Deux mois de sursis pour l’accompagnatrice voilée violente

Le 21 juin, elle s’était présentée avec un tissu sous sa casquette lors d’une sortie scolaire. Malgré les recommandations de la directrice et d’une institutrice, elle n’a pas souhaité se découvrir. Des menaces et des faits de violence s’en étaient suivis, dans l’enceinte de l’école Berthelot à Villeurbanne.

Dans l’affaire de l’accompagnatrice voilée de Villeurbanne, la sentence est tombée : deux mois avec sursis. Une décision qui sanctionne des faits de violence, pas les événements qui y ont conduit. Le 21 juin, les enfants de l’école maternelle Berthelot partent en sortie scolaire. Ce sera le parc zoologique de st-Martin la Plaine. Une maman, Villeurbannaise de 38 ans, se porte volontaire pour l’encadrement. Mais quand la directrice la voit arriver, elle sait que les ennuis commencent. Nadia (1) porte une large casquette d’où dépasse un tissu qui couvre les cheveux et le cou - un bonnet selon la maman, un foulard d’après la directrice, « retenu par des épingles ».

Voilà qui contrevient selon elle au règlement intérieur et à une charte que la direction de l’école a fait signer à l’intéressée, comme à tous les accompagnateurs. Document qui outre la question des signes ostensibles de religion, proscrit par exemple de fumer devant les enfants ou de leur distribuer des bonbons sans l’autorisation de la maîtresse. "Nous tenons à la laïcité et à la liberté de conscience des petits. D’autres mamans, d’ordinaire voilées, jouent le jeu en trouvant un autre couvre-chef", souligne un instituteur.

5 jours d'incapacité de travail pour l'institutrice enceinte

Une discussion s’engage avec la directrice. Ce débat, elles l’ont déjà eu par le passé, souvent houleux, pour d’autres sorties. La fonctionnaire obtient de la femme qu’elle retire son voile. Mais au fil de la journée, le bout de tissu réapparait, jusqu’à recouvrir intégralement ses cheveux. Une institutrice la sermonne au cours de la journée, sans succès. "Vous ne serez plus accompagnatrice", la prévient la directrice. Une fois rentrée à l'école, à 15h45, Nadia cherche à repartir aussitôt avec sa fille.

Le règlement fixe à 16h20 le départ des enfants, mais une dérogation est appliquée pour les accompagnateurs. Pas pour elle, pas pour cette fois. En cause, "un manque de confiance", selon une institutrice. La Villeurbannaise, furieuse, s’emporte, se saisit de son enfant et griffe l’enseignante enceinte de 7 mois (5 jours d’incapacité de travail). Le mari, âgé de 43 ans, reviendra quelques instants plus tard, très menaçant. Il aurait notamment lancé à la directrice qu’il serait de retour le lendemain, "et pas seul cette fois". Lors de sa comparution, il s’en est excusé. Au final il écope, comme sa compagne, de deux mois avec sursis.

Un verdict qui ne tranche pas le débat juridique. En l’espèce, c’est une instruction de l’inspectrice qui a inspiré la charte proscrivant les signes religieux pour les accompagnateurs, mesure qui n’est pas en vigueur dans d’autres écoles toutes proches… En mars dernier, le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, avait estimé que "lorsqu'on est parent d'élève et qu'on participe à une sortie scolaire, on est assimilé à des personnels occasionnels de l'Education Nationale et donc on se fie aux droits et devoirs de personnels permanents de l'Education Nationale". Il avait été saisi de la question par la FCPE qui avait soulevé une situation problématique en Seine-St-Denis, à Pantin.

(1) Prénom d’emprunt.

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