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Michel Noir : le retour toujours fantasmé

QUE SONT-ILS DEVENUS ? - Meurtri par sa chute, l'ancien maire de Lyon se consacre à sa nouvelle carrière d'entrepreneur. Mais l'homme n'a pas quitté la capitale des Gaules, reste encarté à l'UMP et ne rechigne pas à donner son avis sur le Grand Stade ou l'Hôtel-Dieu. Le choix de Collomb "n'est pas à la hauteur des enjeux", nous a-t-il confié.

Michel Noir interroge : il est le seul ex à ne pas avoir entrepris de come-back. D'autres, emportés par les affaires, s'y sont cassés les dents. Alain Carignon ou Charles Millon, taclés par la justice, ont cru pouvoir garder la confiance des urnes. En vain. Patrick Balkany lui a réussi, dans un bastion de droite. L'ex-maire de Lyon va-t-il tenter la rédemption impossible ? "Il faut qu'il en ait envie et que les circonstances s'y prêtent", souligne un élu de droite.

Les circonstances pourraient être là. Le sondage OpinionWay / Lyon Capitale montre qu'aucune personnalité de droite n'émerge dans la perspective des municipales de 2014. Mieux : 31% des Lyonnais estiment que ce meilleur candidat de droite est une "autre personnalité locale" non déclarée. D'aucuns prétendent que lui seul peut prétendre jouer ce rôle. "Un homme politique n'est jamais mort quand il ne l'est pas physiquement", plaisante Henry Chabert, son ex-adjoint à l'urbanisme, qui parle sans doute autant de lui que de son ex-patron. La droite qui se cherche un leader est nostalgique des années Noir : en 1989, elle avait raflé les neuf arrondissements.

Retrouver la réussite par les échecs

Mais l'envie fait défaut. Michel Noir assure être définitivement emporté par la tentation de Venise. Il ne le dit pas mais il a été meurtri par sa chute. "Faire de la politique au prix que j'ai payé, je ne voulais pas continuer". Condamné à cinq années d'inéligibilité pour abus de biens sociaux dans l'affaire Botton, il n'a alors pas eu le choix : il devait quitter la politique. Mais son choix à lui, ce sera de ne pas y revenir. En 1997, son mandat de député arrivant à son terme, il a trouvé refuge dans un laboratoire de recherche de Lyon 2. Et s'est consacré à une thèse en sciences cognitives, décrochant un doctorat. Son champ d'étude : la possibilité de retarder voire d'empêcher la survenue d'une pathologie neuro-dégénérative par des activités qui mobilisent les neurones. "J'ai pu faire ce qui m'intéressait, en traitant d'un sujet d'intérêt général. En tant que maire et parent d'élève, j'avais observé que le jeu d'échec apportait des bénéfices aux enfants, en termes de mémoire, de concentration". Dans la frénésie de sa nouvelle vie, Noir publie des romans, des poèmes puis créée une entreprise Scientific Brain Training (SBT). Une société qui emploie 80 personnes.

"Il a un accès direct à tous les élus"

Entrepreneur, Michel Noir garde un pied en politique, encarté à l'UMP. "C'est un observateur attentif, un oeil critique sur la situation", décrypte Henry Chabert. "Je reste à la disposition de mon mouvement pour tout, sauf me présenter à une élection", prévient Noir. Il se plaît à endosser ce rôle de "vieux sage". Mission qu'il a endossée lors des dernières municipales, en soutenant la candidature de Dominique Perben. Un homme dont il est proche : il est le parrain de l'une de ses filles. S'il a mis à disposition de l'ancien garde des Sceaux ses propres réseaux, il a pris ses distances avec lui après l'alliance avec les millonistes.

Noir garde depuis un rôle dans l'ombre, publiant de temps à autre sur son blog. "Il a un accès direct à tous les élus", remarque un de ses soutiens. Fabienne Lévy, qui projetait de se présenter à la Croix-Rousse lors des prochaines cantonales, lui devrait son éviction. "Je me suis exprimé en comité départemental. Ce n'est pas la personne qui est en cause, mais un principe d'efficacité, en l'occurrence le non cumul des mandats". Fabienne Lévy est en effet conseillère municipale, communautaire et régionale.

Très critique sur Collomb sur le Grand Stade et l'Hôtel Dieu

Noir rend sa parole parcimonieuse, n'intervenant que dans les gros dossiers. Sa dernière intervention publique remonte au 30 mai quand il a fait la leçon à Rama Yade, en réponse à une interview donnée quelques jours plus tôt au Progrès. La secrétaire d'Etat avait affirmé, sans ciller, que "la position de l'UMP est très claire : elle soutient fermement la candidature de la France à l'Euro 2016 et donc le projet de l'OL Land qui est l'un des points forts". Dans un courrier, l'ancien maire déplore que soient mobilisés "près de 300 millions d'euros d'argent public pour un projet privé". Un principe que Noir juge "inacceptable ", comme il trouve incompréhensible "qu'un ministre de la République défende l'idée que l'argent public puisse profiter à une société privée". "Gerland est sans doute la meilleure solution", avait-il déclaré dans Lyon Capitale, en mai 2009.

Acerbe sur le Grand Stade, il l'est aussi sur la rénovation de l'Hôtel-Dieu. Il nous a confié sa réaction. "Pour le développement de Lyon, le point-clé, c'est l'université et la recherche. Il fallait faire la même opération qu'à la Manufacture des Tabacs. Racheter le site, ici conserver le musée et mettre tout le reste à la disposition de l'université, plutôt que de faire un Grôlée-bis qui sera une catastrophe. Ce choix n'est pas à la hauteur des enjeux".

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