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Parité : l’UMP est-il un parti machiste ?

Cécile Duflot huée par les bancs UMP de l’Assemblée nationale pour sa robe, Bernard Debré réduisant la candidature de Rachida Dati à ses tenues… L’UMP serait-il un parti machiste ? Pour tenter de faire avancer la parité au sein de leur parti, Françoise Grossetête et Emmanuelle Haziza, élues locales, ont adhéré au collectif "A droite toutes" fondé par Rachida Dati. Il propose de féminiser le bureau national du parti. Explications.

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L'UMP ne compte que 27 femmes députées sur les 197 élus au palais Bourbon. Le parti fait figure de mauvais élève en matière de parité. Rachida Dati a donc lancé, à l’occasion du renouvellement du bureau de l’UMP, un collectif de femmes. "A Droite toutes" regroupe 120 élues, dont plusieurs élues locales. Il exige que la parité soit instaurée non seulement au sein du parti mais aussi au sein de son bureau politique. La députée européenne va même plus loin, en menaçant de présenter un trio féminin à la tête de la présidence UMP, lors du congrès de novembre, si les propositions du collectif ne sont pas retenues.

Une culture du machisme

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"Le machisme provient de toutes les couleurs politiques, il n’est pas spécifique à l’UMP", affirme d’emblée Dominique Nachury, députée de la 4e circonscription du Rhône. Même son de cloche du côté de la conseillère municipale Nora Berra : "J’ai déjà reçu des réflexions machistes de la part de socialistes, simplement ces comportements n'ont pas été relevés."

Seule la députée européenne Françoise Grossetête ose affirmer qu’il existe bien une culture du machisme à l’UMP. "En 30 ans, je ne vous dis pas ce que j’ai pu entendre. Les réflexions de certains de mes collègues (…), j’ai dû mettre le poing dans ma poche et courber l’échine un certain nombre de fois."

Être une femme politique à l’UMP serait donc un handicap ? Nora Berra tempère tout de même cette affirmation : "Dans un premier temps, c’est un avantage, une opportunité parce que le parti recherche des femmes prêtes à s’engager. Dans un second temps, cela se complique un peu lorsqu’il faut aller plus loin, car cela suppose qu’elles doivent prendre la place des hommes."

Manque de volonté ou manque de méthode ?

Pour Nora Berra, députée européenne, le parti n’est pas à blâmer pour son manque de volonté. "Quand on est depuis un certain temps au pouvoir, on est fatalement moins enclin à se remettre en question. Un parti de l’opposition se remettra plus en question pour gagner des territoires", explique-t-elle. Dominique Nachury avance, elle, un problème de méthode et de risque à prendre : "Il faut inciter les femmes à prendre des responsabilités, or les députés sortants qui ne se représentent pas ne prennent pas toujours ce risque."

Toutes sont cependant d’accord sur un point : la bataille locale pour une femme reste plus difficile que celle nationale. "On est au cœur des rivalités et des jalousies. Lorsque l’on est investie, les collègues hommes ne peuvent s’empêcher de demander : pourquoi elle ?" affirme Françoise Grossetête, présidente du groupe Union de la droite et du centre à la région. L’ancienne présidente du conseil régional, Anne-Marie Comparini, avait elle aussi été victime de ce machisme, lors de sa défaite au premier tour des élections législatives de 2007. Patrick Devedjian avait alors qualifié, devant les caméras de TLM, l’ancienne présidente de "salope".

"Il faut montrer que l’on pèse"

L’élue villeurbannaise de 27 ans et candidate aux législatives Emmanuelle Haziza, et la conseillère régionale de 66 ans François Grossetête se sont toutes deux engagées dans le collectif "A droite toutes". Réunissant des femmes de tous âges, ce collectif créé par Rachida Dati cherche avant tout à promouvoir la parité et le rôle de la femme en politique et dans la société. "Il faut arrêter que les femmes soient la 5e roue du carrosse, qu’elles prennent les places que personne ne veut ou celles pour lesquelles il n’y a aucune chance de victoire", argue François Grossetête. "J’ai tout de suite accepté de faire partie de ce collectif, c’est un moyen pour les femmes de se faire entendre et de proposer des solutions pour faire reculer les inégalités qui touchent les femmes dans notre société", explique Emmanuelle Haziza.

Pour Nora Berra, le collectif "A Droite toutes" représente surtout le reflet d’une volonté personnelle et ne fait que "rajouter un sous-groupe au sein de l’UMP et discriminer d’une certaine manière les femmes". "Pour garantir la parité, on pourrait déjà commencer par éviter le cumul des mandats et limiter leur nombre dans le temps. Un durcissement des sanctions peut aussi être une des solutions", avance l’ex-secrétaire d’Etat à la santé. Avec 4 millions d’euros d’amendes par an entre 2007 et 2012, une chose est sûre, l’UMP a encore du chemin à parcourir avant d’atteindre la parité.

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