Caroline et Gérard Collomb, dans les salons de la préfecture, en mars 2014 © Tim Douet
Caroline et Gérard Collomb, dans les salons de la préfecture, en mars 2014 © Tim Douet

En Marche : encore un psychodrame autour des Collomb à Lyon

Pendant toute la campagne présidentielle puis celle des législatives, Jimmy Brumant était l’un des piliers d’En Marche à Lyon, toujours dans le sillage des Collomb. Au fil des mois, il a pris ses distances, et le phénomène s’est accéléré, dit-il, avec le départ “incompréhensible” de Gérard Collomb du gouvernement. Sa démission, ce mardi, de la direction départementale illustre la fracture entre Caroline Collomb et les marcheurs “apolitiques”, ces militants qui ne sont pas issus du PS ou d’autres formations.

Si la lettre des frondeurs lyonnais accusant Caroline Collomb d'exercer une direction solitaire et autoritaire d'En Marche à Lyon avait été traitée avec une forme de dédain, la démission de Jimmy Brumant pousse l'entourage des Collomb à contre-attaquer. “C'est une intox. Il s'est fait virer par les instances nationales des Jeunes avec Macron. Deux responsables sont venus ce week-end pour le lui dire. Cela fait des mois qu'ils l'avaient prévenu, car son activité est catastrophique”, pointe un proche collaborateur de la référente départementale du parti présidentiel, qui ressort affaiblie de ce nouvel épisode de remise en cause de son fonctionnement.

Intox ?

Ce dimanche, des responsables nationaux des Jeunes avec Macron (JAM, un mouvement satellite de La République en Marche) sont en effet descendus à Lyon pour rencontrer Jimmy Brumant et une vingtaine de jeunes adhérents, afin d’évoquer la situation et un changement de direction. Au lendemain de la démission coup-de-poing de l'ancien référent du mouvement de jeunes, les soutiens de Caroline Collomb font fuiter un courrier interne du responsable national des JAM, Martin Bohmer. Ce dernier évoque une décision de changement de référent dans le Rhône prise en fin de semaine, mais en accord avec Jimmy Brumant.

L'intéressé dément d'ailleurs fermement avoir été écarté : “Depuis octobre, je me posais des questions. J'en ai parlé avec le responsable national des JAM. Pendant ce temps, j'ai continué à travailler et à organiser des choses. En janvier, j'ai dit que je n'en pouvais plus et ce week-end nous avons acté ma démission.” Celui qui fut au lancement de la campagne des présidentielles un des visages de la génération Macron à Lyon précise qu'il ne quitte pas le parti et qu'il s'est vu confier des responsabilités par le mouvement au niveau national.

Jimmy Brumant © Tim Douet

Vaisselle cassée

Le changement de direction au sein des Jeunes avec Macron du Rhône se fait donc au son de la vaisselle cassée. Jimmy Brumant a couché, par écrit, ses griefs dans une lettre de démission adressée à Stanislas Guérini, le délégué général de La République en Marche. Il y cible le couple Collomb : “Comme beaucoup d’autres, je regrette, depuis quelques mois, les dérives autoritaires et l’opacité de l’action de la référente de La République En Marche, qui m’inquiètent et qui me semblent de plus en plus inconciliables et incompatibles avec l’esprit du mouvement citoyen que j’ai rejoint dès le printemps 2016.” Avant de se montrer plus précis : “Il m’apparaît aujourd’hui comme impossible d’être loyal au projet et aux valeurs défendues par le Président de la République tout en travaillant avec l’équipe en place dont je doute fortement de la volonté de faire réussir notre projet et notre mouvement (...) Je ne peux cautionner le climat détestable et déplorable qu’ils ont instauré depuis plusieurs mois pour nourrir des ambitions personnelles, en particulier à travers l’association Prendre un temps d’avance, dont la porosité avec la gouvernance du mouvement dans le Rhône me semble dommageable.”

Multiples fractures

Ni démission coup de poing ni mise à l'écart, le départ de Jimmy Brumant illustre surtout la fracture profonde d'une fédération LREM scindée entre les militants dévoués à Gérard Collomb et ceux qui sont venus pour Emmanuel Macron. Avec aussi en toile de fond la guerre froide que se livrent le maire de Lyon et David Kimelfeld, le président de la métropole.

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