L’UMP veut y croire

MEETING - L’UMP a réussi une démonstration de force jeudi soir à Caluire-et-Cuire. Le meeting départemental affichait complet, des ministres se sont relayés à la tribune et Françoise Grossetête était pour une fois à l’aise. La campagne à huis clos, entre militants, se déroule bien. Hors des murs de l’UMP, Françoise Grossetête peine toujours.

Les débats se suivent et se ressemblent, Françoise Grossetête n’excelle toujours pas dans l’exercice. Mercredi, TLM organisait une confrontation entre toutes les têtes de liste. La candidate UMP a, une fois de plus, souffert de la comparaison avec Jean-Jack Queyranne qui vole au-dessus de la mêlée à chaque confrontation. “En débat, elle est toute seule contre cinq candidats”, pointe-t-on dans son entourage. Françoise Grossetête admet, elle, ne pas affectionner cette figure imposée : “les débats sont assez casse-pieds. Le premier est intéressant, mais après c’est toujours pareil. Je préfère vendre mon programme en meeting”. Résultat sa campagne publique donne l’image d’une candidate en détresse, perdue sur les dossiers et bien loin de la stature d’un Queyranne impérial dans les débats. Mais pour Françoise Grossetête, l’essentiel est ailleurs.

À l’aise en meeting, en perdition lors des débats

Elle fait le choix du confort, celui des militants déjà convaincus. “Si nous parvenons à mobiliser notre électorat, nous pourrons gagner”, clament en cœur les candidats de la droite. Mardi soir, 300 militants sont venus assister à une simple réunion publique à Meyzieu. Pour comparaison, Jean-Jack Queyranne n’avait que 150 fidèles face à lui, mercredi, dans la Loire. Le candidat socialiste joue, lui, plus la carte des débats télévisés et de la campagne de communication. Il n’est pas fan des actions de terrain mais porte le combat ailleurs. Françoise Grossetête et Jean-Jack Queyranne pourraient se compléter.

Les militants sur le pont

Jeudi, pour le meeting départemental du Rhône, ils étaient 500 dans une salle pleine à craquer. Les jauges sont plus restreintes pour ne pas revivre le fiasco du lancement de campagne des Européennes où l’UMP avait loué la salle 3000 pour accueillir seulement 600 personnes. L’impression n’était pas celle, jeudi soir à Caluire, d’une salle à moitié vide mais totalement pleine. L’UMP sait se créer des dynamiques internes. Elles confortent les candidats comme les militants. “Je sens un souffle. Un peu comme pour les Européennes ”, glisse Françoise Grossetête à la fin du meeting. La candidate se montre sous un nouveau jour en réunion publique. Elle est pleine d’allant, sourit en permanence et gesticule. Un contraste saisissant avec son attitude des débats où elle reste souvent en retrait après s’être fait mouché par Jean-Jack Queyranne. À la tribune, elle n’est pas une oratrice hors pair mais son enthousiasme semble sincère. “J’aime vendre mon programme en meeting”, dit-elle. L’exercice est toujours plus aisé devant des militants.

Sarkozy, l’argument n°1

Alors, l’UMP récite sa campagne en s’appuyant sur ses forces. Et la première d’entre elles, c’est Nicolas Sarkozy. Jeudi soir, les ministres venus soutenir Françoise Grossetête ont nationalisé la campagne. “Rhône-Alpes mérite une nouvelle équipe qui applique les réformes du gouvernement. Il n’y a que ceux qui les soutiennent qui pourront les utiliser”, prévient Michel Mercier, ministre de la Ruralité et président du Conseil général du Rhône. “Demain, nous aurons besoin de régions qui accompagnent nos politiques, pas d’exécutif qui sont dans des postures et qui veulent être des contre-pouvoirs”, poursuit Luc Châtel, ministre de l’Éducation nationale et porte-parole du gouvernement.

Les irréductibles Gaulois du PS

La rengaine va tourner en boucle pendant tout le meeting. Voter UMP, même pour les régionales, c’est finalement voter Sarkozy. La gauche appelle au vote sanction, la droite au vote plébiscite. C’est de bonne guerre. Et autour, on brode. Avec un certain sens de la répartie chez Luc Châtel quand il attaque le PS : “Martine Aubry rêve d’une France toute rose mais sa seule proposition, c’est de faire des régions un camp retranché, un village d’irréductibles Gaulois. Il y a Aubrix, Cambadélix, Vallinix mais ils n’ont pas trouvé la potion magique. Ils ressortent les mêmes vieilles recettes : régulariser des sans-papiers, retraite à 60 ans, fiscalité”.

La bataille de l’emploi

La droite a aussi ses recettes bien huilées : sécurité (vidéosurveillance dans les trains et les lycées), agriculture, projets autoroutiers ou centrale nucléaire de nouvelle génération. L’UMP s’est aussi lancé dans la bataille de l’emploi. La plupart du discours des candidats tourne autour du monde de l’entreprise, crise oblige. Et puis, il y a l’argument, déjà entraperçu lors des Européennes, celui de l’union de la droite. Françoise Grossetête ne manque jamais une occasion de se lancer dans l’énumération des partis alliés à l’UMP pour ces régionales. “Nous sommes dans la clarté. Au premier comme au second tour, nous aurons les mêmes hommes, les mêmes programmes. Alors que chez nos adversaires, ce sera la lutte des places. Nous, on se bat pour Rhône-Alpes. Les engagements de la gauche pris la main sur le cœur au premier tour voleront en éclats à cause de leur tambouille interne : ils vont mettre un peu de rose, un peu de vert et de rouge et au final, ce sont les électeurs qui sont marrons”, raillait Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, jeudi soir à la tribune du meeting de Caluire.

Un mode de scrutin défavorable

L’UMP n’aura, lui, pas de couleurs à intégrer entre les deux tours. Et c’est là tout le problème de la droite. Aux Européennes, élection à un tour, le passe-passe de la mobilisation interne à l’UMP avait fonctionné. La droite était largement en tête mais l’éventuel report de voix du second tour leur était largement défavorable. Les sondages pour ces régionales sont dans le même ordre d’idée. Alors dans un contexte largement défavorable, l’UMP s’en remet à son argument numéro 1 pour garder espoir : “Nicolas Sarkozy l’a fait lors des présidentielles”. Le président de la République avait viré en tête avec 31,8% des voix et remporté l’élection une semaine plus tard. Françoise Grossetête rêve du même scénario mais pour y parvenir, elle devra faire sortir sa campagne des murs de l’UMP trop étroits pour accueillir la moitié des Rhônalpins.

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