veut élargir le principe de 20% à toutes les constructions neuves. Jacques Cheminade se montre menaçant : les villes qui n'auront pas au moins 10% de logements sociaux seront destituées de leur droit de signer des permis de construire, le préfet se substituant alors au maire. Seule Marine Le Pen veut assouplir cette loi. Elle programme en outre de raser les barres HLM construites entre 1955 et 1970.

Le PS veut inventer une nouvelle règle dans la promotion immobilière : un tiers de logement libre, un tiers à loyer modéré, un tiers en accession sociale à la propriété. Sur ce dernier point, Nicolas Sarkozy veut promouvoir l'achat d'appartements sociaux par leurs occupants. La grande mesure du candidat de l'UMP consiste à créer les conditions de la création de logements par le privé en augmentant de 30% les mètres carrés à construire sur l'habitat existant. Une mesure qui répond à la proposition de François Hollande de céder gratuitement les terrains de l'État aux collectivités pour créer des logements. À gauche, tous partis confondus, on se fixe l'objectif de construire sur cinq ans entre 2 et 2,5 millions de logements nouveaux avec un curseur mis sur les étudiants et les classes populaires. Nicolas Dupont-Aignan vise lui 2 millions de nouveaux propriétaires aidés par des prêts garantis par l'État.

Santé

Concernant le remboursement des médicaments, deux clans s'opposent : un front Dupont-Aignan-Sarkozy-Bayrou qui propose de maintenir une politique de déremboursements, tous les autres candidats voulant revenir en arrière sur la politique menée par le gouvernement Sarkozy. Pour la gauche, il est question de re-rembourser à 100% et de supprimer les forfaits hospitaliers. François Hollande est un peu plus vague, esquissant seulement une baisse du prix des médicaments.

Jacques Cheminade émet la volonté de débloquer 13 milliards d'euros pour revenir à un remboursement de 80% des soins. Il va plus loin que les autres candidats en proposant une mesure coûteuse : rembourser les soins auditifs, oculaires et dentaires au même niveau que les autres soins. À l'UMP, on déclare ouverte la chasse aux fraudeurs et aux examens inutiles. Jean-Luc Mélenchon veut rendre obligatoire la prescription de médicaments génériques. Les dépassements d'honoraires sont aussi dans le viseur de la gauche radicale.

La répartition géographique des praticiens est aussi un sujet fort de la campagne. En la matière, les candidats se divisent en deux. Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Éva Joly, François Hollande ou encore Nicolas Dupont-Aignan proposent la création de "maisons de santé" dans chaque désert médical. La gauche radicale et le Front National veulent solder le problème en élargissant le numerus clausus des facultés de médecine. Le Modem et Marine Le Pen entendent redonner le goût de la ruralité aux jeunes praticiens en leur imposant des stages en milieu rural. Nicolas Dupont-Aignan désire obliger les médecins à débuter leur carrière par deux années d'exercice dans des déserts médicaux avec une explication : "La formation est payée par la collectivité et l'activité financée par la Sécurité sociale."

La question de l'euthanasie, englobée par le pudique terme de "fin de vie", clive aussi les candidats. Éva Joly, Jean-Luc Mélenchon souhaitent l'autoriser. François Hollande aussi à la condition que quatre praticiens valident ce choix. Nicolas Sarkozy et François Bayrou ne veulent pas aller plus loin que la loi déjà existante. Jacques Cheminade se déclare lui hostile à cette "tendance pernicieuse".

Quel que soit le candidat élu, une grande réforme de la dépendance devrait être engagée. Nicolas Sarkozy qui l'a repoussée d'année en année la promet désormais pour 2013. François Hollande et Jean-Luc Mélenchon veulent instaurer une aide financière pour les personnes âgées. Le Modem ambitionne de faire appel à la solidarité des Français sur le modèle du lundi de Pentecôte.

Éducation

Jacques Cheminade se singularise par ses propositions lunaires : il veut instaurer l'enseignement des grandes découvertes scientifiques et spatiales. Son programme éducatif s'articule autour du recrutement de 50 000 professeurs pour créer des classes de 15 à 20 élèves, et de l'apprentissage du chant choral.

À l'UMP, le volet éducation du programme de Nicolas Sarkozy s'inscrit dans la continuité de son mandat. L'autonomie des universités sera accrue. Après s'être attaqué au lycée, ce sera désormais au collège d'être réformé. Et l'actuelle majorité présidentielle promet la fin du collège unique. L'apprentissage sera favorisé et ce dès l'âge de 14 ans. La priorité est mise sur une professionnalisation des cursus. Cette ligne directrice devrait déboucher sur une promesse du président-candiat : que les entreprises accueillent 5% d'apprentis. Marine Le Pen propose un programme similaire à une différence nette : les départs à la retraite seront compensés. François Bayrou prend aussi position pour une Éducation nationale plus en lien avec le privé (développement de l'enseignement par alternance et de l'apprentissage). L'ancien ministre de l'Éducation nationale encourage aussi la possibilité pour les élèves de fréquenter les établissements hors des heures de cours pour effectuer des heures de soutien.

François Hollande, qui fait de l'éducation un axe fort de sa campagne, veut redonner des moyens aux professeurs. Il en recrutera 60 000 nouveaux et affectera des ressources supplémentaires aux établissements placés en zones sensibles et rurales. Le PS, tout comme le Modem et Les Verts, souhaite aussi réinstaurer une formation pour les enseignants. Les promesses d'embauches dans l'Éducation nationale sont variables en fonction des candidats (20 000 pour Éva Joly, 10 000 pour Philippe Poutou, fin de la règle du non-remplacement pour le Front de Gauche, 30 000 pour Debout La République et un très vague recrutement massif pour Nathalie Arthaud). En cas de victoire de la gauche, le rythme scolaire devrait aussi évoluer : moins d'heures par semaine en contrepartie de moins de vacances. La carte scolaire, elle, disparaîtrait.

Sécurité

Thème important de la campagne en 2002 et 2007, la sécurité est cette année reléguée au second plan. Le FN, pour qui la sécurité est une marotte, réglera les problèmes en expulsant tous les étrangers multi-récidivistes. En cas d'élection de Marine Le Pen, les effectifs de la police augmenteraient significativement. Comme le FN ou Nicolas Dupont-Aignan, l'UMP veut revenir sur les remises de peine automatiques. Le programme de Nicolas Sarkozy sur la sécurité propose une réforme de fonds du code des mineurs allant vers une plus grande responsabilité pénale des jeunes délinquants. Jean-Luc Mélenchon vise lui une autre population et se lance dans la traque aux délinquants en col blac. François Hollande veut, lui, faire revenir la police de proximité dans les quartiers où les effectifs seront renforcés (10 000 nouvelles embauches).

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