PAPY TOURAINE FAIT DE LA RESISTANCE

Ancien concurrent de Collomb pour la mairie de Lyon, et "conscience morale" de la gauche lyonnaise, Jean-Louis Touraine, élu député en juin, n'entend pas abdiquer. Et pourrait même être un recours.

Lyon Capitale : Il se dit que, s'il est réélu, Gérard Collomb (PS) ne veut pas vous garder comme premier adjoint...
Jean-Louis Touraine : J'ai plutôt l'impression d'une bonne solidarité d'équipe. Il m'a demandé de conduire la liste dans le 8e, alors qu'il y avait d'autres alternatives. Gérard Collomb est un pragmatique, il considère que c'est moi qui peut faire le meilleur score. Il m'a aussi dit qu'il me verrait bien continuer comme premier adjoint, puisque notre tandem s'est avéré complémentaire et efficace. Je crois que ma complémentarité avec lui apporte aussi au plan électoral. Les mariages de raison sont les plus solides et les plus durables. De plus, avec le temps, il s'est tissé une affection et une confiance réciproques.

Vous avez donc envie d'être reconduit dans vos fonctions ?
Oui. Même si on ne reconduit pas à l'identique. Il faut sans doute redéfinir ma délégation. Ce qui est attribué au premier adjoint a une portée symbolique. En 2001, Gérard Collomb m'a confié la tranquillité publique et les transports parce que cela semblait alors être les priorités pour les Lyonnais.

Quelles pourraient être les nouvelles priorités, et donc vos nouvelles délégations ?
C'est trop tôt pour le dire. Et puis je ne cherche pas un tremplin pour autre chose. Je veux que le projet de la nouvelle équipe soit gagnant, et offre de nouveaux rêves. Pour notre équipe, exercer un seul mandat, cela donnerait une impression d'inachevé. Regardez Michel Noir, qui a pourtant été un maire actif... En deux mandats, par contre, on peut faire prendre un authentique tournant. Notre objectif, c'est de développer une ville avec une meilleure qualité de vie, où la nature a plus de place, avec une diminution de la pollution et du stress, avec des rapports humains plus solidaires...

C'est sur le social, justement, que le mandat de Collomb a péché...
En terme d'affichage, vous avez peut-être raison. Le fait que la gauche revienne au pouvoir après tant d'années avait suscité des espoirs considérables auprès des travailleurs sociaux, des structures, des associations... Espoirs qui, pour des raisons budgétaires, n'ont pas pu être tous remplis. Mais il y a une vraie progression des budgets ! On a fait moins que ce que certains espéraient, mais beaucoup plus que ce qui était fait avant ! Et on a mis en avant certaines valeurs, par exemple à Lyon 3, pour écarter le négationnisme de notre ville. Mais je reconnais que c'est une question sur laquelle nous devrons progresser.

Collomb n'aurait-il pas intérêt à choisir Nathalie Perrin comme premier adjoint, dans l'idée qu'elle lui succède un jour ?
Il a dit "qu'un jour" elle pourrait le devenir. C'est une élue de grande qualité mais c'est peut-être un peu tôt pour elle. Premier adjoint est une fonction qui demande travail solidaire et expérience. Il faut que le premier adjoint puisse suppléer le maire au pied levé et soit très proche politiquement de lui, pour qu'il ne prenne pas, en son absence, des décisions contraires à sa politique. Souvenez-vous quand, au début du mandat, puis au milieu de celui-ci, Gérard Collomb a dû être opéré... Quand il est revenu de sa convalescence, il a apprécié de trouver les choses en ordre, sans modification d'orientation.

N'a-t-il pas aussi besoin d'afficher un renouvellement et une féminisation de son équipe ?
Il y aura dans son équipe d'adjoints autant de femmes que d'hommes. Il faut bien sûr laisser émerger une nouvelle génération, et nous le ferons, mais il serait dangereux de changer tout le monde. Sinon on perdrait l'expérience - en 2001, il nous a fallu plusieurs mois avant d'être efficaces - et même la confiance des Lyonnais ! Certains voteront pour nous parce qu'ils considèrent que l'équipe travaille bien.

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