©Véronique de Viguerie

Tel père Tell Suisse à l'opéra de Lyon

Classique. Premier opéra de la saison à Lyon, en fanfare, avec le Guillaume Tell de Rossini dont le public pourra entendre, au-delà de sa célèbre intro, le long développement.

De l’opéra Guillaume Tell de Gioachino Rossini, on ne connaît souvent que la célèbre ouverture à la deuxième partie tonitruante régulièrement jouée en concert. Du reste on ignore beaucoup de l’ultime opéra du maestro, composé dans notre langue suite à une commande française.
C’est pourtant certainement l’apogée de l’œuvre de Rossini, orchestre imposant, airs de bravoure confiés aux solistes, grande place laissée aux chœurs : avec ses près de quatre heures, Guillaume Tell affiche une ambition wagnérienne…

Fait notable, le livret adapté de la pièce de Friedrich von Schiller aborde des questions politiques, lesquelles demeuraient auparavant absentes de l’univers du compositeur.
Au XIVe siècle, dans une Suisse médiévale sous domination autrichienne, Guillaume Tell est le destin d’un homme providentiel qui va éveiller la conscience politique de son peuple et amorcer le passage vers la Confédération. On pense bien sûr au Nabucco de Verdi et aux problématiques tournant autour du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes…
Mais chez Rossini, la nature tient un rôle central : ici, les protagonistes sont montagnards, pêcheurs, ou comme dans le cas de Guillaume, ancien soldat retranché dans les montagnes.

Visez la pomme !

Un personnage haut en couleur que cet arbalétrier récalcitrant refusant le salut au drapeau (ou plutôt au chapeau dans le cas présent) aux couleurs des Habsbourg (les empereurs autrichiens) et condamné par le bailli à une terrible épreuve qui constitue la scène culte du drame. Guillaume devra tirer un carreau d’arbalète en visant une pomme posée sur la tête de son propre fils, Jemmy. En cas d’échec, il sera mis à mort. Mais Guillaume ne rate pas sa cible et coupe le fruit en deux sans toucher l’enfant, gardant secrètement un carreau dissimulé sous le manteau pour tuer le bailli en cas d’échec ! Sacré numéro que ce montagnard virtuose et insoumis réussissant, une fois capturé, à conquérir sa liberté par sa connaissance du terrain naturel et son art de la navigation sous l’orage ! Un mythe qui, se répandant, confortera les Helvètes dans leur volonté ferme d’acquérir leur indépendance et leur liberté.

Si musicalement, la partition de Rossini s’inscrit dans l’âge du bel canto italien (malgré la langue française) et en dépit d’un orchestre à l’effectif important, on retrouve néanmoins dans son habileté mélodique et la finesse des effets, l’influence majeure de Mozart qui confère à son œuvre cette délicieuse légèreté. C’est Daniele Rustioni qui sera en charge de la direction de l’orchestre de l’Opéra tandis que la mise en scène a été confiée à Tobias Kratzer, auquel les Lyonnais ont pu goûter récemment lors d’un Crépuscule des Dieux de Wagner aux partis pris radicaux.

Guillaume Tell – Du 5 au 17 octobre à l’opéra de Lyon – www.opera-lyon.fr

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