Christian Philip : adieu la politique !

QUE SONT-ILS DEVENUS ? Le protégé de Raymond Barre, 1er adjoint à la ville de Lyon entre 1995 et 2001, est à présent le recteur de l'académie de Montpellier. Chassé par Dominique Perben en 2007, il s'est sacrifié en vue des municipales. La politique a plus réussi à son frère, Thierry, maire du 3e arrondissement. Christian restera tout de même comme le promoteur du tramway lyonnais.

Dans la famille Philip, je demande le grand frère. Petit-fils d'un ministre du général de Gaulle et fils de préfet. Membre d'une grande famille lyonnaise, protestante. Son parcours est celui d'un président d'université, haut fonctionnaire, qui embrasse la politique à 47 ans, à la faveur de Raymond Barre qui se cherchait un homme de confiance. Christian Philip échouera cependant à s'émanciper de cette figure tutélaire et à se forger une carrière politique autonome.

Barre, son mentor

Directeur de cabinet de François Fillon à l'enseignement supérieur, Christian Philip est imposé 1er adjoint par Raymond Barre quand celui-ci prend la ville en 1995. "Cet homme avait une vision de la ville à 15 ou 20 ans. Ce qui m'a aussi frappé, c'est son réseau à l'international", explique-t-il à propos de son mentor. Ce serviteur "un peu réservé" doit tout apprendre de la politique et notamment le contact avec les administrés. "Quand on est haut fonctionnaire, on traite des dossiers. Là il faut convaincre". Il se frotte tout de même au suffrage universel, devenant député en 2002, dans l'ancienne terre d'élection de Raymond Barre. Un cadeau de l'ex-Premier-ministre à son protégé, tant la 4e circonscription du Rhône (Lyon) est l'une des plus à droite de France.

Poussé vers la sortie par Perben

Un tel fief suscite des convoitises. Il n'est presque pas besoin de mener campagne pour la gagner. En 2007, Dominique Perben cherche un plébiscite comme fer de lance de sa campagne municipale. Alors il presse Philip vers la sortie. Le sortant bombe le torse, promet de ne pas s'en laisser compter, mais renonce finalement. "Me battre contre mes propres amis politiques ne m'intéressait pas", argue l'évincé. D'autant que l'UMP nationale se range derrière l'ancien Garde des Sceaux. Christian Philip quitte alors la politique, sacrifié. En remerciement, il obtient une mission à l'Elysée, en tant que représentant du Président de la République. Puis redevient recteur, en avril 2009, à Montpellier.

La gauche poursuit sa politique de déplacement

S'il n'est pas parvenu à s'imposer durablement sur la scène politique lyonnaise, il est connu pour être le père du tramway à Lyon. Une introduction qui ne s'est pas faite sans douleur, dans une ville culturellement attachée au métro - un attribut de grande métropole. La droite noiriste et chabertiste a ferraillé contre ce mode de transport pas assez rapide. Depuis, même Paris s'est converti, mais le débat a récemment rebondi quant à la desserte de la Confluence.

"Le métro et le tram sont deux instruments complémentaires. Nous sommes une des rares villes d'Europe où l'on trouve tous les modes de transport", se défend Christian Philip. Et la gauche, depuis aux responsabilités, a poursuivi cette aventure, en lançant T3 et T4. D'ailleurs Philip soutient la politique menée par Bernard Rivalta.

Lyon "lui manque beaucoup"

Professeur à Lyon 3, recteur d'académie de Reims puis de Clermont-Ferrand de 1989 à 1993, Christian Philip a renoué avec son métier d'origine, à Montpellier. "C'est la région la plus pauvre de France, privée d'industrie, avec le nombre de boursiers le plus élevé du pays. Mais leur excellence, c'est le pôle université et de recherche, le 6e de France", observe-t-il. Il le dit bien volontiers, Lyon lui "manque beaucoup" : les fleuves, la gastronomie, les matches de l'OL. C'est sûr, il y reviendra pour sa retraite. Il militera alors, mais dans des associations. La politique a davantage réussi à son jeune frère, Thierry, maire PS du 3e arrondissement, élu au Grand Lyon et à la Région. "C'est par lui que j'ai quelques nouvelles de la vie politique".

Crédit photo : BEP/LE PROGRES

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