Après les émeutes, Victor Hugo demande du changement

Un mois après les émeutes du centre ville de Lyon, les commerçants comptent les billets qui manquent dans leur tiroir-caisse. Ils se sont alliés au sein d’un collectif et ont lancé une pétition pour demander la réfection de la rue Victor Hugo.

Il y a maintenant plus d’un mois, le centre de Lyon était au cœur des manifestations contre la réforme des retraites. En marge des manifestations, des groupes de casseurs avait fait souffrir le centre-ville. Les commerçants ont payé le prix fort de ces débordements notamment dans la Rue Victor Hugo. Ils ont subi d’un côté les dommages directs liés à la casse et aux pillages et d’un autre côté le contrecoup financier de la moindre fréquentation de leurs commerces. Pour les rassurer, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux était venu sur place et il avait déclaré lors de son passage éclair à Lyon que la "solidarité nationale s’exercerait à plein".

Une solidarité psychologique

Pour l’instant, seules deux décisions ont été posées sur la table à la préfecture du Rhône. Le 21 octobre, une cellule de soutien a été mise en place à la Chambre du Commerce et de l’Industrie pour aider les commerçants à régler leurs litiges avec les assurances. Tout de suite, un problème se pose : toutes les assurances ne remboursent pas les dégâts directs dus aux émeutes. En ce qui concerne le manque à gagner, la préfecture a accepté la demande des commerçants d’ouvrir leurs portes le dimanche 5 décembre. Un geste, certes louable, mais qui laisse perplexe quant à l’équivalence des pertes engendrées pendant la semaine d’émeute.

Pourtant les textes sont relativement clairs quant à la responsabilité de l’Etat (et donc de la préfecture) lors de préjudices liés à des émeutes. L’article L2216-3 du code général des collectivités territoriales dispose que "L'Etat est civilement responsable des dégâts et dommages résultant des crimes et délits commis, à force ouverte ou par violence, par des attroupements ou rassemblements armés ou non armés, soit contre les personnes, soit contre les biens". Le Conseil d’Etat a d’ailleurs confirmé cette idée dans une décision du 24 avril 2010 et l’a élargi en admettant que le préjudice commercial comme une perte de recettes d’exploitation pouvait faire parties des dommages.

Les commerçants, perplexes, attendent du changement

Les commerçants n’espèrent rien de l’Etat. "On ne croit pas au Père Noël en termes de prise en charge (…) on sait que l’Etat ne nous donnera pas d’argent" nous dit Franck Asan, l’un des référents du collectif de commerçants de la Presqu’île qui s’est formé après la semaine d’émeute d’octobre. Selon lui, sur la semaine concernée par les débordements, tous les commerces de la rue Victor Hugo ont perdu entre 75% et 80% de leur chiffre d’affaires. Pourtant, le collectif préfère se mobiliser sur une pétition qu’il fait signer aux commerçants du quartier afin d’alerter les élus de la ville sur la situation précaire de la rue. Pour Franck Asan, la pétition va servir a demander aux "maire du 2ème ou de la ville de reprendre la rue en main. (…) Ca fait trois ans qu’ils nous promettent de la refaire". Les commerçants veulent profiter du préjudice commercial qu’ils ont subi pour obtenir cette réfection. Franck Asan ne s’en cache d’ailleurs pas et ajoute "c’est peut-être calculateur mais c’est le seul bénéfice intelligent que l’on peut en tirer".

La demande risque cela dit de rester lettre morte. Dans ses promesses de campagne pour son mandat 2008-2014, Gérard Collomb n’avait promis que des "études et des concertations" concernant la requalification de la rue Victor Hugo. Le projet de budget présenté par Richard Brumm, adjoint aux finances, le 15 novembre ne laisse pas énormément de doute quant à la réalisation de cette réfection. En effet, le projet de Loi de Finance de l’Etat risque selon l’adjoint de faire perdre plus de 2 millions d’euros de dotation à la Ville de Lyon. L’opposition quant à elle veut voir du changement. Denis Broliquier, maire divers droite du 2ème arrondissement, où se trouve la rue Victor Hugo déplore que celle-ci "se délite petit à petit". Il demande que les études soient lancées au cours de ce mandat pour le que les travaux débutent en 2014.

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