Fête des lumières 2018 – “Keys of light” dans le jardin du musée des Beaux-Arts (prévisualisation) © Mr.Beam
Fête des lumières 2018 – “Keys of light” dans le jardin du musée des Beaux-Arts (prévisualisation) © Mr.Beam

Lyon : une Fête des lumières plus intimiste et participative

Pour cette édition 2018, qui se tient du 6 au 9 décembre, la Fête des lumières - 8 décembre continue sur sa lancée de l’an dernier. Offrant, sur la colline de Fourvière, l’une des plus grandes projections jamais réalisées, elle se fait paradoxalement plus intimiste et participative dans la ville.

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Fête des lumières 2018 - Lumières en soi(e), place Gabriel-Rambaud © Creatmosphere
Fête des lumières 2018 - Lumières en soi(e), place Gabriel-Rambaud (prévisualisation) © Creatmosphere

“C’est la première année que je ne valide pas le programme de la Fête des lumières.” Cette phrase, Gérard Collomb s’est plu à la répéter lors des différentes présentations du programme de la Fête des lumières 2018. Celui qui était occupé ces derniers mois au ministère de l’Intérieur s’est rangé derrière les choix effectués par Georges Képénékian, qui assurait l’intérim à la mairie, avec Yann Cucherat, son adjoint aux grands événements. À entendre Gérard Collomb, la Fête des lumières dans sa formule contemporaine ne semble exister que depuis 2001 et son arrivée à la mairie ; cette année 2018 serait donc la première sans les choix du père… L’histoire est tout autre.

À son arrivée en 2001, Gérard Collomb a surtout construit sur les bases posées par Michel Noir et Raymond Barre, parvenant à faire de la fête un grand événement international, au risque que la ville devienne invivable pour les habitants qui préfèrent parfois la déserter – lorsque cela est possible –, louant leur appartement aux touristes via AirBnB ou ne sortant que le dimanche, considéré comme “la journée des Lyonnais”. Revers de l’attractivité, la Fête des lumières commençait à devenir “une foire à la saucisse avec son et lumière qui n’avait plus rien à raconter”, juge un proche de la manifestation.

Le programme de cette édition 2018, poursuivant la tendance amorcée en 2017 vers une fête plus artistique et intimiste, semble presque en rupture avec les envies du premier mandat Collomb, lequel a toujours lutté contre “une deuxième biennale d’art contemporain autour du 8 décembre”.

Interactive et quantifiée

Fête des lumières 2018 – Wish Blow, place Antonin-Poncet © Helen Eastwood et Laurent Brun (LNLO)
Fête des lumières 2018 – Wish Blow, place Antonin-Poncet (prévisualisation) © Helen Eastwood et Laurent Brun (LNLO)

Le temps de la contemplation passive est-il révolu ? Cette année, le mot “interactif” est tellement répété que les 2 millions de visiteurs attendus peuvent être considérés a priori comme acteurs de la Fête. Place Antonin-Poncet, ils devront souffler pour animer les boules lumineuses géantes de Wish Blow. Dans le jardin du musée des Beaux-Arts, des musiciens lyonnais (issus du casting réalisé fin novembre) se relaieront pendant quatre jours pour jouer sur le piano de Keys of light de MrBeam, dont chaque note illuminera les lieux. Dans l’odéon sur le site antique de Fourvière, Yu Da Ba Jiao compte 4 000 fleurs de lotus lumineuses interactives. Rue Grôlée, Tisseur de vœux propose aux spectateurs d’accrocher des vœux à un arbre. Place Rambaud, des lampes seront mises à disposition pour éclairer les 300 lanternes solaires de Lumières en soi(e). Enfin, place Louis-Pradel, ce sera aux spectateurs de donner vie à Abyss (inspiré des créatures sous-marines) en lançant les séquences.

