© Jean-Louis Fernandez

Opéra : Debussy option théâtre à la Renaissance

L’Opéra de Lyon délocalise au théâtre de la Renaissance avec Mélisande, adaptation de l’opéra Pelléas et Mélisande de Debussy signée Florent Hubert et Richard Brunel.

Les années 2010 auront vu deux Pelléas et Mélisande naître à l’Opéra de Lyon, successivement mis en scène par Peter Stein puis le cinéaste Christophe Honoré. En 2023, l’unique opéra achevé de Claude Debussy est de retour sous un jour nouveau. C’est en effet à travers une adaptation de l’œuvre signée Florent Hubert que nous revient le drame amoureux adapté de la pièce de Maurice Maeterlinck.

Transposition du mythe de Tristan et Yseult, Debussy conçoit l’œuvre dans une volonté de s’affranchir des codes de l’opéra wagnérien, la qualifiant de “drame lyrique” et mettant l’accent sur le théâtre. Adieu les grandes phrases musicales – jugées parasites par le compositeur –, l’économie de moyens, tant sur le plan orchestral que thématique, est mis au service d’une dramaturgie “naturelle” où les personnages ne semblent pas chanter mais déclamer la pièce un peu à la manière du récitatif accompagné.

Cette nouvelle production va encore plus loin dans l’épure en ne mobilisant que quatre solistes et quatre musiciens. Mettant l’accent sur seulement l’un des membres du couple amoureux, Pelléas disparaît du titre et l’unique personnage éponyme, Mélisande, devient le centre du projet face à trois figures masculines, Golaud, Pelléas et le vieil homme, interprétées respectivement par un acteur, un chanteur et un comédien et qui incarnent trois âges de la vie pour un drame condensé où les longs mois du séjour de Mélisande à Allemonde se transforment en quelques jours, accélérant ainsi la marche inexorable vers la mort.

Dégraissage en règle

Sur le plan de l’instrumentation, Florent Hubert fait appel à l’accordéon qui prend en charge les aspects mélodiques et harmoniques mais constitue également une transgression par la connotation “populaire” de l’instrument. La présence des percussions accentue la dimension rythmique de l’œuvre mais est aussi un clin d’œil au gamelan indonésien pour lequel Debussy manifestait un grand intérêt. La harpe s’impose comme l’instrument debussyste par excellence tout en suggérant la féerie tandis que le violoncelle se charge à lui seul du lyrisme endeuillé par l’absence des vents.

C’est donc bien d’une version dégraissée qu’il s’agit, tournée vers le théâtre davantage que vers l’opéra. Une sorte de radicalisation du projet debussyste initial, ascétique et sans fosse, qui se prêtera naturellement aux proportions du théâtre de la Renaissance qui accueille la création aussi bien qu’à la mise en scène de Richard Brunel – également responsable de l’adaptation du livret –, tournée vers la lisibilité du propos.

Côté direction musicale, c’est Florent Hubert qui guidera lui-même ce plateau restreint dans cet arrangement inédit.

Mélisande – Du 27 février au 5 mars, au théâtre de la Renaissance

www.opera-lyon.com

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