Procès Greenpeace : les dessous d’un vaste plan com’

Le 15 juillet dernier, les images des banderoles de Greenpeace accrochées aux réacteurs de la centrale du Tricastin (Drôme) ont été diffusées par toute la presse. Une opération médiatique réussie, décryptée lors du procès qui se tenait ce mardi 15 janvier à Valence (photo ci-dessous).

Devant les magistrats de la chambre correctionnelle de Valence, les 9 militants de Greenpeace ont distillé au compte-gouttes les détails de leur action à l'intérieur de la centrale du Tricastin. L'organisation, semble-t-il, était pourtant prévue au millimètre.

Le 15 juillet, à 5h du matin, 29 militants de Greenpeace ont escaladé les grillages de la centrale de Tricastin à l'aide d'échelles et de tapis de moquette afin de passer au-dessus des barbelés. En vingt minutes, ils se sont retrouvés à quelques mètres des réacteurs n°1 et n°3 de la centrale. "On rentre plus facilement dans une centrale nucléaire que dans une boîte de nuit !" a ironisé Guillaume, l'un des 29 prévenus.

Leur objectif ? Poser des banderoles "Hollande, ferme-la et je pars" et "Tricastin, accident nucléaire" et dénoncer les promesses de campagne non tenues du président Hollande. "Il avait promis une réduction de la part du nucléaire de 75 % à 50 %. Et rien n'est fait. Du coup, quand l'information ne passe pas, c'est à nous de faire des piqûres de rappel", a expliqué à la barre Christian, qui s'était enchaîné et cadenassé à une passerelle à 30 mètres du sol. "Mon rôle était de retarder l'arrivée des forces de l'ordre pour que d'autres militants puissent poser des banderoles", a-t-il précisé.

“J’attends le journal de 13h”

Sur la trentaine de militants qui ont pu pénétrer à l'intérieur de la zone de sécurité de la centrale, deux groupes se sont formés : l'un était chargé de s'enchaîner et l'autre de dérouler des banderoles et de filmer. Car il était bien question de "guerre médiatique", lors de ce procès. Tous les prévenus ont revendiqué l'action en ce sens. Un militant, encordé à 40 mètres de haut, avait lancé à un adjudant de gendarmerie qui voulait le déloger : "Non, je ne descendrai pas, j'attends le journal de 13h."

Jonathan, lui, précise qu'il était équipé d'une caméra et qu'il était là pour "prendre des images" : "Il est utile de mener des actions spectaculaires pour incarner notre message. Qui a envie de lire un rapport de Greenpeace sur la dangerosité des centrales nucléaires aujourd'hui ? Personne."

Ce qui n'a pas été du goût du procureur, Gilbert Emery : "Finalement, les poursuites vous arrangent. Vous comptez sur le tribunal pour vous assurer une tribune médiatique ?"

À l'issue de l'audience, le procureur de la République a requis 6 mois de prison avec sursis pour 28 des 29 prévenus, pour "violation de domicile" et "dégradations en réunion". Contre l'un d'entre eux, il a été requis un an de prison avec sursis pour "violence sur personne dépositaire de l'autorité publique". Le procureur a également demandé la saisie du matériel des militants – des cordes et des caméras essentiellement. Le tribunal rendra son jugement le 6 mars.

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