Cantonale à Villeurbanne : Vessiller priée de se retirer

Le candidat socialiste, Richard Llung, demande à sa rivale de se retirer avant le second tour. Pour ne pas laisser la droite arbitrer leur duel. Le maire, Jean-Paul Bret, fait aussi pression sur sa 2e adjointe, qui n'entend pas céder.

Comme prévu, c'est le socialiste Richard Llung qui arrive en tête du premier tour de la cantonale partielle de Villeurbanne centre. Avec 30,45 %, il fait un score honorable, en retrait par rapport à Raymond Terracher en 2004 (37,61%). Mais Terracher était le conseiller général sortant, et l'ancien maire de la ville... L'avance de Richard Llung parait confortable, dans un canton ancré à gauche. Mais la configuration de second tour est la pire qui soit pour lui. Face à l'UMP ou au FN, il était sûr de gagner. Face à la candidate Verte, l'affaire n'est pas pliée. Ce duel à gauche s'annonce plus tendu que prévu entre deux élus qui pourtant s'entendent bien. Depuis ce dimanche soir, Llung demande avec insistance à sa rivale de se retirer. Une décision qu'il aurait prise, assure-t-il, s'il avait été devancé par l'écologiste. Et le PS a poursuivi ce lundi son entreprise, en affichant le soutien d'une conseillère municipale membre des Verts.

"Désistement républicain"

Etonnant : le "désistement républicain", brandi par Llung, est d'ordinaire invoqué en cas de présence d'un candidat FN au second tour, lorsque les valeurs républicaines sont supposées menacées. Rien de tel ici. C'est le maire, Jean-Paul Bret, qui avance une autre raison. "J'appelle très solennellement à la candidate Europe Ecologie et au candidat du Front de gauche à soutenir le candidat du Parti Socialiste et à ne pas faire de la droite et de l'extrême droite les arbitres de cette élection", assène-t-il dans un communiqué. Bret a d'ailleurs décroché son téléphone dimanche soir pour sermonner sa 2e adjointe et faire pression pour qu'elle raccroche.

La droite en situation d'arbitre

Le risque : que les électeurs de droite soient tentés de faire battre le poulain de Jean-Paul Bret. Il y a en effet un précédent. A Grenoble, en 2004, l'adjoint aux finances de la municipalité socialiste, conseiller général sortant, avait été vaincu par un jeune écologiste inconnu. Celui-ci avait notamment bénéficié du soutien souterrain d'Alain Carignon qui voulait ainsi déstabiliser le maire, Michel Destot. A Villeurbanne, le candidat malheureux de droite laisse à ses électeurs la liberté de vote. Pas de consigne donc. Tout juste consent-il à constater que Vessiller est "attachée au terrain villeurbannais", et qu'elle est davantage connue. "Elle s'est présentée à plusieurs élections alors que Llung se retranche derrière le maire", observe Jean-Pierre Régnault (UMP).

"Un énième élu socialiste" ?

Vessiller reste sourde à ces pressions. Elle ne comprend pas l'attitude des socialistes. "Réjouissons-nous de voir la droite battue dès le premier tour". "Ce sont aux électeurs de choisir, c'est cela la démocratie", expose-t-elle. Dimanche soir, à Llung qui lui demandait de se retirer, elle lui a répondu, mi-badine, mi-sérieuse, que ce serait peut-être à lui de le faire. "Le PS dispose de la Ville, de la députation et des trois cantons. Ce serait plus intéressant pour Villeurbanne d'avoir une élue écologique plutôt qu'un énième élu socialiste", martèle-t-elle. Confortés par leurs bons scores sur la ville (21,6% aux européennes, 18,2% aux régionales), les écologistes jouent clairement la gagne.

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