proces valentin
©Dessin Christophe Busti

“Mon fils n’a pas choisi d’être schizophrène”

ENTRETIEN – Chantal Poitier, la mère de Stéphane Moitoiret, assiste aux débats depuis le début du procès de son fils. Elle y sera présente durant toute la durée des débats devant la cour d’assises du Rhône. Cette femme frêle, toujours avec ses lunettes de soleil, soutient son fils et dit “le comprendre”.

Lyon Capitale : Comment avez-vous vécu l’échange hier entre votre fils et Véronique Crémault, la mère de Valentin ?

Chantal Poitier : Mon fils était sincère envers Mme Crémault, mais il ressent comme si ce n’était pas lui. Il compatit, il est très sincère dans ce qu’il pense, mais il ne pense pas que c’est lui qui l’a fait. C’est le hasard, c’était une heure tardive, il ne pensait pas tomber sur un enfant. Il n’était pas bien, la personne qui se trouvait là a pris, cela aurait pu être un adulte… Il était en état de choc.
La maman de Valentin, par sa douleur, elle ne peut pas comprendre que mon fils ne veut pas dire que c’est lui. Il y a une incompréhension de ce côté-là. Dans des cas comme celui-là, la personne schizophrénique ne s’excuse pas, c’est leur état qui veut ça. Là, il compatissait sur le chagrin de Mme Crémault, il était sincère, cela lui fait mal au cœur, mais il ne pense pas que c’est lui.

Il a dit qu’il n’était pas responsable ?

C’est sa pensée, il a toujours eu cette pensée-là. Dans ses écrits, c’est pareil. Maintenant, il parle parce que, avant, au premier procès, il n’était pas bien, il était sous médicaments. Il s’exprime comme il s’exprimait quand il était venu à la maison en 1993, ou en 2004.

Pour vous, il ne doit pas être condamné, il doit être interné ?

Il ne doit pas être condamné, on doit s’occuper de lui pour le remettre en bon état. On doit faire ce qu’il faut pour qu’il soit mieux. Il ne faut pas qu’il soit condamné, sa place n’est pas du tout dans une prison, ce n’est pas possible de le laisser comme ça… Moi, je voudrais qu’on puisse le rétablir, dans un cadre favorable.

Pour vous, il a un problème de santé mentale ?

Il a un problème, difficile à expliquer. Pour moi, il est cloisonné dans un monde parallèle. C ‘est encore un autre terme que la folie, il est dans quelque chose d’autre. Je ne veux pas appeler cela de la folie, je veux trouver un autre mot adapté à sa situation. Il est dans quelque chose qui n’est pas comme tout le monde. Et puis Noëlla lui avait signifié sa rupture et je pense qu’il a eu un grand choc émotionnel. Il a eu peur de se retrouver en insécurité.

Lui avez-vous pardonné son geste ?

Je n’ai rien à lui pardonner. Si c’est lui, ce n’est pas de sa faute. Il ne l’a pas fait volontairement. Je comprends complètement le problème de mon fils, je sais que ce n’est pas de sa faute, il n’a pas choisi d’être schizophrène. Il subit un état et il ne le maîtrise pas. Son état psychique était déjà fragile ; quand il est parti avec Noëlla, les choses se sont empirées ; avant, il était dans le mal-être, mais il n’avait pas de délires. Ils sont apparus quand il est arrivé dans le Nord. De même pour Noëlla Hégo, elle ne réagit de la même manière que des personnes normales.

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