Un cambriolage à eu lieu dans le quartier quartier Ferrandiere / Maisons Neuves, le suspect à d'abord volé les clés de l'appartement.
(image d’illustration – @ WilliamPham)

L'échec cuisant de la mission d'évaluation sur la sécurité à Lyon

Six mois plus tard, l'opposition au conseil municipal, fait le bilan de la Mission d'information et d'évaluation de la sécurité à Lyon. En cœur, ils dénoncent la méthode des écologistes. La majorité se défend, dans ce qui ressemble à un échec pour tous, y compris les Lyonnais.

La scène avait des airs d'annonce d'une candidature unique pour les prochaines élections municipales. Ce mardi, les trois groupes d'opposition au conseil municipal de Lyon ont convoqué la presse pour présenter leur bilan de ce qu'ils considèrent être "une opportunité manquée", "une mascarade" : la mission d'évaluation et d'information (MIE) sur la sécurité à Lyon.

Pas d'audition des services de l'Etat

Majorité qui n'a "pas pris au sérieux" l'exercice, "débats cadenassés"... en cœur, réunis par une méthode unanimement jugée "pas convenable", Pierre Oliver, patron de la droite, Yann Cucherat, président du groupe "Pour Lyon", et Georges Képénékian, président du groupe "Progressistes et républicains", ont dénoncé "le double discours" de l'exécutif sur le sujet. Le rapport sera rendu le 9 juin en commission sûreté, puis présenté au vote en conseil municipal vingt jours plus tard, quoi qu'il en soit, "il ne se passera rien", déplore Yann Cucherat. Dans l'entourage de Grégory Doucet, on se défend : "Nous voulions dépasser les querelles, c'est pour cela que nous avons laissé la présidence de la MIE (le règlement intérieur impose de laisser soit la présidence, soit le poste de rapporteur aux opposants, Ndlr) à l'opposition (Béatrice de Montille, Ndlr). Ils ont également eu le droit d'amender et une contribution de deux pages par groupe, ça ne se fait jamais d'habitude."

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Les présidents des groupes d'opposition et les membres de la MIE se sont rassemblés. (Photo : NC)

Mais pour l'opposition, tout cela n'était en fait que de "l'affichage". "Nous avons été incapable d'auditionner les personnes que nous souhaitions, assure David Kimelfeld. Et d'ajouter : Alexandre Vincendet, (député LR du Rhône, Ndlr) co-rapporteur de la mission flash sur le recrutement et la formation des polices municipales nous a été refusé. Nous avons eu au lieu de ça un chercheur grenoblois contre la vidéosurveillance qui ne connaissait pas la situation lyonnaise." Fanny Dubot, maire EELV du 7e arrondissement et rapporteure de la MIE défend : "La mission flash en question n'était pas terminée, cela ne nous paraissait pas pertinent." Les membres d'opposition de la MIE avaient également demandé l'audition de l'adjoint à la sécurité de Villeurbanne, ville dirigée par un maire PS, mais là aussi, ils ont essuyé un refus. "Le deal, dès le départ, c'était qu'il n'y ait pas d'audition de politiques", objecte-t-on dans l'entourage du maire.

Une MIE qui accouche d'une coquille vide

Les services de l'Etat, (préfecture, DDSP) avaient eux-aussi été sollicités, mais ils n'ont pas souhaité être auditionnés. Selon nos informations, il n'était pas envisageable pour un représentant d'être auditionné dans le cadre d'une MIE portant sur les politiques publiques déployées par la Ville de Lyon, au nom de la neutralité. Un choix que regrettent majorité comme opposition, cette dernière l'interprétant même comme un signe des mauvaises relations entre l'Etat et Grégory Doucet. Le procureur de la République a lui aussi décliné l'invitation, aux motifs que l'institution judiciaire participait aux conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance, en présence du maire.

Quelques propositions de l'opposition
- "Ouvrir le chantier d'une police métropolitaine des transports" pour "pérenniser les progrès en matière de sécurité dans les transports"
- Rétablir "l'autorité républicaine du maire et de son exécutif", "les expressions en faveur de la désobéissance civile" lui portant "atteinte"
- Etablir des "critères d'évaluation des politiques de sécurité" et mettre en place "un comité de suivi"
- "En relation avec les services de la police nationale et du SDMIS, définir l'implantation de caméras fixes sur les zones dépourvues qui en présentent une nécessité"

Si l'objectif initial, dont toutes les parties prenantes se revendiquaient, était bien de rechercher "l'intérêt général", personne n'y est parvenu, opposition et majorité se renvoyant les responsabilités, dans une ambiance de cour de récréation. Chaque groupe d'opposition a de son côté proposé une série de mesures, parmi lesquelles "la création d'une nouvelle politique de préservation du cadre de vie", notamment en créant "une brigade cadre de vie", inspirée de ce qu'a fait Villeurbanne. Mais à en croire la rapporteure EELV, Fanny Dubot, ces dernières "ont été envoyées à la dernière minute", empêchant ainsi de les discuter lors de la dernière réunion au cours de laquelle, selon la majorité, seul Ludovic Hernandez du groupe "Pour Lyon" était présent. Là aussi, la balle est renvoyée : "Ils se sont rendus compte qu'envoyer un rapport de but en blanc le samedi pour une réunion le lundi était compliqué, lance un habitué des couloirs de l'Hôtel de Ville". Et d'ajouter : "Ils ont rajouté une réunion en catastrophe."

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Le fond pâtit ainsi de la forme, et ces six mois de MIE accouchent d'une "coquille vide" lance-t-on dans l'opposition. Une "mascarade" qui enfante d'un rapport ultra consensuel, sorte d'inventaire des pouvoirs du maire, des services de la ville, à la manière d'une page Wikipédia dédiée à la sécurité à Lyon, permettant au mieux, "de comprendre comment tout cela fonctionne", tente Fanny Dubot. "Les formations pour les élus, ça existe, ce n'est pas le but d'une MIE", répond un collaborateur de l'opposition. "Le temps a été monopolisé par des questions bêtes, jusqu'à demander quelles étaient les compétences du maire en matière de sécurité", appuie Pierre Oliver.

Opposition et majorité font le même constat : la MIE est globalement un échec. Reste que l'opposition, elle, n'y perd rien, quand l'exécutif écologiste lui pourrait bien avoir montré ses difficultés à s'engager clairement sur un sujet encore tabou.

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