Welfare © Pascal Victor

"Welfare" aux Célestins : le théâtre du réel de Julie Deliquet

Après Huit heures ne font pas un jour, présenté en 2022, la metteuse en scène Julie Deliquet revient aux Célestins avec un nouveau spectacle Welfare, alliant tragique et comique.

Née en 1980, Julie Deliquet est sans aucun doute l’une des metteuses en scène les plus douées de sa génération. Depuis 2016, où elle a monté Vania, d’après Anton Tchekhov, elle a plusieurs fois dirigé les acteurs de la Comédie-Française.

En 2020, elle a été nommée aux commandes du théâtre Gérard-Philipe, CDN de Saint-Denis. Outre sa maîtrise incontestée dans la direction de troupes nombreuses, elle n’hésite pas à se lancer dans des projets aussi ambitieux qu’originaux.

Des spectacles où elle s’appuie non pas sur le répertoire théâtral mais sur le répertoire cinématographique comme pour son excellente adaptation du scénario du film Un Conte de Noël d’Arnaud Desplechin, avec douze comédiens, que l’on a pu voir au Radiant-Bellevue de Caluire en 2020. Ou encore, Huit heures ne font pas un jour, une pièce chorale présentée aux Célestins la saison dernière, une adaptation de la série télévisée éponyme de Rainer Werner Fassbinder qui nous plongeait dans l’ambiance fiévreuse des années 70.

Comique de situations

C’est d’ailleurs aux Célestins que l’on retrouvera Julie Deliquet cette année pour une longue série de représentations.

Cette fois, c’est à partir d’un film documentaire qu’elle a travaillé. Une série documentaire plutôt, puisque pour tourner Welfare – le reportage dont Julie Deliquet a réalisé l’adaptation scénique –, le réalisateur Frederick Wiseman s’est plongé durant un mois au cœur d’un centre d’aide sociale de quartier à New York, en 1973.

On y croise des sans-abri, des apatrides, des travailleurs, des mères célibataires, des personnes sorties de prison, des personnes âgées, des immigrés, des démunis. Mais le propos de Wiseman n’est en aucun cas misérabiliste : “Il y a des choses assez comiques dans beaucoup de mes films, j’espère ! Ce n’est pas parce que je fais des distorsions, que je change les événements mais c’est parce que dans la vie il y a des choses comiques et comme documentariste, je les trouve et ça m’intéresse. Le comique c’est un aspect de la vie quotidienne, comme le tragique !,affirmait-il.

C’est précisément ce mélange de tragique et de comique, au centre de toute existence humaine, que l’on retrouve dans le dernier spectacle de Julie Deliquet. D’autant qu’elle s’est concentrée sur une journée et un soir de Noël. Elle nous emmène dans le gymnase d’une école municipale qui a été investi par un centre social le temps des fêtes de fin d’année.

Là, nous découvrons l’histoire et le parcours d’une quinzaine de personnes en difficulté, grâce aux répliques échangées entre les différents protagonistes, tirées du documentaire de Wiseman.

Créé l’été dernier dans la cour d’honneur du festival d’Avignon, le spectacle, d’une durée de deux heures et demie, a été salué pour sa haute intensité et son caractère profondément humain.

Welfare – Du 24 janvier au 3 février aux Célestins

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