Fête des lumières 2018 – Abyss, place Louis-Pradel (prévisualisation) © Nicolas Paolozzi / RDV Collectif
Fête des lumières 2018 – Abyss, place Louis-Pradel (prévisualisation) © Nicolas Paolozzi / RDV Collectif

Au final, un bon tiers des installations, sur la quarantaine présentée, proposera une interactivité. Pour la première fois, le nombre de visiteurs exact pourra être connu par la ville de Lyon grâce à un dispositif de comptage mis en place par Orange. Un suivi plus fin que les années précédentes, qui permet également de connaître les installations qui plaisent et celles qui font un flop. Si le pari de l’interactivité ne fonctionne pas, le couperet pourrait être immédiat.

Composer avec la ville

Depuis l’annulation de l’édition 2015, après les attentats de Paris, la Fête des lumières s’est repliée sur le centre-ville, pour des raisons de sécurité. Un périmètre fermé est de nouveau prévu cette année, avec des points d’entrée et de sortie obligatoires et une sécurité renforcée. Un élargissement a cependant été concédé, afin de rouvrir le parc de la Tête-d’Or. Les échassières géantes de Présages y accueilleront les visiteurs, tandis qu’un magicien sortira du lac pour lancer un ballet annoncé comme “ésotérique”.

Fête des lumières 2018 – Présages, au parc de la Tête-d’Or (prévisualisation) © Marie-Jeanne Gauthé & Géraud Périole
Fête des lumières 2018 – Présages, au parc de la Tête-d’Or (prévisualisation) © Marie-Jeanne Gauthé & Géraud Périole

La Fête compose avec les contraintes de sécurité, mais aussi avec les travaux. Il n’y aura rien au théâtre antique de Fourvière et aucun grand tableau sur la place des Terreaux, en rénovation. Pour mieux rebondir dans les années à venir ? Cela fait longtemps qu’une installation n’a pas marqué les esprits à cet endroit… Comme à Bellecour en 2017, on pourra voir cette année aux Terreaux une seule installation, des plus calme : un Retour aux sources qui met en valeur la fontaine Bartholdi. Au risque de décevoir ? Les Lyonnais sont prévenus, mais qu’en sera-t-il des touristes ?

Garder l’ADN

Fête des lumières 2018 – Reflets, sur la colline de Fourvière (prévisualisation) © Damien Fontaine
Fête des lumières 2018 – Reflets, sur la colline de Fourvière (prévisualisation) © Damien Fontaine

Intimiste, interactive, voire plus artistique. Telle sera donc cette édition de la Fête des lumières. Certains élus ont perdu leur place pour moins que ça ! Heureusement, pour rester dans la fibre Collomb, il reste quelques tableaux épiques. Sur les pentes de la colline de Fourvière, Reflets affichera ainsi 400 mètres de projection, visibles depuis les quais de Saône ; cette œuvre hors norme revisite l’histoire du quartier, mais aussi son avenir, pour flirter avec le surréalisme. À Bellecour, on retrouve les Anooki, qui transformeront la place en terrain de jeu, utilisant la statue de Louis XIV comme un soldat de plomb et allant jusqu’à s’amuser sur la grande roue, laquelle redevient donc espace de projection.

Fête des lumières 2018 – Les Anooki place Bellecour (prévisualisation) © Moetu Battle & David Passegand / Inook
Fête des lumières 2018 – Les Anooki place Bellecour (prévisualisation) © Moetu Battle & David Passegand / Inook

Ce sont peut-être les Pigments de lumière sur la cathédrale Saint-Jean qui sont les plus prometteurs, une œuvre sans image générée par ordinateur. Nuno Maya et Carole Purnelle ont réalisé plusieurs tableaux en filmant de vrais pigments versés sur différentes matières ou dans l’eau. De l’art physique, transformé en lumière, de l’intime entre la chair et la matière, peut-être même ce trait d’union qui résume parfaitement la Fête des lumières 2018. L’intime, c’est aussi la main et l’âme de l’artiste qui se cachent derrière chaque installation, interactive ou non.

Fête des lumières 2018 – Pigments de lumière sur la cathédrale Saint-Jean (prévisualisation) © Nuno Maya & Carole Purnelle / Ocubo
Fête des lumières 2018 – Pigments de lumière sur la cathédrale Saint-Jean (prévisualisation) © Nuno Maya & Carole Purnelle / Ocubo

[Article publié dans Lyon Capitale n°783 – Décembre 2018]

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