Danser sur des sols instables dans des paysages dangereux comme la pointe d’une falaise

Spectacle à Lyon : danse et sports extrêmes au parc de la Visitation

Chorégraphe, vidéaste et directeur artistique de la compagnie lyonnaise Au delà du Bleu, Jean-Camille Goimard explore le mouvement en alliant multimédia, danse et sports extrêmes. Une démarche originale et engagée que le public lyonnais pourra apprécier au mois le mardi 28 juillet en extérieur au parc de la Visitation (Lyon 5e) dans le cadre de Tout l’monde dehors.

Formé au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon, Jean-Camille Goimard a créé sa compagnie pour mener ses projets artistiques ailleurs que sur des scènes traditionnelles, et les présenter de nuit et en extérieur. Car s’il est danseur, il est depuis toujours fan de sports extrêmes – bodyboard, voile, surf, rollers, longboard de route, ski, escalade – qui lui permettent de faire l’expérience du mouvement dans des lieux urbains ou naturels qu’il filme avec une caméra ou un drone.
“Mon travail est pluridisciplinaire, dit-il, j’aime aborder différents champs d’action et travailler globalement autour du mouvement, que ce soit l’énergie cinétique avec le mouvement cinématographique, le mouvement corporel avec la danse ou le mouvement lié à un sport. Pour moi, la caméra est un objet de mouvement et pas seulement de projection. Elle permet de percevoir le mouvement différemment, selon l’endroit où on la place et filmer la danse me donne l’impression d’être un danseur/caméraman. Le drone nous mène encore plus loin car on peut filmer les corps sur des lieux difficilement accessibles et c’est passionnant.”
L’artiste traque les sensations et place sa danse dans des lieux insolites avec des architectures et des matières différentes. On citera son très beau projet L’ivresse d’une approche qui explore des lieux abandonnés, porteurs d’histoires et de vie tels une ancienne mine d’argent à l’abandon en Ardèche, le musée de la Mine de Saint-Étienne, un cimetière de bateaux désertés sur la côte atlantique, un ancien magasin SNCF et une usine de moulinage délaissée dans le Pilat.
Élaborée autour d’une plateforme scénique mouvante et vertigineuse, cette performance révèle à travers la danse, la photo, le son et des vidéoprojections, les émotions et les atmosphères ressenties lors de ces explorations. Une web-série* retrace également l’approche artistique de tous ces lieux.

L’adrénaline du danger

Dans sa recherche de mouvements et de sensations hors du commun, le danger est une composante nécessaire.
Le chorégraphe transmet à ses danseurs son goût pour la prise de risque : danser sur des sols instables dans des paysages dangereux comme la pointe d’une falaise, les rochers glissants et enneigés des Trois Dents du Pilat ou les montagnes boliviennes à plus de 4 000 mètres d’altitude. “Cela apporte une sorte d’adrénaline quand on va danser en extérieur ou au bord d’un précipice. Et grimper pendant plusieurs heures pour aller sur une crête est aussi important que le fait de danser une fois arrivé. J’aime m’engager, aller chercher mes propres limites dans le sport et la danse. Les puristes ne prennent pas un hélicoptère pour gravir la montagne. La sensation du corps est plus importante à l’extérieur avec les éléments, il y a quelque chose d’extraordinaire qui nous traverse dans tous ces moments.”
De danger, il sera aussi question pour la création en 2021 de Lévitation – premier volet d’un diptyque autour de l’air et l’eau intitulé Les éléments – qui restituera le cheminement des pratiquants de wingsuit (vol en combinaison ailée). Il s’agira de les suivre, de grimper avec eux, de filmer et photographier leur environnement, leurs vols, leurs mouvements, leurs sauts dans le vide et de trouver le lien avec le corps de la danse. Pour le spectacle, une structure permettant de jouer à l’extérieur à 360°, inspirée des simulateurs de chute libre, représentera un cylindre de 4 m sur 4 m entouré de tulle avec des vidéoprojecteurs intégrés et des danseurs à l’intérieur reproduisant leurs gestuelles, qui iront jusqu’à la lévitation.
Prévue pour 2023-2024, Immersion, le second volet, explorera la danse en apnée dans le cadre d’une expédition en Polynésie française.
Infatigable, Jean-Camille Goimard sera le vidéaste de la prochaine création de Rachid Ouramdane avec des circassiens de la compagnie XY autour d’une pratique récente de l’extrême, la slackline (du funambulisme avec utilisation d’une sangle élastique en polyester, caractérisé par l’absence d’accessoire de type balancier et de stabilisation de la sangle).

Sur ta nuque, un duo encordé !

Présenté sur un plateau circulaire à 360°, Sur ta nuque amène le chorégraphe à puiser dans sa pratique de l’escalade et du raccordement pour une danse connectée à distance, les deux interprètes étant équipés de baudrier et d’une corde de trois mètres qui les sépare.
“L’enjeu, précise-t-il, c’est comment on peut désaxer un corps, manipuler un danseur à distance. Dans ce travail, il faut ressentir le poids de l’autre, c’est très minutieux, il suffit de quelques centimètres de mauvais positionnement pour que la personne en face tombe. C’est très intense, on est comme un cheval dans un cirque, on court en frôlant les gens tout en étant encordés pour se mettre dans un état d’épuisement naturel, pour ensuite se détacher…”

Sur ta nuque, compagnie Au delà du Bleu le 28 juillet au parc de la Visitation. Lyon 5e (Dans le cadre de Tout l’monde dehors).
Entrée libre.
*Web-série visible sur le site de la compagnie : cieaddb.com

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